- La plupart des «habitants»,
au tout début de la colonie, ne savaient ni lire ni écrire. Ils
devaient tous parler français, ce qui, pour certains d'entre eux, était
déjà un apprentissage étant donné qu'ils venaient
de différentes provinces en France qui avait chacune leur patois [Bretagne,
Picardie, Normandie].
- Jusqu'à la Conquête, les habitants, qui sont des fermiers, n'ont
pas le loisir d'aller à l'école, s'il y en a une dans le village.
Ce n'est qu'à la fin du Régime français que la situation
va s'améliorer.
- Ils vont profiter d'un plus grand confort qui permet de recevoir ses voisins
et de se distraire en groupe.
- Au milieu du XVIIIe siècle, les soldats qui logent l'hiver chez l'habitant
sont souvent méridoniaux; ils aiment parler, chanter et s'amuser.
- C'est de cette époque que datent les soirées campagnardes [les
veillées] où la tradition orale [les histoires], la danse et les
jeux de cartes occupent le temps réservé aux loisirs.
- Les Anglais, eux, se sont installés en ville et les Québécois
restent dans leur campagne où se développe une vie de voisinage.
- Les «quêteux» ou vagabonds allaient de village en village et deviennent
le lien avec le monde inconnu qui est parfois la paroisse voisine. Ils répandent
les nouvelles et deviennent conteurs à la veillée.
- En général, les habitants s'opposent à la scolarisation.
En effet, les premières écoles sont enseignées en anglais
et de ce fait, l'analphabétisation se répand de plus en plus.
En 1827, une pétition présentée au gouvernement recevait
87 000 signatures dont 78 000 étaient signées avec une croix.
- Les gens du peuple et des campagnes utilisent donc presque exclusivement l'oral.
- Cette tradition orale, qui se transmet de génération en génération,
constitue une véritable littérature orale.
Le conte
- Le conte est un récit en
prose, d'aventures imaginaires. Il faut d'abord distraire la compagnie. Ce récit
parle d'êtres vraisemblables qui font des choses invraisemblables.
- Le conte permet l'évasion, la rêverie, la fantaisie, l'humour
et le fantastique. La fin est en général morale et la conclusion
doit produire un effet sur l'auditoire; le «bon» est toujours récompensé
et le «mauvais» toujours puni.
- L'imaginaire québécois est certainement fertile, on a dénombré
plus de 10 000 contes au Centre d'Études sur la langue à
l'Université Laval.
La légende
- La légende est aussi un
récit populaire mais elle se base sur un fait ou sur un personnage réel.
Ses héros sont des saints ou des héros historiques dont on amplifie
les faits.
- Au Québec, par exemple, il y a deux héros nationaux: Dollard
Des Ormeaux [en 1660, cet officier français est tué d'une façon
atroce par les Iroquois après avoir défendu courageusement ses
16 compagnons; il y a maintenant une ville de 40 000 habitants qui porte son
nom] et Madeleine de Verchères [en 1692, aidée de deux soldats,
elle a lutté bravement contre les Iroquois qui attaquaient le fort de
Verchères].
- La légende aide à comprendre les choses mystérieuses
et les phénomènes naturels: Dieu, le diable, la nuit, la mort...et
les fantômes.
- Les légendes québécoises ont marqué non seulement
le peuple mais des artistes. Il y a ainsi des dessins, des sculptures et des
peintures qui illustrent ces légendes.
- Les premiers établissements
scolaires sous le Régime français possèdent de petites
bibliothèques avec des livres apportés de France.
- Il n'existait pas de presses sur place; le roi de France en interdisait l'installation
dans la colonie. Sans doute voulait-il contrôler les écrits en
les faisant imprimer en France.
- Malgré cela, durant cette période, il va y avoir deux sortes
d'écrits qui se feront connaître: les lettres et les récits
de voyage.
- Les religieux écrivent en France de longues lettres dans lesquelles
ils racontent en détails la vie qu'ils mènent dans la nouvelle
colonie.
- Les Jésuites, eux, envoient en France, chaque année, un journal
qui raconte les conditions de vie et les nouvelles sociales et religieuses de
l'époque.
- Les administrateurs et les voyageurs publient en France des récits
de voyage dont le but était d'inciter des Français à venir
s'installer dans la nouvelle colonie. Il y a les récits de voyage de
Cartier, Champlain, Lescarbot, La Hontan, le frère Sagard et Pierre Boucher
de Boucherville.
- Après la Conquête, le journalisme naît d'un désir
de communiquer entre francophones. Il y aura d'abord la Gazette de Québec
en 1764, la Gazette littéraire en 1778 et le Canadien en
1806.
- Dans ces journaux on réservait une place à de courts poèmes
mais il faut attendre jusqu'en 1830 pour qu'à Québec paraisse
le premier recueil.
- Vers 1840, les premiers historiens:
François-Xavier Garneau et Benjamin Sulte vont publier chacun «L'histoire
du Canada» et «L'histoire des Canadiens français». Ils seront
suivis par d'autres qui publieront des biographies, comme l'abbé Henri-Raymond
Casgrain, des témoignages sur la société de l'époque
et des essais historiques.
- Un peu plus tard, quelques hommes de lettres, la plupart sont des poètes,
vont former l'École littéraire et patriotique de Québec.
Parmi eux, il y a Louis Fréchette, Octave Crémazie, William Chapman,
Pamphile Le May et Alfred Garneau.
- Les tout premiers romans parlent
d'aventures fantastiques et de brigands. Aussi, semble-t-il que le premier roman,
publié au Québec en 1837, porte le titre de «L'influence d'un
livre, ou le chercheur de trésor». Il est écrit par Philippe
Aubert de Gaspé fils. Ce romancier sera suivi de Joseph Doutre et de
plusieurs autres.
- Cependant, vers 1846, les premiers romans de moeurs ruraux font leur apparition
grâce aux romanciers comme, entre autres, Patrice Lacombe et Pierre Chauveau.
- Dans les années 1860, ce sont les romans à caractère
historique et social qui vont surpasser les romans d'aventures. En effet, l'Église,
qui défend la vocation agricole du pays, préfère les romans
qui décrivent le bonheur domestique et agricole. Elle fait fermer l'Institut
canadien dont la bibliothèque possède les oeuvres «dangereuses»
des auteurs français. Le roman va donc s'orienter dans le sens voulu
par l'Église.
- Les lecteurs vont se passionner
pour le passé; les romanciers écrivent donc des romans de moeurs
historiques. Un d'entre eux, Philippe Aubert de Gaspé, le père,
écrit «Les Anciens Canadiens». C'est un roman où les scènes
du temps de la Conquête se mêlent aux légendes. Aubert de
Gaspé est un conteur habile et son oeuvre aura beaucoup de succès
chez les critiques et les éducateurs.
- Laure Conan, la première femme auteur québécoise, écrit
en 1884, un roman très personnel qui parle du mystère et des contradictions
de l'âme humaine: «Angéline de Montbrun», qui est reconnu comme
le premier roman psychologique écrit au Canada français.
- Vers la fin du XIXe siècle, on voit apparaître de nombreuses revues et des journaux à tendance politique. Le Courrier du Canada et La Minerve sont du côté du Parti conservateur; L'Union libérale, Le Pays et La Patrie sont pour le Parti libéral. Le seul journal indépendant est La Vérité. L'écrivain québécois qui fait scandale par ses articles et ses pamphlets au XIXe siècle est Arthur Buies; il dénonce le cléricalisme mais on l'a reconnu depuis comme «le prince des chroniqueurs canadiens».
- Durant la première moitié
du XXe siècle, on veut «bien» écrire et «bien» parler
comme en France, mais on ne veut pas aborder les mêmes sujets immoraux
qui sont traités par les auteurs français; l'Église exerce
toujours son influence et son autorité dans la société
québécoise.
- Cependant, après les années soixante, la société
québécoise moderne subit une prise de conscience; le goût
s'affine, le niveau intellectuel s'élève et les besoins culturels
du public se développent.
- On peut dire que c'est vers la fin des années soixante que l'autonomie
de la littérature québécoise s'affirme.
- Après les romans écrits
au siècle précédent, le romancier Louis Hémon, venu
de France, écrit un roman important: «Maria Chapdelaine». Ce livre
est écrit avec respect et tendresse et décrit une terre française
bien vivante en dehors de la France mais qui n'est pas toujours vue avec réalité.
- Ce roman, publié en1916, décrit la vie rude mais saine des colons
français sur cette terre canadienne, leur courage et leur ténacité
à vouloir s'installer dans un village inhospitalier. La nature sauvage
et indomptée, le climat changeant et parfois glacial, contribuent à
faire de ces colons des êtres silencieux, captifs des moindres caprices
de la Nature, toujours à lutter et à espérer face à
des difficultés d'adaptation.
- Félix-Antoine Savard écrit
une oeuvre vraiment québécoise avec «Menaud, maître-draveur».
Cette oeuvre est toujours un spécimen très intéressant
pour le lecteur moderne.
Ce roman est un classique de la littérature québécoise.
Il raconte la lutte du vieux Menaud pour délivrer son peuple de l'oppression
des étrangers, entendons des Anglais, qui se sont emparés de la
Montagne, microcosme du pays.
Le terroir
- La terre québécoise est le personnage principal de nombreux romanciers du Québec: Claude-Henri Grignon, Germaine Guèvremont, Ringuet (Philippe Panneton) et Albert Laberge.
- Le roman de Ringuet, Trente arpents, publié en 1938, a marqué un sommet, tant pour Ringuet que pour la littérature canadienne-française. L'ouvrage est la forme la plus achevée du «roman de la terre». Le roman dépeint un cultivateur profondément enraciné, qui défend les valeurs et les traditions et s'oppose aux valeurs nouvelles, issues de la civilisation urbaine, car elles viennent troubler son espace. Il illustre aussi les conflits des générations qui s'opposent pour s'approprier la terre. Contrairement à ses prédécesseurs, Ringuet abandonne l'approche idéaliste pour observer la réalité de façon objective, et il révolutionne ainsi le roman québécois.
- Albert Laberge publie La Scouine en 1918. La Scouine est le surnom donné a l'une des filles de l'habitant Urgèle Deschamps, et c'est autour de ce personnage très coloré que s'organise la suite des tableaux de ce roman qui retrace avec précision et réalisme la vie difficile des habitants québécois au début du siècle. En de nombreux tableaux sans grande unité, Laberge y décrit la laideur et les difficultés de la vie à la campagne et relate les aventures souvent tragiques de personnages cruels et mesquins. La Scouine est un roman passionnant d'un écrivain authentique et de grand talent que l'on redécouvre maintenant.
- Mais ces romanciers du XXe siècle sont plus réalistes que leurs prédécesseurs, ils n'idéalisent pas la vie rurale; ils la racontent comme elle est, avec ses joies et ses peines.
La ville
- La population du Québec
s'urbanise de plus en plus depuis le début du siècle mais aucun
écrivain n'avait pensé à utiliser la ville comme centre
d'une intrigue romanesque. Le premier, Jean-Charles Harvey écrit Les
Demi-civilisés en 1934. Son roman est mal reçu par les autorités
et il est renvoyé du journal Le Soleil dont il était le rédacteur
en chef.
- C'est un roman à caractère souvent autobiographique, Les
Demi-civilisés apparaît à la fois comme une critique
de la société québécoise des années trente
et une tentative pour remplacer dans notre littérature le mythe du terroir
par la réalité des villes.
- Dix ans plus tard, Roger Lemelin devient célèbre en choisissant la basse-ville de Québec comme cadre de ses romans; ces derniers seront portés à la télévision: «Au pied de la pente douce» et «Les Plouffe».
- La romancière Gabrielle
Roy est venue du Manitoba pour s'installer à Montréal. Elle situe
son roman «Bonheur d'occasion» dans un des quartiers populaires de la
métropole. Elle se souviendra de l'Ouest canadien dans d'autres romans
et nouvelles.
- Dans le quartier montréalais de Saint-Henri, un peuple d'ouvriers et
de petits employés canadiens-français est désespérément
en quête de bonheur. Florentine croit trouver le sien dans l'amour; Rose-Anna
le cherche dans le bien-être de sa famille; Azarius fuit dans le rêve;
Emmanuel s'enrôle; Jean entreprend son ascension sociale. Chacun, à
sa manière, invente sa propre voie de salut et chacun, à sa manière,
échoue. Mais leur sort est en même temps celui de millions d'autres,
non seulement à Montréal mais partout ailleurs, dans un monde
en proie à la guerre.
- Publié pour la première fois en 1945, ce roman, le premier de
Gabrielle Roy, a été traduit en une quinzaine de langues. Il a
été choisi Book of the Month par le Literary Guild
of America en mai 1947, avant d'obtenir à Paris le prix Femina
1947.
- Après ces trois auteurs, la ville sera le cadre de plusieurs romans écrits par Yves Thériault, André Langevin, Gérard Bessette et Claire Martin.
- Après l'École
littéraire de Québec, c'est l'École littéraire
de Montréal qui ouvre ses portes à une multitude de jeunes
poètes.
- Parmi les plus jeunes poètes de cette école, il y en a un qui
va se détacher et devenir un des grands poètes canadiens francophone:
Emile Nelligan.
- Il est Irlandais par un père qu'il détestait et Canadien par
une mère qu'il adorait. Il est l'incarnation du poète maudit et
il exprime cette douleur profonde dans des poèmes de grande beauté.
- A l'âge de vingt ans, il tombe dans la folie et cesse d'écrire.
Ses poèmes reflètent l'influence de Rimbaud (poète français)
et des poètes symbolistes.
- Durant cette période, plusieurs
poètes vont faire parler d'eux: Bussières, Gill, Lozeau sont influencés
par les mouvements poétiques européens;
- Paul Morin, Jean-Aubert Loranger sont des puristes qui s'éloigneront
des influences nationalistes pour préférer l'universalisme;
- Alfred Desrochers, Robert Choquette sont régionalistes et chantent
la nature nord-américaine;
- Jean Narrache est le seul poète qui a pour thèmes le chômage,
la crise économique et et la société des petites gens.
- Juste avant 1940, la poésie québécoise atteint sa maturité
avec des poètes comme Hector de Saint-Denys Garneau. Il abandonne le
vers traditionnel et se sert du vers libre en rythmant sa poésie.
- Anne Hébert [cousine de Saint-Denys Garneau] publie une oeuvre poétique
dépouillée de tout ornement mais qui garde une certaine fraîcheur.
Ensuite elle se tournera uniquement vers le roman.
- Rina Lasnier, donne à ses poèmes une dimension spirituelle qui
rappelle un peu Péguy ou Claudel (poètes français).
- Alain Grandbois chante les grands thèmes universels, comme l'amour
ou la fuite du temps, avec force et originalité.
- À partir de 1953, de jeunes
poètes décident de parler de leur pays qui est en train de prendre
forme et de la difficulté d'être Québécois. Ils sont
six à fonder une maison d'édition «l'Hexagone». Cette maison
est un lieu de rencontre et elle continue à publier dans un esprit ouvert
les oeuvres des poètes d'aujourd'hui.
- Gaston Miron est l'animateur de cette maison. C'est un très grand poète
de la francophonie et il est profondément québécois. Il
prendra position dans tous les combats politiques qui secouent le Québec.
- Grâce à Miron, la poésie québécoise est
devenue autonome. Tout comme la poésie, la littérature québécoise
moderne va se développer d'une façon spectaculaire pendant les
années soixante-dix.
L'institution littéraire
- Durant les quarante dernières années, le Québec possède de nombreuses institutions littéraires: il existe plus de 200 maisons d'édition dans les grandes villes et les librairies sont nombreuses. On publie des périodiques sur tous les sujets, l'histoire, l'actualité sociale, politique ou littéraire, (L'actualité, Liberté, L'Agora, Le Bulletin des agriculteurs, Le Québécois libre, etc.), ainsi que les revues «savantes» des universités, (Études littéraires, Études françaises, Voix et images, etc.). Les quotidiens, en particulier Le Devoir, La Presse et Le Soleil ont un supplément littéraire et artistique par semaine.
- Un groupe de recherche de l'Université
Laval publie un Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec
en cinq tomes et les salons du livre se multiplient et conseillent les jeunes
auteurs pour leur premier ouvrage.
- On encourage tous les genres littéraires et on voit 800 nouveaux titres
par an.
- De ce fait, les critiques sont devenus plus exigeants et agissent sur la production
et la diffusion de la littérature québécoise.
Les Femmes
- L'écriture féminine,
déjà bien représentée dès les années
1960, (Claire Martin, Marie-Claire Blais), s'engage dans une perspective féministe.
De nombreuses femmes écrivains projettent une image de la femme québécoise
moderne bien différente de celle qui a prévalu depuis deux siècles.
- Parmi ces femmes écrivains quelques noms à retenir: Nicole Brossard,
Madeleine Gagnon, Denyse Boucher, France Théoret, etc.
Le Joual
- Dans les années soixante,
les écrivains se sont demandé si, pour rester fidèles à
eux-mêmes et à leurs besoins sociaux, ils ne devraient pas écrire
en joual. Une revue littéraire «Le Parti pris» favorise l'utilisation
du joual en littérature; Michel Tremblay, auteur de plusieurs pièces
de théâtre, telles que Les belles-soeurs, L'impromptu
d'Outremont, En pièces détachées et d'autres,
fera jouer ses pièces en joual par une compagnie théâtrale.
- Cette mode du joual, dans les romans ou les nouvelles, va durer une petite
dizaine d'années avec des auteurs comme Jacques Renaud, André
Major.
- Il y aura beaucoup de critiques et une tentative faite par un éditeur
pour publier des livres pour enfants en joual aboutira à un échec.
- Il restera donc la chanson et le monologue qui fourniront le plus d'exemples
de l'usage du joual.
Avant 1940, le théâtre
n'est pas très connu au Québec. Les gens des villes qui sont pour
la plupart des ruraux transplantés n'affectionnent pas tellement ces
représentations, d'autant plus que l'Église n'est pas du tout
en faveur de telles activités qui peuvent mettre en danger la morale
et les bonnes moeurs.
- C'est pourtant un religieux, le père Legault, qui fonde les Compagnons
du Saint-Laurent d'où sortiront des comédiens, des metteurs
en scène et des décorateurs.
- Cette troupe joue le grand répertoire français et les spectateurs
sont des étudiants, des intellectuels et des professionnels; les gens
du peuple préfèrent le vaudeville et l'opérette qui seront
détrônés un peu plus tard par le cinéma.
- En 1948, l'auteur-comédien Gratien Gélinas présente Tit-Coq, la première oeuvre dramatique majeure originale au Québec. C'est une oeuvre à saveur populiste et le spectateur moyen s'identifie parfaitement à ce «vrai Canadien» rieur et plein d'humour.
- Les troupes de théâtre s'organisent lentement et présentent un répertoire international plus moderne.
- Plusieurs compagnies sont encore
en activité aujourd'hui, Le Théâtre du Rideau Vert
fondé par Yvette Brind'Amour et Mercedes Palomino, Le Théâtre
du Nouveau Monde avec Jean Gascon et Jean-Louis Roux, Le Théâtre
de QuatSous, Le Théâtre du Trident, et Le Théâtre
Denise Pelletier, parmi dautres. Ces compagnies invitent même
de grands noms français du théâtre tout en ayant leurs comédiens
souvent exceptionnels comme Albert Millaire, Guy Hoffmann, Geneviève
Bujold, etc.
- Leur répertoire est très varié allant des pièces
de boulevard français aux classiques français et espagnols et
aux grands succès de Broadway.
- Dans les années soixante, le théâtre amateur a connu lui
aussi un certain succès ainsi que le théâtre d'avant-garde.
- Plusieurs compagnies ne jouent que des pièces québécoises,
quant aux nombreux "théâtres d'été", ils
présentent des spectacles bon enfant, souvent proches du vaudeville,
dans une ambiance estivale qui attirent un grand public.
- Le théâtre se modernise
aussi. Avec l'arrivée de la technologie, nous trouvons un hybride de
différentes techniques et de styles qui se mêlent harmonieusement.
La danse et la musique jouent un rôle important dans le théâtre
québécois contemporain, comme nous l'avons vu. Le spectacle multimédia
est un développement assez récent qui redéfinit les goûts
et qui offre une nouvelle expérience pour les spectateurs québécois.
- Parmi d'autres, Le Cirque du Soleil, créé en 1984, a
joué devant plus de 30 millions de spectateurs. Le Cirque du Soleil a
son siège social international à Montréal. De plus, il
compte quatre sièges sociaux régionaux; un en Asie-Pacifique,
un second en Europe, un en Amérique et finalement un dernier à
Las Vegas.
- Le Siège social international, dont la construction a été
complétée à la fin de l'année 1996, permet à
plus de 500 employés permanents de se retrouver pour la première
fois sous le même toit. C'est là que sont concentrées toutes
les activitéés de création et de production pour chacun
des spectacles du Cirque du Soleil. L'ensemble de ce projet immobilier représente
un investissement de l'ordre de 40 millions de dollars.
- En 2000, le Cirque du Soleil complète les travaux d'agrandissement
de son Siège social international à Montréal. En plus des
espaces à bureau, le nouveau bâtiment de 14 000 mètres carrés
accueille les ateliers de costumes et d'accessoires ainsi que le centre de recherche
et de fabrication d'appareils acrobatiques.
- Avec toutes les compagnies théâtrales ainsi que l'École
nationale de théâtre, le goût du public québécois
s'est affiné et les salles de théâtre sont de plus en plus
fréquentées.
- Parmi les romanciers, il y a bien sûr les grands noms comme Gabrielle Roy, Germaine Guèvremont, Félix-Antoine Savard et Anne Hébert. Cependant le roman va se moderniser avec Jacques Ferron, André Langevin, Andrée Maillet, Gérard Bessette, Jacques Godbout, etc.
- La littérature québécoise
va se faire connaître en France et les éditeurs français
s'intéressent particulièrement à cinq écrivains
qui vont participer aux concours pour différents prix littéraires:
Anne Hébert, Marie-Claire Blais, Hubert Aquin, Réjean Ducharme
et Jean Basile.
- Gabrielle Roy reçoit le prix Femina et Marie-Claire Blais,
le prix Médicis.
- Dans les années soixante-dix, la littérature québécoise connaît ses premiers grands succès commerciaux avec des romans bien construits, des «best sellers» comme Le matou d'Yves Beauchemin (800 000 exemplaires au Québec et en France). C'est l'histoire d'un jeune Montréalais, Florent qui rêve de posséder un restaurant, de sa femme qui rêve d'avoir un enfant, et de Monsieur Émile, étrange gamin de 6 ans qui rêve de se faire adopter par son chat Déjeuner. Un roman drôle et détendant. Il y a aussi Les Filles de Caleb d'Arlette Cousture (300 000 exemplaires au Québec seulement), ou Maryse de Francine Noël.
- Les vingt dernières années explorent plusieurs thèmes littéraires, (l'imaginaire, le roman historique, la science-fiction, etc.), et voient l'arrivée de nombreux immigrants francophones qui s'installent au Québec, tels que Dany Laferrière, Naîm Kattan, Abla Faroud et Ying Chen, qui, moins de dix ans après son arrivée de Chine, a été finaliste pour le prix Femina avec L'ingratitude, et son roman Immobile a gagné le Prix Alfred Desrochers en 1999.
- La poésie continue le chemin
tracé par les poètes de l'Hexagone. Parmi les poètes d'aujourd'hui:
Fernand Ouellette, Jean-Guy Pilon, Roland Giguère, Gatien Lapointe, Gérald
Godin, Pierre Morency etc.
- Il existe dans le Québec de nombreuses maisons d'édition qui
sont actives dans le domaine de la poésie, quelle soit radicale, formaliste
ou mystique.
La diffusion
- La production littéraire
est importante dans le Québec mais étant donné que les
librairies ne peuvent investir d'aussi grosses sommes pour offir au public tout
ce qui se publie, le public n'a accès qu'à certains ouvrages;
on trouve facilement les auteurs français un peu partout dans les pays
francophones, il est cependant difficile d'acheter un roman québécois
à Paris et impossible de s'en procurer un en Afrique francophone.
- C'est malheureusement un problème qui touche tous les pays francophones.
- À cette pléthore d'écrivains de langue française
s'ajoutent de bonnes plumes de langue anglaise. Les plus connus sont Mordecai
Richler, Charles Taylor, les romanciers David Homel, Gail Scott et Trevor Ferguson.
Le théâtre anglophone connaît également ses heures
de gloire depuis une bonne décennie. Montréal est une ville qui
se dit et se chante aussi en anglais, comme le fait Leonard Cohen.
- C'est en 1912 que la radio de langue
française commence ses émissions à Montréal (CKAC).
Plus tard, elle atteindra les régions rurales. Ceci va permettre aux
gens, qu'ils soient des habitants ou des citadins, d'être au courant de
ce qui se passe à l'extérieur. Les Québécois accueillent
très favorablement cette invention qui perpétue leur tradition
orale.
- Plusieurs émissions de radio dureront plusieurs dizaines d'années,
comme Les belles histoires des pays d'en haut et Les joyeux troubadours.
- Pendant la deuxième guerre
mondiale, la puissance de la radio devient évidente et certains hommes
politiques s'en servent pour donner des informations médiatisées.
- La chanson québécoise va aussi profiter de la radio ainsi que
les émissions interactives entre les gens de radio et le public.
- C'est en 1952 qu'on assiste aux
débuts de la télévision canadienne offerte en français
par «Radio-Canada».
- Après les années cinquante, la télévision prend
une telle importance au Québec qu'elle devient un phénomène
d'ordre culturel et social de première grandeur.
- Cinq ans après son apparition, toutes les familles à de rares
exceptions regardent, parfois plusieurs heures par jour, le petit écran.
- Le public trouve parfois plus facile de voir la fiction que de la lire, il
regarde ainsi de nombreux téléromans que le petit écran
offre presque tous les jours (150 en 43 ans). Ces téléromans sont
un exemple de la prédominance du dialogue sur l'action. En effet, on
parle beaucoup sans apporter beaucoup d'action.
- Il existe en plus d'intelligentes émissions de commentaires qui abordent
des sujets délicats et qui sont animées par des gens de métier.
- Radio-Québec, (devenue Télé-Québec
en 1998), a des moyens plus modestes que ceux de la télévision
canadienne et des réseaux privés, mais parvient néanmoins
à réussir des séries remarquables, telles qu'Octopuce
(programme d'informatique) et Le 60-80 (deux décennies historiques
du Québec), parmi d'autres.
- Une grande majorité de foyers sont «cablés», ce qui leur
donne accès à une grande quantité de chaînes; les
émissions de variété sont très populaires. Mais
il y a aussi les enregistreurs qui donnent la possibilité de voir des
films les plus récents en restant chez soi, ce qui a forcé les
salles de cinéma à changer leur mode de présentation. Comme
partout ailleurs, finies les grandes salles de cinéma, on préfère
les petites salles avec rotation rapide des nouveaux films.
- La fascinante tradition orale qui a fait le bonheur d'une dizaine de générations a porté ses fruits. Le Québecois adore parler pour le plaisir. On peut le voir une tasse de café à la main dans les couloirs ou les cafétérias des bureaux, des entreprises, des usines et des magasins en train de faire la conversation, sans parler des réunions...qui sont des plus nombreuses.
- On peut également noter que le Québec a détenu le record d'occupation au téléphone. En effet, on se téléphone pour un oui ou pour un non et les conversations sont longues...Ceci a persuadé la radio à offrir de nombreuses émissions de tribunes téléphoniques qui sont très suivies par le grand public. Les téléromans sont l'exemple évident de la prédominance du dialogue sur l'action: assis dans leur salon ou dans leur cuisine, les protagonistes discutent de tout devant les téléspectateurs qui sont aussi assis dans leur salon ou dans leur cuisine.
- L'art du bien manger est aussi une composante de la culture. Or, dans le Québec, on adore bien manger et on peut compter les restaurants par centaines. Il faut dire qu'autour d'une table bien servie, la conversation est fertile.
- Que ce soit à la radio ou
à la télévision, les monologuistes continuent d'avoir un
grand succès à chaque apparition. Yvon Deschamps, Sol, Daniel
Lemire, reçoivent la faveur populaire. On a créé à
Montréal un Festival Juste pour rire où on peut trouver
les derniers humoristes québécois comme Laurent Paquin, Louis-José
Houde, Jean-Marc Parent et beaucoup dautres. La version anglaise, Just
for laughs, attire les producteurs mondiaux de spectacles et de télévision
dans l'espoir de découvrir la dernière vedette de l'heure.
- Parmi les amuseurs publics, il y a André-Philippe Gagnon, qui déclenche
les rires d'un auditoire très divers.
- Le rire est aussi une manifestation orale et le Québec sait rire de
lui-même...et des autres!
- De la poésie dite et écrite, du théâtre à texte au théâtre multidisciplinaire, du monologue au cirque, du poème au roman, l'oral et l'écrit expriment de plus en plus les réalités et l'authenticité de la culture québécoise. Quoi qu'elle soit française à l'origine, la littérature québécoise s'est transformée en Amérique du Nord. C'est un reflet d'une civilisation toujours fragile qui n'est pas sans problème. Sa grande force a été d'intégrer la tradition de la parole à la tendance américaine au mouvement et à l'action: 220 éditeurs, 80 distributeurs, 400 librairies, 450 bibliothèques. En 1997, en proportion de la population, il s'est publié ici plus de livres qu'en France et deux fois et demie plus qu'aux États-Unis. Les Québécois ont pu se dégager de la tradition rurale sans oublier les forces de la tradition orale; la littérature québécoise a montré au cours des 40 dernières années sa capacité d'expansion et de diversification.
- Après ce chapitre sur la littérature, on peut dire que le temps n'est plus où l'on parlait d'une littérature française au Canada, puis d'une littérature de langue française ou canadienne-française. Il existe une littérature québécoise, distincte et solide, qui est une des plus vivantes de la francophonie.