- Les premiers colons ont vite compris
qu'il fallait construire pour affirmer la possession du territoire. Il fallait
le défendre, et il fallait pouvoir se retrouver dans un lieu de culte
[l'église]. En effet, la construction signifie l'installation permanente
et l'expression de la collectivité.
- Dans un pays froid, les constructions doivent être résistantes
pour assurer un certain confort et même la survie. Elles seront donc différentes
des constructions françaises tout en gardant parfois un style provincial
français. C'est à cause du climat que l'architecture sera le premier
domaine où la culture québécoise s'éloignera de
la culture traditionnelle importée de France.
- Les premiers colons qui désirent
s'installer en Nouvelle-France à partir du XVIIe siècle, doivent
d'abord défricher la forêt. Il faut donc couper des arbres et les
trier afin de s'en servir pour construire une maison, puis des bâtiments
annexes et de quoi les aménager. Le bois ainsi récolté
servira aussi à faire des clôtures et on l'utilisera comme combustible
pour la cuisine et le chauffage.
- Toutes les premières constructions canadiennes sont en bois, c'est-à-dire
en troncs d'arbre superposés dont on remplit les interstices avec de
la mousse ou des écorces; cependant, on va s'apercevoir que, employé
seul, ce matériau est très inflammable et qu'en plus il se détériore
assez rapidement.
- Aujourd'hui, il ne reste pas grand chose de ces toutes premières constructions;
il est vrai que c'étaient des constructions temporaires qui n'étaient
pas construites pour durer mais pour faire face à l'urgence d'une situation.
- Très rapidement on va mettre
au point des techniques adaptées au nouveau pays et au climat. Etant
donné que le bois est à portée de la main, on monte des
murs avec ce matériau, soit verticalement, soit horizontalement et on
calfeutre avec de la fibre de chanvre puis on tire le joint avec du mortier[mélange
de sable, d'eau et de chaux]. Cette technique de construction est encore utilisée
de nos jours pour construire certains chalets auxquels les propriétaires
veulent donner un style "pionnier".
- Une autre méthode, le colombage, consiste à rapprocher
les poutres de bois et remplir les surfaces de remplissage avec un mélange
de petites pierres et du mortier. Il n'existe plus que deux ou trois maisons
en colombage pierroté.
- Bientôt, les habitants qui
possèdent leurs terres veulent laisser une maison en héritage
à leurs enfants; ils considèrent leur maison comme une partie
importante de leur possessions et de plus, elle est le signe extérieur
de leur réussite.
- Ils ne vont pas construire leur maison en bois, mais en pierre des champs.
C'est également un matériau naturel, qui est en abondance dans
les champs et qu'il faut de toute façon enlever chaque printemps pour
pouvoir cultiver la terre. On va donc tailler ces pierres pour mettre la face
lisse à l'extérieur, ce qui empêche la pénétration
d'eau et limite ainsi les dégâts occasionnés par le gel;
on calfeutre les interstices avec du mortier, tant à l'extérieur
qu'à l'intérieur.
- On garde d'abord les habitudes
des provinces d'origine, Normandie, Bretagne, tant à la taille qu'à
la liaison étroite avec le sol: moins la maison est haute, moins le vent
du large a de prise.
- La maison n'a donc qu'un seul étage et les murs sont très épais
[3 pieds à la base, 2 pieds au sommet]. Le toit, aux grandes proportions,
occupe deux tiers ou même trois quarts du volume entier du bâtiment
ce qui donne beaucoup de charme à l'ensemble de la construction.
- Pour permettre l'évacuation rapide de l'eau de pluie et de la neige,
on fait la pente des toits très raide. Dans ce genre de construction,
il y a deux types de toits: 1. le toit à quatre pentes, dit toit à
pavillon de tradition normande ; 2. le toit à deux pentes avec des murs
de pignon qui montent jusqu'au toit, de tradition bretonne.
- Au début, la cheminée est au centre du toit, plus tard, il y
aura une cheminée de chaque côté; ce dernier aménagement
est plus évident dans la maison de type breton qui est plus massive et
dont la base se rapproche d'un carré alors que la maison de type normand
est plus rectangulaire.
- On a remarqué qu'il existe plus de maisons de type breton dans les
environs de Montréal et plus de maisons de type normand dans la région
de Québec.
- Les ouvertures sont rares et petites:
une porte et trois fenêtres à l'avant de la maison, du côté
qui regarde le fleuve ou le chemin. Il n'y a aucune ouverture sur les côtés,
ceci pour se protéger contre la force des vents, qu'ils viennent du nord-est
[on l'appelle le nordet] ou de l'ouest.
- Aux fenêtres, on emploie des petits carreaux de mêmes proportions
que ceux employés en France aux XVIIe et XVIIIe siècles.
- Au début, l'intérieur de la maison se compose d'une salle commune
autour de la cheminée; le sol est en terre battue. Pour conserver la
chaleur et leur intimité, les habitants dorment dans des lits-clos ou
lits-cabanes.
- On construira longtemps cette maison d'esprit français, en y apportant
plusieurs changements confortables: on recherchera l'orientation vers le soleil;
la terre battue, trop froide et trop humide en hiver, sera recouverte d'un épais
plancher de cèdre ou de bouleau.
- La maison québécoise
essaie de réaliser un équilibre entre les traditions anciennes,
les nouvelles conditions de vie et le climat. Elle va évoluer constamment
depuis les premiers temps de la colonisation jusqu'au XIXe siècle.
- A cette époque-là, on semble avoir trouvé le modèle
idéal. C'est le prototype de cette maison que l'on trouve le long des
routes et des chemins de la province, même si sa construction est plus
récente; ce modèle a fait ses preuves.
- Tout en utilisant le bois, qui reste un matériau important dans sa
construction, on choisit la pierre qui est plus solide.
- Le climat rigoureux a causé des innovations; pour se préserver
du froid et de l'humidité, on a élevé le carré du
sol pour obtenir ainsi un sous-sol que l'on peut utiliser pour garder des fruits
et des légumes durant l'hiver, ainsi que le bois de chauffage. Dans les
villages où il y a des artisans, ceux-ci utilisent le sous-sol comme
lieu de travail et comme magasin.
- Le niveau habitable n'est plus au rez-de-chaussée et pour y accéder,
on construit un perron [escaliers] qui s'ouvre sur une galerie où
l'on peut s'asseoir et bavarder en belle saison.
- On cherche aussi à utiliser le comble comme espace utile. Pour y arriver,
on rend la pente du toit moins raide, on installe des lucarnes [petites
fenêtres] et on profite d'un autre étage pour arranger des chambres.
- Le but de la pente du toit moins raide avec surplomb est de conserver la neige
plus longtemps, car cette neige sert d'isolation en hiver, et, lors de la fonte
des neiges, l'eau qui s'écoule du toit ne détériore pas
les murs.
- Car, quand l'eau s'écoulait le long des murs, s'il y avait la moindre
fissure dans le mortier ou un défaut dans la pierre, le gel faisait éclater
les matériaux; c'était, en fait, un des gros inconvénients
du toit à la française.
- Plus tard on allongera encore le surplomb du toit pour couvrir et protéger
la galerie, ce qui la rendra encore plus utilisable.
- Les toits sont en bardeaux de cèdre; c'est un bois imperméable
et qui ne pourrit pratiquement pas; il a cependant un gros défaut, il
est très inflammable. Peu à peu il sera remplacé par la
tôle , soit en grandes feuilles repliées sur des nervures de bois,
soit découpée en carreaux superposés en losange et cloués
un à un, ce qu'on appelle la tôle canadienne.
- Les murs deviennent moins épais et de plus en plus hauts. A l'extérieur,
les murs sont couverts de mortier pour les protéger du mauvais temps.
Au XIXe siècle, on les recouvrira de bardeaux de bois superposés
horizontalement.
- Les fenêtres s'agrandissent; grâce à l'amélioration
de la fabrication du verre, les petits carreaux disparaissent et font place
à de plus larges vitres; bientôt on se sert du double vitrage.
- Le chauffage est aussi amélioré avec l'utilisation des poêles,
fourneaux. Ceci permet de transformer la salle commune en pièce à
fonctions diverses.
- Aux XVIIe et XVIIIe siècles en France, les maisons de paysans modestes sont souvent des maisons d'une grande pièce qui regroupent sous le même toit êtres humains et animaux; c'est la maison-bloc.
- Au Canada, on a le plus souvent
la maison-cour. Les bâtiments distincts les uns des autres ont
des fonctions bien définies: habitation, laiterie, grange, étable,
etc. Cette maison multicellulaire montre le désir d'occupation des terres;
plus on a d'espace plus on s'en sert.
- Dans le but d'agrandir l'espace habitable, on ajoute contre un des pignons
[mur de côté] une petite construction qui semble une miniature
de la maison: c'est la cuisine d'été qui permet de garder la maison
au frais pendant la belle saison, de plus, on peut y conserver le bois de chauffage
bien au sec en hiver.
- En général, l'habitant a une parcelle boisée au bout
de son terrain. Si par chance, ce sont des érables, il construira une
cabane à sucre, avec une grande cheminée. Il y fera bouillir la
sève d'érable qu'il aura récoltée pour la fabrication
de sirop, de la "tire" et de sucre.
- Les premiers habitants construisaient le four à pain à l'intérieur
même de la maison. Plus tard on le construit à l'extérieur,
séparé de l'habitation.
- Les granges sont construites en bois, donc moins durable que la maison mais
c'est leur forme originale qui leur donne un charme particulier. En effet, chacun
construit ce bâtiment utilitaire à son goût. Le plus souvent
la grange est rectangulaire, mais elle peut être ronde ou polygonale,
avec plusieurs côtés. L'originalité tient aussi à
la façon dont les planches sont arrangées. L'étable où
l'on garde les animaux de ferme est au rez-de-chaussée et le fenil où
l'on garde le foin est au premier étage.
- La dépendance la plus originale est sans doute le caveau à
légumes. Il est le plus fréquent aux environs de Québec
où il y a le plus de collines le long du fleuve. C'est tout simplement
un trou creusé sous la terre , à ouverture étroite mais
qui s'enfonce dans la colline. De l'extérieur on n'en voit que la porte
et et les pierres qui l'entourent pour la renforcer. Au mois de février,
des hommes coupaient la glace sur le fleuve gelé et la vendaient pour
mettre dans le caveau à légumes et ainsi les préserver
au frais pendant des mois.
- On croirait que la résidence
du seigneur doit être plus grande, plus belle et plus imposante que les
maisons des habitants. Pourtant, étant donné que le seigneur résidait
très peu sur ses terres; il vivait la plupart du temps en ville, il se
faisait construire une maison relativement modeste. En général,
les manoirs ressemblent donc aux autres habitations qu'on trouve à la
campagne.
- Il y a cependant des exceptions aux dimensions moins modestes. Un exemple
est le Petit-Cap . C'est un magnifique bâtiment du XVIIIe siècle
qui appartenait à Monseigneur de Laval. Il se trouve en face de la pointe
nord-est de l'île d'Orléans.
- Un autre exemple est la seigneurie la Petite Nation. C'est une réplique
en miniature du château de la Villeneuve, en France. Elle appartenait
à Louis-Joseph Papineau et se trouve sur la rivière des Outaouais.
- Une autre demeure seigneuriale est le château de Montebello.
Il a été construit au XIXe siècle et se trouve dans les
Laurentides.
- Chaque seigneur avait un moulin
sur ses terres qu'il devait mettre à la disposition des habitants qui
travaillaient pour lui.
- Ce moulin, selon les possibilités [chute d'eau ou dénivellation
du terrain], était soit un moulin à eau comme on en trouve à
Beaumont ou un moulin à vent comme on en trouve à Pointe-du-Lac.
- Les relevés montrent qu'il y avait 41 moulins en 1685 et 118 en 1734.
- Plus tard, on ajoute une scie pour le bois, un moulin à carder pour
la préparation de la laine, et un moulin à fouler qui était
nécessaire pour la fabrication finale d'étoffes du pays.
- En 1842, il y avait 186 moulins à carder et 144 moulins à fouler.
- Aujourd'hui, la langue québécoise possède de nombreuses
appellations du mot "moulin". Le mot englobe toute industrie qui utilise de
la machinerie: moulin à pulpe, moulin à papier, moulin à
scie, etc. Il comprend également divers équipements domestiques:
moulin à laver, moulin à viande, etc.
- Le presbytère, c'est la
résidence du curé. C'est un bâtiment très important
dans le village; parfois aussi important qu'un couvent ou un hôpital.
- Il est situé près de l'église, au centre du village,
et il est imposant par ses belles proportions harmonieuses. C'est une réplique,
en beaucoup plus grand, du modèle québécois de la maison
rurale.
- Le plus souvent il est recouvert de planches qui protègent du froid
et qui montre une finition plus soignée. Il est fort bien situé,
parfois avec une vue splendide, entouré de jardins et il est naturellement
très bien entretenu par la communauté.
- Au XIXe siècle, comme on
l'a déjà vu, le prototype de la maison rurale appelée maison
québécoise, a été reproduit jusqu'au XXe siècle.
Toutefois, à ce prototype s'ajoutaient des influences de l'étranger.
- En premier lieu, le toit brisé. C'est la technique de François
Mansart, architecte français du XVIIe siècle, d'où
le nom de "mansarde" pour désigner le comble avec un mur incliné,
et la chambre ou la fenêtre de cette partie du bâtiment.
- Cette technique permet d'arranger plus d'espace dans le comble. On la connaissait
déjà pendant le régime français, mais c'est au XIXe
siècle que la mode du toit brisé se développe dans les
campagnes comme dans les villes.
- On installe des fenêtres à guillotine; ce sont des fenêtres
en deux parties dont on soulève la partie basse pour l'ouvrir et pour
aérer la pièce.
- On décore la porte d'entrée avec un fronton [couronnement
de forme triangulaire ou arquée sur base horizontale] ou on décore
l'entrée avec un portique [galerie couverte dont la voûte
est soutenue par des colonnes ou des arcades].
- L'élite anglaise qui s'était installée en ville quitte
les centres urbains pour la campagne plus propre et plus stimulante.
- Les bords du fleuve sont recherchés lorsque la chaleur de l'été
devient lourde et oppressante; de plus, on est loin des maladies contagieuses
de la ville.
- Cette élite composée de riches marchands, d'officiers et d'administrateurs
se fait construire des villas dans des sites superbes. Ces villas reflètent
le goût personnel de leur propriétaire et elles sont très
variées.
1. Il y a la maison monumentale:
2 étages, en pierre de taille [bloc de roche taillé et utilisé
sans enduit extérieur]. Se trouve surtout dans la région de Montréal.
2. La villa anglo-normande: toit peu incliné à pavillon
[4 pentes], galerie tout le tour de la maison. Se trouve dans les environs de
Québec.
3. La maison victorienne: très ouvragée, avec une abondance
de corniches, tourelles, baies, saillies et renfoncements de toutes sortes.
C'est un goût pour les éléments décoratifs en bois;
ces derniers ne résisteront pas longtemps au climat rigoureux et changeant.
- L'importance accordée à
l'environnement des maisons est une influence américaine ou anglaise.
En effet, les jardins à l'anglaise, les serres, et les jardins d'hiver
deviennent de plus en plus appréciés. La raison en est qu'au début,
le Canadien avait fait le vide autour de sa maison; sans doute pour prévenir
les embuscades des Amérindiens, mais petit à petit l'influence
britannique lui a fait respecter et apprécier la nature qu'il veut maintenant
avoir près de sa maison.
- Pour apprécier pleinement cette nature, il agrandit les fenêtres
classiques en baies vitrées souvent en saillie.
- La pierre de taille est un matériau qui coûte cher; les gens
moins riches vont utiliser la brique qui est beaucoup plus abordable et avec
laquelle on peut créer des effets intéressants.
- Les Anglais aiment décorer leurs galeries de fer forgé et de
colonnades en bois.
- Les Canadiens vont alors individualiser leurs maisons avec une ornementation
autour des fenêtres, des portes ou de la galerie. Ce sera un fronton ou
un portique en pin ou en érable.
- A cause du climat rigoureux, on va aussi utiliser une couche d'air entre les
murs extérieurs et intérieurs pour les isoler du froid.
- Toutes ces différences dans l'architecture sont surtout visibles dans
les villes, habitées en majorité par des Anglais, par contre dans
les campagnes l'architecture reste typiquement canadienne.
- Les toutes premières maisons
urbaines ressemblent beaucoup aux maisons rurales. Ce n'est qu'au début
du XVIIIe siècle que la différence se marquera et s'accentuera
avec le développement des villes.
- Un seul principe de base pour la construction des maisons en ville: la mitoyenneté
obligatoire, c'est-à-dire que les murs de côté appartiennent
aux deux propriétaires tout en les séparant. Les maisons sont
donc soudées les unes aux autres.
- Cette mitoyenneté était dans le but de mettre le plus de maisons
possibles dans un espace plus réduit. Il y avait cependant le danger
d'incendie étant donné que l'on chauffait l'intérieur pendant
de longs mois mais ce danger était ignoré car il fallait gagner
de l'espace en hauteur et surtout obtenir une certaine organisation des rues.
Pourtant...
- Au XVIIe siècle, Champlain décrit son habitation, toute en bois.
Les autres maisons étaient en bois également. En 1682, un incendie
a détruit toutes les maisons de la ville-basse de Québec ainsi
que les magasins où on entreposait des victuailles, on comprend donc
l'importance de l'incendie.
- Au XVIIe et XVIIIe siècles, les sièges de la ville de Québec
se multiplient et les assaillants terrifient les citadins avec la menace d'incendie.
- Le feu apparaît maintenant comme le plus grave danger et on va péférer
un matériau plus résistant que le bois pour la construction des
maisons.
- Très vite, on reconstruit et on bâtit de nouvelles maisons en
pierre comme celles des campagnes. À cause de la mitoyenneté,
le toit le plus pratique est le toit à pignon, mais au bout de la rue,
la maison de bout sera mitoyenne d'un seul côté avec un toit à
pavillon.
- À Québec, en 1727, l'administrateur Dupuy qui est également
urbaniste, décrète qu'il faut construire le long d'une rue, et
aussi qu'il faut construire des maisons qui n'auront pas plus de deux étages.
Très attentif aux dangers d'incendie, il demande l'emploi de la pierre,
il exige que les larges cheminées soient encastrées dans les murs
de pignon et que ces murs débordent du toit en hauteur et en largeur
pour servir de coupe-feu. Il interdit les volets, les escaliers apparents ,
et il fait paver les greniers.
- A la fin du XVIIIe siècle, on ajoute un troisième étage
aux maisons et le bois des toits va être remplacé par la tôle
à la canadienne. Les murs deviennent moins épais.
- Au XIXe siècle, on cherche à agrandir l'espace habitable comme
en milieu rural. La pente du toit est adoucie et le grenier qui est pavé
devient une autre pièce. Puis on préfère le toit brisé
qui offre plus de possibilités et sous lequel on peut arranger plusieurs
pièces.
- Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, on a complété
quelques belles collections, telle que la Grande Allée à
Québec. Malheureusement, à l'heure actuelle, elles ont presque
tous été sacrifiées pour faire place à des édifices
modernes.
- Il reste encore quelques exemples de cette période victorienne: balcons
suspendus, tourelles, mais ils se font de plus en plus rares.
- À Montréal, au début du XXe siècle, les maisons
anglaises sont alignées le long des rues en rangée. Elles sont
en pierres de taille ou en briques. Ces maisons de ville ont les murs mitoyens
et sont attachées les unes aux autres. Elles se ressemblent à
peu près toutes avec des escaliers extérieurs qui vont de la rue
jusqu'aux 2e et 3e étages. Ce sont des escaliers en acier qui offrent
parfois des formes originales.
- La plupart du temps, les maisons étaient construites par des entrepreneurs
ou "contracteurs" mais les riches maisons privées et les édifices
publics étaient construits par de véritables architectes qui non
seulement soumettaient des plans très détaillés mais s'occupaient
également de l'aménagement intérieur [ornementation, boiseries].
- Le développement urbain
va recevoir quelques changements au cours du XIXe siècle; c'est le déplacement
vers l'ouest de la ville. Cette caractéristique est surtout visible à
Montréal. En effet, à cette époque, les banques créent
un nouveau centre des affaires à partir de la rue St-Jacques. Ce nouveau
centre va déplacer le centre-ville à tel point que l'évêque
de Montréal fera construire la cathédrale Marie-Reine-du-Monde
[1875-1894] beaucoup plus à l'ouest que l'imposante basilique Notre-Dame
[1672-1830]; il a voulu imposer une présence catholique et française
dans ces quartiers très anglophones.
- Après la Deuxième Guerre mondiale, la construction continue
avec force. Malheureusement, à cause des faibles connaissances urbanistiques
de la part des municipalités, on permet à certains promoteurs,
qui ne se soucient guère de l'esthétique mais plus à l'argent,
de transformer des quartiers entiers en triste succession de bâtiments
sinistres.
- Après 1960, ce sont des immeubles à plusieurs étages
qui font leur apparition, les uns plus luxueux et plus beaux que les autres.
On construit ces immeubles dans toutes les villes et des tours de béton
précontraint s'élèvent partout.
- Les banlieues se sont considérablement développées autour
des villes et les premiers condominiums [immeubles en multipropriété
ou en copropriété] font leur apparition, accompagnés, bien
sûr, par plusieurs centres d'achats.
- Ces développements plaisent aux personnes âgées qui abandonnent
leur maison en ville, devenue trop grande et trop astreignante, pour une habitation
plus petite et qui offre en plus tous les services.
- Un autre type d'habitation, répandu un peu partout dans le Québec, est la maison mobile . Sa forme est strictement rectangulaire mais présente un certain confort. Elle peut être mise sur roues et déménagée quand le propriétaire le veut, d'habitude dans des parcs équipés de tous les services [eau, égout, électricité]; les municipalités récupèrent des frais de location du terrain sans toutefois payer des taxes foncières ou scolaires.
- Les édifices publics vont
se multiplier vers la fin du XIXe siècle dans les villes: le parlement,
les hôtels de ville, les palais de justice, les bureaux de poste, les
casernes de pompiers, les gares.
- La Confédération décide de construire deux chemins de
fer, de l'Atlantique au Pacifique [C.N.R. et C.P.R.]. Cette décision
va entraîner la construction d'énormes hôtels [le Château
Frontenac à Québec, le Château Laurier à
Ottawa] qui offrent aux voyageurs sortant des gares leur luxe et leur confort.
- Ce sont des édifices dans le style victorien ou néo-gothique
où les architectes ont laissé aller leur imagination.
- D'autres architectes ont copié le style Renaissance, ou se laissent
influencer par le goût du jour. Ainsi l'ancienne prison des femmes de
Québec ressemble-t-elle plutôt à un décor de conte
de fées-qu'à une prison!
- Fin des années 60, les gratte-ciel se font nombreux à Montréal,
et font leur apparition dans d'autres villes. Ils sont de plus en plus vitrés
et offrent de fascinants reflets de lumière.
- Plusieurs de ces immeubles abritent des complexes commerciaux, des places
[espace de boutiques regroupées dans des allées souterraines]
et des stationnements souterrains. [Places des Arts, Desjardins, Ville-Marie]
- Ces gratte-ciel sont le plus souvent occupés par des bureaux et le
centre des villes devient ainsi le milieu de travail où se rendent des
milliers de banlieusards.
- Dans la majorité des cas, elles sont construites au coeur de la paroisse et sont le centre spirituel et social. Mais elles étaient aussi le foyer artistique où se rassemblaient les architectes, les sculpteurs, les peintres et les orfèvres puisqu'ils travaillaient tous pour proclamer la gloire de Dieu.
- En 1665, les premiers colons venus
s'installer en Nouvelle-France, construisent des églises. La majorité
des églises sont en bois [19 églises] mais il y a déjà
9 églises en pierre.
- En 1722, les autorités ecclésiastiques vont créer 82
paroisses rurales. Dans les campagnes, l'église sera de dimensions modestes
tandis que dans les villes, elle prendra de plus grandes dimensions.
- Les bâtisseurs s'inspirent de l'architecture classique pratiquée
en France au XVIIe siècle mais vont l'adapter au climat de l'Amérique
du Nord.
- Aux début de la colonie, c'est un bâtiment très simple
de forme rectangulaire avec une abside pour abriter le choeur; il n'y a pas
de transept. La nef est éclairée de chaque côté de
3 fenêtres arrondies à leurs parties supérieures. Les murs,
de type roman, sont larges à la base et soutiennent une toiture à
pente raide; un clocher surmonte la façade.
- De 1720 à 1735, on construit des églises avec transept, ceci
donne plus de noblesse à l'ensemble et lui donne une plus grande solidité.
On construira 75 nouvelles églises dans ce style.
- Vers 1743, Pour ajouter plus de solennité à la façade
en général très modeste, et pour solidifier encore le bâtiment,
on met deux tours de chaque côté qui encadrent un pignon troué
d'un portail. De plus, on ajoute un oeil-de-boeuf (une fenêtre
ronde) et des niches pour y mettre des statues en bois.
- L'église à transept va s'imposer avec des variantes dans la
deuxième moitié du XVIIIe siècle.
- Les architectes, toujours soucieux
des nouveautés en matière d'architecture religieuse vont s'inspirer
de ce qui ce fait ailleurs: les protestants construisent de beaux édifices
religieux. - Dès lors, les catholiques vont vouloir faire mieux en retrouvant
les idées des architectes de la cathédrale anglicane de Québec
[1804]: le clocher, le fronton, les pilastres, etc.
- Au début du XIXe siècle, l'Église se sent plus forte
et veut exprimer cette nouvelle autorité dans son architecture religieuse.
- En 1824, on construit le dernière section de Notre-Dame de Montréal
d'une façon totalement différente de ce qui s'était fait
jusqu'alors. C'est un monument très imposant avec un type d'ornementation
plus européen.
- Les Anglais optent pour le style gothique. On peut le constater dans de nombreuses
églises et bâtiments publics.
- Les Canadiens, d'abord séduits par ce style, vont s'en séparé
assez vite et vont opter pour le style baroque.
- Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, l'église
devient plus grande; on y ajoute un sous-sol et on double ainsi l'efficacité.
- On décore les façades
de plus en plus et on impose ainsi la religion catholique envers les minorités
protestantes, qui, elles, se contentent de chapelles aux dimensions assez modestes.
- Malheureusement pour les protestants, ils sont trop diversifiés et
n'ont pas les moyens de faire construire de tels monuments. En effet, il y a
les anglicans, les baptistes, les épiscopaliens et les méthodistes.
Ils sont obligés, puisqu'ils non pas autant d'argent, de se réunir
dans des "mitaines" qui se trouvent souvent dans des quartiers peu connus.
- L'Église catholique, elle, bénéficie d'un site de choix
et de par sa grandeur imposante, se voit de partout.
- Le style néo-roman est aussi à la mode comme on peut le voir
avec l'église Saint-Jean-Baptiste.
- De 1850 à 1940, on fonde de nombreuses nouvelles paroisses et on construit
des églises d'une taille parfois stupéfiante, telle que la
Cathédrale Marie-Reine-du-Monde.
- Dom Bellot était un moine
bénédictin qui mettait ses talents d'architecte au profit de l'architecture
sacrée. Il était très connu en Europe [Hollande, Belgique,
France] dans les années trente.
- Il était passionné de la brique dont il pouvait faire jouer
les tons et les agencements; il utilise des briques de plusieurs couleurs pour
souligner certains détails d'architecture, comme par exemple les arcs
à l'intérieur d'une église.
- En 1934, il vient à Montréal et termine l'oratoire Saint-Joseph;
de plus il construit avec un autre bénédictin le bel ensemble
de l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac.
- Plusieurs architectes québécois seront influencés par
Dom Bellot et dans la région de Québec, il faut signaler Sainte-Thérèse,
Notre-Dame-de-la-Paix, Saint-Pascal, Saint-Fidèle.
- Cependant l'oeuvre la plus monumentale reste la basilique du Cap-de-la-Madeleine.
Pour profiter des ressources locales, l'architecte va employer la pierre grise
plutôt que la brique mais on perçoit l'influence de Dom Bellot
sur l'ensemble.
- Après la mort de Dom Bellot, son influence se fait encore sentir, les
églises présentent les caractéristiques suivantes: ossature
en béton, nef très large, utilisation de briques de différentes
couleurs posées en dessins géométriques [Sainte-Madeleine-Sophie
à Montréal et plusieurs églises paroissiales de l'est
du Québec: Forestville, Rimouski, etc.]
- L'influence de Dom Bellot s'étend de 1930 à 1955 au Québec;
beaucoup d'architectes emprunteront certaines de ses idées tout en gardant
leur propre personnalité.
- Dom Bellot avait approuvé
le béton et depuis on apprend à utiliser sa force tout en lui
donnant des formes différentes.
- Vers 1950, les banlieues des villes, de plus en plus nombreuses, et les petites
villes dont la population augmente à un rythme accéléré,
ont besoin de nouvelles paroisses.
- On fait donc appel à de nombreux architectes de grand talent pour remédier
à cette situation. Ils vont construire des cathédrales en bois
comme à Gaspé, ou en briques comme à Nicolet.
- Un peu partout, on peut admirer d'étonnants bâtiments aux formes
étranges et belles: en forme de cône à Joncquière,
en forme de tente à Bagotville, en forme de bateau à Saint-Nicolas.
L'heureuse union du béton et du bois ainsi qu'un bon éclairage
donnent un résultat des plus agréable à l'oeil.
- L'architecte français Le Corbusier a certainement influencé
les architectes de cette période.
- De 1950 à 1965, la plus grande concentration de bâtiments religieux
se trouve dans la région du Lac-Saint-Jean. Ces sont, la plupart du temps,
des chefs-d'oeuvre d'originalité.
- Cependant, le mouvement de déchristianisation au moment de la Révolution
tranquille arêtera brutalement cette architecture sacrée et les
églises qu'on avait construites une génération plus tôt
seront peu à peu désertées...
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