Civilisation Québécoise et Canadienne-Française

LA MUSIQUE

Sous le régime français

- Au début, il n'y a pas grande mention d'événements musicaux dans la jeune colonie. Les historiens disent que c'est peut-être à cause «d'un isolement culturel, et d'une distance spirituelle qui la séparait de la mère patrie.» Aussi, on ne peut pas s'étonner de rencontrer peu de musiciens en Nouvelle-France si on pense au petit nombre de colons établis le long du Saint-Laurent.

Les Amérindiens

- L'originalité et l'étrangeté de la musique amérindienne avaient frappé les Français à leur arrivée. Pour les Amérindiens, le chant, intimement lié à la danse, avait presque toujours une dimension sacrée.
- C'était un art vocal qui s'insérait dans des rituels précis, avant le combat, en cas de victoire ou pour d'autres manifestations de leur vie quotidienne: rapports avec la nature, communications d'ordre religieux, rites de passage, cérémonies de guérison, etc. Ce type d'expression vocale était tout à fait différent de ce à quoi le oreilles européennes étaient habituées.
- En fait, le chant et l'incantation dans la culture amérindienne a facilité l'apprentissage de la musique religieuse européenne par les autochtones chrétiens.

La musique d'église

- Les religieux avaient, pour la plupart, une formation musicale assez solide. Mais la majorité de la musique avait été importée de France. C'était surtout des copies de messes ou de motets connus. Il y a quand même La Prose Sacrae Familiae, une oeuvre d'Amador Martin, né dans la colonie, qui aurait composé cette première oeuvre canadienne vers 1650.
- Cette musique religieuse n'était jouée que pour les jours de fête religieux.
- On a découvert récemment un manuscrit de 540 pages de pièces d'orgue, connu sous le nom de «Livre d'orgue de Montréal», mais la majorité des morceaux de musique sont anonymes.
- Martin Boutet a été le premier professeur laïque de musique sacrée vers le milieu du XVIIe siècle. Un de ses élèves, Louis Jolliet, est devenu un assez bon organiste, même s'il n'y avait que deux orgues en Nouvelle-France en 1661.

La musique de divertissement

- Etant donné que les religieux jugeaient sévèrement la musique profane qui s'accompagnait de danses, on n'acceptait que la musique sacrée.
- Cependant, la vie sociale s'étant peu à peu développée, certains grands bourgeois organisaient des bals. Il y avait donc des musiciens pour interpréter des oeuvres françaises choisies mais ils étaient considérés comme des domestiques.
- À ce temps-là, on accordait moins d'importance à la composition qu'à l'interprétation, ce qui explique pourquoi l'esthétique française marquera longtemps la musique québécoise.

Après la conquête et jusqu'en 1920

La musique citadine

- Après une vingtaine d'années d'indécision sur leur comportement mutuel, les vainqueurs et les vaincus s'adaptent à une nouvelle vie sociale.
- Au XVIIIe siècle, la musique instrumentale des fanfares militaires participe non seulement à des cérémonies mais à des concerts publics.
- Les débuts du Régime anglais augmentent l'intérêt pour la musique profane qui, sous le Régime français, se limitait à la musique de danse.
- Les premiers magasins d'instruments et de musique en feuilles font leur apparition. De plus, on enseigne la musique et la danse aux jeunes filles de bonnes familles.
- Le XIXe siècle montre l'intérêt croissant de la population pour la musique: on accueille des étrangers virtuoses, chanteurs et instrumentistes, qui font connaître la grande musique européenne. Une des conséquences de cet intérêt est le regroupement des musiciens locaux dans la Société musicale de Québec en 1819: c'était le premier ensemble instrumental. D'autres établissements suivent: la Montreal Singing Academy (1837), le Septuor Haydn (1871-1903), La Société philarmonique de Montréal (1877-1899), etc.
- La société de l'époque apprécie les opéras de Wagner autant que ceux de Mozart.

La musique religieuse

- Après la Conquête, l'église orientée vers l'art vocal et l'orgue continue à être un lieu de rassemblement des forces musicales du pays.
- La musique vocale prend un élan décisif grâce à plusieurs chorales et de bons organistes.
- L'orgue, instrument majeur de la musique religieuse, est maintenant fabriqué au Québec et presque toutes les églises en possède un.
- Joseph Casavant a été le premier fabriquant d'orgues au Canada. En 1879, Samuel et Claver Casavant fondent à Saint-Hyacinthe une entreprise qui va fabriquer pendant le siècle suivant 3,800 instruments qui sont installés sur les cinq continents.

Les compositeurs

- Plusieurs compositeurs forment les artistes de la génération future.
- Michel-Charles Sauvageau est chef de la Musique canadienne en 1836. Il organise des concerts de musique vocale et instrumentale avec ses élèves, qui interprètent ses compositions.
- Jean-Baptiste Labelle devient le chef d'un nouvel orchestre en 1863, la Société philarmonique de Montréal.
- Un de ces compositeurs, Calixa Lavallée, écrit l'hymne national canadien qui le rendra célèbre. «O Canada» a été joué pour la première fois le 24 juin, 1880, le jour de la Saint-Jean Baptiste à Québec.«O Canada» a été proclamé comme hymne national le 1er juillet 1980. La musique est l'oeuvre de Calixa Lavallée, et les paroles françaises sont de sir Adolphe-Basile Routhier. Le chant est devenu de plus en plus populaire et, au cours des années, il est apparu de nombreuses versions anglaises. La version anglaise officielle est basée sur celle composée en 1908 par le juge Robert Stanley Weir. Elle incorpore les changements apportés en 1968 par un comité mixte du Sénat et de la Chambre des communes. La version française n'a pas été modifiée.

Les temps modernes

- Avec l'arrivée des moyens de diffusion modernes: disques, radio et télévision, la musique va pouvoir toucher toutes les couches de la société.

Les organismes

- Pour donner au public le goût de la musique, il faut des orchestres: l'Orchestre symphonique de Québec qui a été fondé en 1934, et l'Orchestre symphonique de Montréal, né en 1934. Ces deux orchestres ont fait beaucoup pour la reconnaissance des musiciens québécois, compositeurs et interprètes.
- Le ministère des Affaires culturelles, fondé par Jean Lesage en 1961, a reconnu l'importance de la musique. Cette nouvelle responsabilité gouvernementale va beaucoup aider l'essor de la musique au Québec.

L'enseignement

- C'est en 1924 que le premier studio d'enseignement de chant choral ouvre ses portes. Puis, c'est le Conservatoire national de musique suivi de plusieurs facultés de musique dans les différentes universités.
- En 1942, le Québec ouvre un Conservatoire de musique et d'art dramatique à Montréal. Wilfrid Pelletier est le premier directeur de l'établissement. Il avait été pianiste puis chef d'orchestre au Metropolitan Opera de New York. Québécois de naissance, il participe à l'Orchestre symphonique de Montréal, puis dirige l'Orchestre symphonique de Québec.

Les compositeurs

- Ils sont nombreux, mais nous retiendrons plus particulièrement les noms de Claude Champagne, Henri Gagnon, Rodolphe Mathieu, Maurice Blackburn et Jean Papineau-Couture. Que ce soit de la musique romantique, de la musique contemporaine, de la musique de film ou de la musique de folklore canadien-français, ils ont tous participé à la culture musicale québécoise.

L'art vocal

- Il existe beaucoup de belles voix au Québec; du côté des femmes, il y a les sopranos et les mezzo-sopranos, tels que Colette Boky, Monique Pagé et Pauline Vaillancourt. Du côté des hommes, ce sont les ténors, les barytons et les basses, tels que Rodolphe Plamondon, Richard Verreau et Gaston Germain.
- Mais l'opéra ne suffit pas dans la province pour faire vivre les chanteurs. Tous ces artistes parcourent le monde et chantent plus à l'étranger que dans le Québec.

Les instrumentistes

- Le piano connaît un grand succès avec des pianistes comme Jeanne Landry et Guy Bourassa, et plus récemment, André Laplante et Louis Lortie.
- Un instrument plus connu de tous dans sa version populaire, le violon, a attiré certains Québécois qui ont une place enviable dans la musique québécoise, comme Angèle Dubeau qui a la chance de jouer un stradivarius fabriqué en 1733.

- Le violon: La présence de violons au Canada remonterait à 1645, tel que noté dans Les Relations des Jésuites, à l'occasion d'un mariage célébré à Québec où « il y eut deux violons pour la première fois ». Le violon étant dès le début du XVIIe siècle l'instrument principal des danses folkloriques européennes, il est possible, bien que les références écrites sont à peu près inexistantes, d'en déduire qu'il animait la plupart des soirées en Nouvelle-France : veillées, danses et bals. C'est dans les archives de la Baie d'Hudson de 1749 que nous sont présentés les trois premiers violoneux : « En compagnie de trois violoneux, à savoir Geo. Millar, Willm. Murray et James Short, nos gens célébrèrent la soirée par des danses et des chants et tous se divertirent énormément ».

- Les employés écossais de la Compagnie de la Baie d'Hudson ont apporté avec eux lors de la traversée de l'Atlantique un grand nombre de violons ainsi qu'un vaste répertoire de musique de danse. Très tôt, par l'entremise des marchands de fourrure et des coureurs des bois qui sillonnent le pays, le violon devient partie intégrante de la culture traditionnelle et accompagne la littérature orale. En effet, le violoneux est beaucoup plus qu'un simple musicien ; c'est un conteur de légendes, un meneur de bal . Les reels et les gigues dateraient en effet de cette époque, tandis que les cotillons et les quadrilles, traditions propres aux colons canadiens français non associées directement à la traite des fourrures auraient plutôt des origines françaises.

- Le violoneux canadien-français pour sa part est reconnu pour le battement régulier des pieds, à l'origine son seul accompagnement, avant que la guimbarde, les cuillers, l'accordéon à boutons et l'harmonica complètent « l'orchestre ».

- C'est ainsi que l'on peut conclure que le violon est un instrument central dans le développement du patrimoine musical canadien. Jusque vers 1960, la musique des violoneux constitua le principal genre musical des campagnes canadiennes.

- Dans la ligne des violoneux de village dont la virtuosité ont fait le bonheur des veillées d'autrefois, Jean Carignan mérite d'être salué. Le grand Yehudi Menuhin ne cachait pas son admiration pour ce musicien, mort en 1988; devenu sourd dans les dernières années de sa vie.
«Je suis sourd, disait-il, parce que j'habite au Québec et parce que j'ai été obligé de gagner ma vie, de travailler à la shop avec les machines et les marteaux pilons.»(1978). Jean Carignean, appelé «Ti-Jean», était le maître de la gigue et du reel et avait contribué à mieux faire connaître aux Québécois leurs racines musicales irlandaises et écossaises. On doit à sa mémoire de le ranger parmi les grands musiciens du Québec. D'autres violoneux tels que Louis Boudreault et plus récemment Pierre Schryer, font reconnaître ce son typiquement québécois qui se modernise avec certains groupes comme La Bottine Souriante.

La musique actuelle

Le jazz, le blues et le rock

- Depuis les derniers 20 ans, Montréal profite des influences de multiples communautés d'origines diverses. La métropole québécoise a son Festival international de jazz et on peut dire que le jazz, le blues et le rock sont très liés au Québec.

- Dans le domaine du jazz, retenons les noms de:

Karen Young - Inspirée par Gil Evans et Miles Davis du côté jazz et Claude Debussy du côté classique, Young intègre une poésie québécoise qui l'inspire. L'agencement des instruments à vent mariés à une section rythmique et à sa voix, offre une teinte qui fusionne le jazz à la chanson.

Michel Donato - Que ce soit aux côtés des grandes pointures du jazz tels que Oscar Peterson, Joe Pass, Bill Evans, Gonzalo Rubalcaba, Thoots Thileman, Joe Morello ou le travail intense qu'il a effectué comme musicien de studio "derrière" les plus grands de la chanson québécoise (Felix Leclerc, Gilles Vigneault, Ginette Reno etc), Michel Donato est un contrebassiste qui a un parcours des plus intéressant. Le nom Donato est associé à de nombreux prix dont le trophée Oscar Peterson avec qui il a effectué une tournée mondial au début des années 1970. Ce prix lui à été décerné en 1995 par le Festival international de Jazz de Montréal.

Oscar Peterson - Reconnu pour sa grande dextérité et ses talents d'improvisateur, Oscar Peterson est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands pianistes de jazz de tous les temps. Né en 1925 à Montréal, il entreprend des cours de piano classique vers l'âge de 6 ans. Doué pour la musique, il gagne le premier prix lors d'un concours national organisé par la CBC en 1940. Musicien prolifique, il enregistre au fil des ans une quantité impressionnante de disques et collabore avec les plus grands noms du jazz parmi lesquels figurent Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Dizzy Gillespie, Count Basie, Nat King Cole, Louis Armstrong, Duke Ellington, Stan Getz et Charlie Parker. À la suite de problèmes de santé, Oscar Peterson se retire de la scène en 1993. Sa carrière exceptionnelle aura été soulignée au cours de ces années par de nombreuses distinctions dont le prix Glenn-Gould, le prix Oscar-Peterson, créé en son honneur par le Festival international de jazz de Montréal, sept Grammy Awards et un Life Achievement Award. Il est mort d'insuffisance rénale le 23 décembre, 2007.

- Du côté blues, il y a Carl Tremblay et Pat the White parmi beaucoup d'autres.

Pat the White - Originaire de Gaspésie, Pat The White (Patrick Le Blanc) s'est rapidement hissé au niveau des grands du blues québécois. Ce talentueux guitariste électrique à la voix profonde et chaude s'est d'ailleurs mérité le Lys Blues remis au "Meilleur artiste en spectacle" au Québec en 2003. Tout en respectant la grande tradition du blues, leurs arrangements musicaux innovent et apportent des couleurs rafraîchissantes à un répertoire composé de pièces traditionnelles et de compositions originales qui surprennent par leur inventivité. Formé en 1999, le Pat The White Band a fait sa marque dans le réseau des clubs et festivals de blues, tel que le Festiblues international de Montréal.

- Le rock nous a donné des groupes comme Harmonium, Maneige et plus récemment des groupes populaires comme Voïvod qui se spécialisent dans la musique Heavy Metal et beaucoup d'autres groupes qui représentent la musique alternative, comme Malajube, Grimskunk, Les Dales Hawerchuk, Tricky Woo, Karkwa, etc.

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