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L'Histoire du Québec
Colonisation, évolution et modernisation

Partie A : Les Grandes Étapes

Au cours des dernières décennies, plusieurs explorateurs ont perdu leur titre de découvreurs du Canada ou de l'Amérique du Nord. Les fouilles archéologiques et l'analyse de nouveaux textes nous montrent que, bien avant Christophe Colomb ou Jacques Cartier, des voyageurs venus de l'Europe, de l'Asie et même de l'Afrique, auraient exploré volontairement ou non les côtes nord- américaines. Certains auraient établi des colonies dans la vallée du Saint-Laurent. Mais les premiers explorateurs qui prirent officiellement possession du territoire au nom d'un roi demeurent toujours Colomb, Cabot et Cartier. Comme leurs rois sont espagnol, anglais ou français, il est difficile de préciser à quel pays revient l'honneur d'avoir découvert un territoire occupé depuis des millénaires par les Amérindiens.

Une invasion normande

Au début du IXe siècle, les pays nordiques de l'Europe connaissent le surpeuplement. Les hommes du Nord, appelés aussi Norsemen, Normands ou Vikings, commencent à envahir les pays voisins, puis les terres du sud. La France et l'Angleterre sont mises à sac. À cette époque, les Vikings sont certainement les plus habiles navigateurs. Leurs drakkars, munis d'une quille en chêne et d'un gouvernail fixé à tribord arrière, leur permettent d'affronter la mer.

En 982, Eirikr Thorvaldsson, plus connu sous le nom d'Érik le Rouge, accusé de meurtre, est banni d'Islande pour trois ans. Il occupe ses trois années d'exil à explorer les côtes du Groenland.
Le fils d'Érik le Rouge, Leif Eiriksson, décide à son tour de partir à la recherche des terres entrevues par son père. Ils arrivent à un détroit situé entre une île et un cap qui pointait vers le Nord. La découverte de vignes sur cette île lui vaut alors le nom de Vinland.
De retour au Groenland, Leif décrit dans le détail son séjour au Vinland. Son frère Thorvald prétend qu'il n'a pas suffisamment exploré le territoire. Il décide de s'y rendre à son tour avec trente hommes à bord.
Lors de son voyage, il découvre une terre qui lui semble agréable et ordonne à ses hommes d'y construire une maison.
Les habitants de ce territoire, surnommés Skraelings par les Vikings, voient d'un mauvais oeil cet envahissement par des étrangers.

Au cours des deux siècles suivants, les Vikings effectuent d'autres voyages au Vinland, y construisent des maisons et en cultivent la terre. L'hostilité des Skraelings rend leur situation de plus en plus incertaine. Vers la fin du XIVe siècle, la présence viking en Amérique du Nord paraît n'être plus qu'un vague souvenir.

Quand ces premiers "immigrants" sont arrivés dans le golfe du Saint-Laurent et plus tard à l'intérieur du territoire, les Amérindiens étaient organisés en "familles" ou nations.
Parmi ces nombreuses nations, il y avait les Montagnais, les Micmacs, les Cris, les Mohicans et les Iroquois.

Les explorateurs

Le 5 mars 1496, Henri VII, roi d'Angleterre, autorise le navigateur italien Giovanni Caboto, plus connu sous le nom (français) de Jean Cabot, à partir en voyage de découverte.
Où est-il allé ? Où a-t-il mis pied à terre ? On ne le sait trop. À Terre-Neuve, au Cap-Breton, à l'Île-du-Prince-Édouard, au Labrador, sur la côte nord québécoise ? Un historien, Lucien Campeau, se demande même si Cabot a vraiment atterri en Amérique du Nord !
Le 24 juin 1497, Cabot prend possession du territoire qu'il vient de découvrir au nom du roi d'Angleterre. Voilà pourquoi certains anglophones considèrent cet explorateur comme le découvreur du Canada, titre que méritera aussi le Français, Jacques Cartier.

À la suite de l'Angleterre et du Portugal, la France s'intéresse au Nouveau Monde. Non pas les autorités françaises, mais les marchands et les commerçants. Dès 1504, des marins bretons se rendent sur les côtes de Terre-Neuve pour y pêcher la morue.
Par la suite et presque à chaque année qui suivra, des pêcheurs français jetteront leurs filets sur les bancs de Terre-Neuve. François Ier, roi de France, décide éventuellement de financer une expédition dont le but serait de "découvrir certaines îles et pays où l'on dit qu'il se doit trouver une grande quantité d'or et d'autres riches choses".
Le 18 mars 1534, Jacques Cartier dispose de la somme de 6 000 livres pour couvrir les frais de ravitaillement, d'armement et d'équipage. Le 20 avril, tout est prêt pour le départ.

Le vendredi 24 juillet 1534, Cartier et ses hommes mettent pied à terre à la Pointe de Penouille, non loin de l'actuelle ville de Gaspé. À la suite des rencontres récentes avec les Amérindiens, le chef de l'expédition sent le besoin d'assurer la possession de ces territoires au nom de François Ier, roi de France, sans tenir compte des droits des premiers occupants.
En 1541, il fait un troisième voyage au Canada et tente de former des liens avec les Amérindiens, mais ces relations restent fragiles. Cartier va essayer, entre ces voyages, de persuader la France de fonder une colonie sur le territoire, mais les Français supportent mal le climat rigoureux. Beaucoup d'entre eux meurent du scorbut et les relations avec les Amérindiens se détériorent. Seuls quelques trafiquants commencent un commerce de fourrures avec les Amérindiens.

La colonisation

Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que des projets de colonisation commencent.
Samuel de Champlain, colonisateur français, est chargé par Louis XIII, roi de France, d'étudier les conditions d'une colonisation sur le territoire appelé "Nouvelle France". Il sera le fondateur de Québec en 1608 et de Trois-Rivières en 1634.

Sous Louis XIV, la France a 3 objectifs importants au Canada:
1. la traite des fourrures. En effet, le rude hiver canadien assure aux fourrures une qualité supérieure.
2. l'exploitation des sols fertiles
3. l'évangélisation des indigènes

Parmi les premiers arrivés en Nouvelle-France: les pères Récollets et les pères Jésuites, les soeurs Augustines et les soeurs Ursulines. Ces religieux et religieuses sont chargés de répandre la foi et de la préserver.
En 1642, Paul de Maisonneuve, gentilhomme français, fonde Ville-Marie sur l'île de Montréal.
En 1663 et jusqu'à la fin du siècle, Louis XIV réorganisera avec de nouveaux éléments l'ensemble de la colonisation:
Jean Talon, administrateur français, sera le premier à occuper le poste d'intendant de la Nouvelle-France; il va commencer l'essor du Canada. La Grande Paix de Montréal avec les Iroquois est signée en 1701. Talon sera suivi pas Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil.

Le Grand Dérangement

Mais, l'Angleterre désire également ce nouveau territoire et la rivalité entre la France et l'Angleterre va s'accentuer. Les armées anglaises et françaises vont se battre de nombreuses fois.
En 1713, l'Acadie, (la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick), qui faisait partie de la Nouvelle-France, est sous domination anglaise. C'est le Traité d'Utrecht qui en est responsable, mettant fin à la Guerre de Succession d'Espagne et donnant aux Anglais quelques territoires français. En 1755, les Anglais décident de déporter les Acadiens. Ils sont déportés en Louisiane et d'autres états américains, ainsi que d'autres colonies brittaniques d'outre-mer. 10 000 personnes seront donc déportées de façon radicale: familles désunies, confiscation de biens, habitations détruites... Cette déportation de la population française d'Acadie est appelée "Le Grand Dérangement". Un certain nombre de cette population reviendra un siècle plus tard pour fonder une nouvelle Acadie au Nouveau-Brunswick.

La Conquête

D'un côté : la colonie française qui, avec 70 000 personnes, ne peut pas occuper ce grand territoire revendiqué par la France (En effet, le vaste territoire "occupé" par la France est limité à l'ouest par les Rocheuses et au sud par le Mexique).
De l'autre : la colonie anglaise qui, avec plus d'un million de personnes se trouve serrée sur le territoire qu'elle occupe à l'est du Canada.

Les bagarres se succèdent et sont d'abord marquées par quelques victoires françaises. Les Français, grâce aux Amérindiens qui leur ont appris leurs façons de combattre, sont supérieurs sur terre alors que les Anglais ont la supériorité sur mer. Cependant, puisque les habitants avaient dû quitter leurs champs pour aller combattre les Anglais, les récoltes essentielles pour l'alimentation des troupes sont presque nulles. Les secours attendus de France n'arrivent pas et c'est la disette.

Le 13 septembre 1759, la situation se détériore et la ville de Québec est attaquée par les troupes anglaises commandées par le général James Wolfe. La bataille commence avec l'arrivée, devant la ville, de la flotte britannique du vice-amiral Charles Saunders.
La flotte comprend 49 navires de guerre armés de 1 944 canons et ayant à leur bord 13 500 membres d'équipage. Le débarquement consiste en une armée de 8 500 soldats britanniques et plusieurs pièces d'artillerie.
Le général Louis-Joseph de Montcalm est à la tête des troupes françaises. Il essaye une sortie hors des murs de la ville et la bataille qui se déroule sur les plaines d'Abraham va durer moins d'une heure. Elle se termine par un autre échec des troupes françaises. La ville de Québec capitule quelques jours plus tard.

Le 9 septembre 1760, la ville de Montréal capitule aussi. Le Traité de Paris est signé en 1763 et la France doit donner toute son ancienne colonie à l'Angleterre.

Le régime anglais

Malgré la domination anglaise, plus de 65 000 Français ont décidé de rester au Canada après la Conquête.
En 1763, la Grande-Bretagne gagne le contrôle de l'Amérique du nord et crée la province de Québec. Ce sont les Anglais qui dirigent l'administration de la province et qui contrôlent le commerce.
Les Canadiens français n'ont que des métiers élémentaires: agriculteurs, artisans ou petits commerçants. Ils doivent tous prêter le serment d'allégeance envers la couronne britannique. S'ils veulent occuper un poste dans l'administration ou dans la vie politique, ils doivent prêter le Serment du Test. Ce serment les obligeait à renoncer à plusieurs croyances fondamentales de la religion catholique. Ce Serment du Test sera éliminé en 1774 pour essayer d'obtenir l'appui des Canadiens français contre les révolutionnaires américains et parce que la faiblesse de l'immigration anglaise dans le Québec rendait difficile l'administration de la justice.

Le 22 juin 1774, l'Acte de Québec a été promulgué par le gouvernement britannique désireux d'éviter l'influence du mouvement d'indépendance en cours dans les Treize colonies chez les descendants des Français de la Nouvelle-France occupée. L'acte diminuait énormément les frontières de la Nouvelle-France en créant la province of Québec, un vaste territoire qui longe la vallée du fleuve Saint-Laurent de Terre-Neuve aux Grands Lacs, ainsi que la vallée de l'Ohio. Il a donné l'impression d'attribuer un large territoire aux Amérindiens afin d'arrêter une éventuelle rébellion de leur part. Cet acte du parlement britannique a récompensé les deux groupes qui avaient permis aux Britanniques de contrôler la population : le clergé et les seigneurs, afin qu'ils poussent les descendants des Français à soutenir les Britanniques contre les Américains.

En 1791, l'Angleterre divise sa colonie en deux: le Bas-Canada, (150 000 habitants), avec la ville de Québec pour capitale et le Haut-Canada (10 000 habitants), actuellement l'Ontario. Durant cette période, le régime parlementaire apparaît. Chaque province doit en effet élire des députés qui représentent la population à l'Assemblée. L'anglais est la langue officielle, mais on peut utiliser le français à l'Assemblée et dans les tribunaux.
L'arrivée du régime parlementaire permet la naissance d'une classe politique canadienne.

En 1812, les États-Unis attaquent le Canada près de Montréal. Ils sont battus à Chateauguay en 1813. Cette bataille empêchera la conquête du Canada par les États-Unis.

En 1837, les parlementaires des deux Canadas (Bas et Haut) demandent à l'Angleterre d'avoir de réels pouvoirs. Louis-Joseph Papineau, un homme politique canadien, attaque le projet de l'union des deux Canadas, il a beaucoup d'influence et est un des instigateurs de la rébellion qui suit. Cette rébellion éclate et est brutalement réprimée, (villages brûlés, combattants fusillés, conspirateurs emprisonnés ou exilés).

En 1840, Londres décide de diminuer les Canadiens français. Pour le faire, elle réunit les deux Canadas en une même province, et l'anglais devient la seule langue officielle. Louis Lafontaine, un autre homme politique canadien, forme le premier gouvernement du Canada avec le gouverneur Lord Durham. C'est le début du développement qui mènera à à la fédération (l'union des provinces) de 1867.

La Confédération

En 1867, les provinces de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau Brunswick, du Québec et de l'Ontario sont fédérées par l'Acte de l'Amérique britannique du nord. Éventuellement, d'autres provinces viendront se joindre à la Confédération. De plus en plus la province de Québec devient une minorité. En effet, le Québec avait une voix sur deux en 1840 - il n'y avait que deux provinces - et cent soixante-dix ans plus tard, n'a plus qu'une voix sur dix.

La vie politique est marquée par la division entre libéraux et conservateurs, qui se succèdent au pouvoir. Le partage du pouvoir entre les niveaux de gouvernement fédéral et provincial n'est pas toujours clair. En principe, il revient au Québec de s'occuper de droit civil, d'enseignement, des questions de langue, des hôpitaux, par exemple. Le gouvernement fédéral voit aux questions d'ordre général: défense, économie, relations extérieures. Mais certains aspects tels que l'immigration,la santé et les communications relèvent des deux niveaux de gouvernement, ce qui ne simplifie pas les relations fédérales-provinciales.

Les minorités françaises

Après 1867, les minorités françaises (après le Québec, les provinces les plus peuplées de Canadiens français sont le Nouveau-Brunswick et le Manitoba) se demandent quelle place elles occupent dans la Confédération; elles veulent savoir quels droits leur sont accordés.

En 1871, les catholiques francophones du Nouveau-Brunswick font appel au gouvernement fédéral pour régler une querelle ethno-religieuse et éliminer l'hostilité évidente des anglophones. Cet appel est peu fructueux et on ne leur donne que quelques vagues concessions.

En 1890, le gouvernement du Manitoba élimine le système scolaire des catholiques francophones. Ceux-ci font également appel au gouvernement fédéral mais sans aucun succès.

La participation aux guerres de l'Empire britannique

En 1914, la Première Guerre mondiale éclate en Europe. Le gouvernement fédéral choisit la solidarité avec l'Empire. Tout comme il avait déjà fait en 1899, alors que la Grande-Bretagne était en guerre contre les Boers en Afrique du Sud, le fédéral veut imposer la conscription aux provinces. Le Québec s'y oppose systématiquement et n'accepte que l'enrôlement volontaire.
Les méthodes de recrutement se font pressantes au point de semer la division. Le clergé prêche sur les devoirs des chrétiens, les femmes portent des insignes proclamant que ceux qui ne tricotent pas doivent combattre, et un nombre grandissant de Canadiens anglais se plaignent que les Canadiens français ne font pas leur part. Les rares Canadiens français qui font partie du gouvernement de Robert Borden se sont fait élire en 1911 en s'opposant à l'impérialisme.

Henri Bourassa, chef et porte-parole des nationalistes québécois, approuve d'abord la guerre, mais se met bientôt à répéter que les vrais ennemis du Canada français ne sont pas les Allemands, mais " les anglicisateurs canadiens-anglais, les intrigants de l'Ontario et les prêtres irlandais " qui travaillent à abolir l'éducation en français dans les provinces anglophones.
En 1940, lors de la Deuxième Guerre mondiale, la question de la conscription est discutée encore une fois. Le gouvernement fédéral, voyant que l'enrôlement volontaire ne suffit plus, imposera la conscription. Étant donné que le Québec refuse de participer avec les autres provinces, cette question de la conscription provoquera de nouveau des divisions entre anglophones et francophones. Il faut cependant se rappeler qu'un très grand nombre de volontaires canadiens français seront tués lors des batailles en Europe lors des deux guerres.

La Révolution tranquille

De 1960 à 1966, sous le gouvernement libéral de Jean Lesage, plusieurs réformes modernisent la société. Depuis les années quarante, des intellectuels, des artistes et des écrivains avaient exprimé une insatisfaction grandissante. Six millions de Québécois se rendent compte des nouvelles valeurs à encourager et veulent construire des bases solides pour le développement d'un pays: le Québec. En fait, ces Québécois suivent le mouvement de plusieurs peuples colonisés qui, à la même époque, se détachent des pays colonisateurs. Cette décennie, riche en changements et en événements de toutes sortes, constitue une étape majeure de l'histoire du Québec et orientera son futur.

Après la Révolution tranquille, et depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les tensions entre le fédéral et le provincial deviennent plus vives. Le Québec cherche à obtenir une nouvelle répartition des pouvoirs en faveur des provinces. La Constitution, loi britannique votée par Londres en 1867, ne pouvait être amendée que par le parlement britannique.

En 1981, Pierre Elliott Trudeau, premier ministre canadien d'origine québecoise, décide de rapatrier la Constitution en y apportant quelques modifications. Les provinces s'opposent avec force aux modifications proposées.
Huit ministres provinciaux sur dix, entraînés par René Lévesque (premier ministre de la province de Québec), résistent à l'autorité du fédéral. En une seule nuit, " la nuit des longs couteaux ", Trudeau parvient à convaincre sept premiers ministres qu'il met de son côté et Québec se retrouve seul à ne pas donner son accord au rapatriement et à la nouvelle chartre des droits. Une fois de plus, la majorité impose sa loi à la minorité.

La devise du Québec, " Je me souviens ", a été ajoutée aux armes de la province en 1883. C'est une devise qui est représentative du peuple québécois; elle est sentimentale, mais le poids du passé a, au Québec, une importance capitale. Pour les Québécois, "Je me souviens" peut représenter la mère patrie, la colonie française et son patrimoine, la Conquête par les Anglais et les conflits qui suivent, ou même l'héritage québécois qui distingue cette nation de francophones et qui fait allusion au nationalisme que l'on retrouve toujours dans la province.

 

Partie B : Genèse et développement de la société québécoise

C'est de la Normandie que venait le plus grand nombre de colons pour s'installer en Nouvelle- France. C'est sans doute la proximité de la mer et les nombreux ports qui ont incité les Normands à faire le voyage, près de 17% du total de colons. Près de 14% du total de colons venaient de la région française de l'Île-de-France . Est-ce que c'était sans doute la proximité de Paris, où les informations sur la Nouvelle-France étaient le plus disponibles à propos des nouvelles possibilités, puisque les administations responsables pour les décisions se trouvaient dans la capitale.

D'autres, près de 8% du total, venaient du Haut-Poitou avec le port très achalandé de La Rochelle. La majorité des colons venaient donc du nord-ouest de la France. Une fois rendus au Canada, ces colons abandonnent leur patois régional et adoptent tous la langue de l'administration, c'est-à-dire le français. L'occupation du territoire se fait de plusieurs façons: Il y a d'abord les coureurs des bois qui gardent farouchement leurs secrets de trappe et de commerce avec les Amérindiens. Les découvreurs qui vont souvent épouser des Amérindiennes et établir des avant-postes français. Les habitants qui s'installent sur un lot de terre, le défrichent, le cultivent et en deviennent les propriétaires. De nombreux soldats qui, après leur terme à l'armée, préfèrent rester sur place et devenir habitants plutôt que de rentrer en France où les attend un avenir médiocre.

L'occupation du territoire se fait de plusieurs façons:
Il y a d'abord les coureurs des bois qui gardent farouchement leurs secrets de trappe et de commerce avec les Amérindiens.
Les découvreurs qui vont souvent épouser des Amérindiennes et établir des avant-postes français.
Les habitants qui s'installent sur un lot de terre, le défrichent, le cultivent et en deviennent les propriétaires.
De nombreux soldats qui, après leur terme à l'armée, préfèrent rester sur place et devenir habitants plutôt que de rentrer en France où les attend un avenir médiocre.
Les filles du Roy. Vers 1665, voyant que la colonisation est lente par rapport à la colonisation anglaise, la France envoie, à plusieurs reprises, des jeunes filles dotées par le roi, qui doivent se marier dans les quinze jours de leur arrivée en Nouvelle-France et fonder une famille. Ces jeunes filles, orphelines et pauvres, préféraient l'aventure avec une somme d'argent à un avenir incertain en France.

À la fin du XVIIe siècle, une hiérarchie de la société se développe sur les bords de la rivière Richelieu, un affluent du St. Laurent. Copiant le modèle de la France, les seigneuries vont se multiplier. Par exemple, les officiers du régiment de Carignan-Salières, ayant terminé leur terme, décident de rester en Nouvelle-France, où ils se font attribuer des seigneuries dont ils distribuent les terres à leurs soldats, qui eux, deviennent des habitants.
Jusqu'à la signature de la Grande Paix de Montréal, c'est surtout la rive nord du Saint-Laurent qui se peuple.

Au début du XVIIIe siècle, la colonie s'organise et les communications deviennent plus faciles. La première route d'importance, le Chemin du Roy, suit la rive nord du Saint-Laurent et réunit Repentigny à la ville de Québec. Des forts sont construits pour la défense et on développe le commerce. En plus du commerce de la fourrure et de l'agriculture, il existe maintenant un chantier de construction navale.
L'Église canadienne est décentralisée, (réorganisée en de plus petites unités), et des paroisses sont fondées; il y en a 80 en 1721, avec à leur tête Monseigneur de Saint-Vallier. Malgré ces progrès, la colonisation française en Amérique du Nord est très lente. Par contre la colonisation anglaise en Nouvelle-Angleterre est beaucoup plus rapide.

Le système seigneurial

Au XVIIe siècle, on institue un système seigneurial. Si un individu était méritant ou avait de l'argent ou des influences, il pouvait devenir seigneur. On lui donnait une concession dont une des limites donnait sur une voie d'eau. La concession mesurait environ 200 mètres sur 2 500 mètres. Après 1725, toutes les rives du fleuve et de ses affluents sont occupées; il faut donc s'établir plus à l'intérieur des terres. Alors, on construit un chemin, qu'on appelle un rang, qui donne accès aux maisons du deuxième rang, puis du troisième rang, etc. L'alignement des fermes assez voisines les unes des autres, pour se voir et s'aider, forment un paysage très caractéristique du Québec rural d'aujourd'hui.

La plupart des seigneurs ont un niveau de vie élevé. Ce sont des nobles, des commerçants ou des communautés religieuses. Les seigneurs ne sont pas sur leur terre toute l'année et préfèrent résider en ville.

L'habitant devait payer:
le " cens " en argent, (comme une taxe)...quelques sous par " arpent " (environ 60 mètres),
la " rente " en nature...une pinte de blé et un demi-poulet par arpent,
le droit de mouture...pour payer l'entretien du moulin et du meunier,
le droit de mutation...un montant d'argent assez élevé qui était établi pour décourager l'habitant de déménager,
le droit de " corvée "...l'habitant le donne au seigneur de 4 à 8 jours par an pour aider à entretenir les routes, les ponts, les quais et les édifices publics.

Le seigneur, lui, doit aller à Québec tous les ans rendre compte aux autorités de la productivité de sa seigneurie. Il doit faire construire un moulin et l'entretenir, il doit organiser la défense et la protection civile de ses terres et de ses habitants, il doit enfin entretenir les chemins et les ponts sur ses terres.
L'habitant doit foi et hommage au seigneur ; le seigneur à son tour doit hommage et fidélité au gouverneur de Québec.
L'habitant et le seigneur paient "la dime" au curé, c'est le 26ème " minot " (sac) de grain produit.

Ce système social est resté le même après la Conquête jusqu'en 1854.
En 1663, la colonie est administrée par:
le gouverneur, il a la responsabilité et le pouvoir militaire,
l'intendant, il s'occupe de questions civiles (économie, police, justice),
l'archevêque ou l'évêque, il s'occupe des questions qui touchent la religion.

Le gouverneur a des conseillers, des seigneurs ou des officiers, qui donnent leur avis et qui peuvent agir au nom du gouverneur.
Parmi tous les gouverneurs, les archevêques et les intendants, on retiendra les noms des gouverneurs Frontenac et Vaudreuil, les noms des archevêques Mgr de Montmorency-Laval et Mgr de Saint-Vallier, et le nom de l'intendant Jean Talon.

Ces administrateurs vivent " à la française " et résident dans les villes; ils suivent les règles du système monarchique français, cependant, la France fait sentir sa supériorité et impose ses règles.

Caractéristiques de la société canadienne

Il existe dans cette société deux tendances fondamentales: le désir de posséder des terres ce qui mène au défrichage et à l'agriculture et deuxièmement, le goût de l'aventure et de la découverte.
Dès le début de la colonie, les administrateurs désirent une société homogène en Nouvelle-France. En effet, en 1627, seuls les catholiques sont invités à venir s'y installer, éliminant ainsi les protestants français.
C'est dans les villes que se trouvent l'administration, les négociants, les armateurs, (propriétaires de bateaux), et les
commerçants.
On ne peut pas oublier l'importance de la traite des fourrures. Il faut un permis pour " faire la traite " mais il y a cinq fois plus de coureurs de bois que les 400 ou 500 permis donnés! Il faut dire que c'était un commerce qui rapportait beaucoup plus que l'artisanat.
Le prix des fourrures est fixé d'après ceux consentis par les compagnies de traite. En 1665, le troc effectué entre les coureurs des bois et leurs pourvoyeurs amérindiens établit comme suit la valeur des peaux:
1 couverture blanche de Normandie: 6 castors
1 fusil: 6 castors
1 barrique de blé d'Inde: 6 castors
1 couverture de ratine: 4 castors
1 grand capot: 3 castors
1 moyen capot: 2 castors
1 petit capot: 1 castor

En effet, la colonie a toujours eu des difficultés pour recruter tous les artisans nécessaires à son développement. Il faut donc continuer à faire venir des spécialistes de France, surtout ceux qui s'occupent de construction et de transport. L'habitant doit donc se débrouiller avec les moyens dont il dispose.
Au XVIIIe siècle, les trois-quarts de la population vivent de l'agriculture, ce qui fait dire aux Québécois d'aujourd'hui " Nous avons tous un grand-père cultivateur ".
Le clergé encourage cette vie stable car il est plus facile de contrôler l'habitant que le coureur de bois. De plus, les habitants vivent à l'aise et peuvent largement satisfaire les besoins de leur famille.
Il y avait donc à l'époque cinq couches de la société: les administrateurs, le clergé, les marchands, les coureurs des bois et les habitants.
Alors qu'en France le peuple n'était pas avantagé par le système social; les serfs travaillaient une terre qui ne leur appartiendrait jamais, la société québécoise, elle, jouit d'une indépendance favorisée par le système canadien: l'habitant est maître chez lui et sa terre lui appartient.

La survivance après la Conquête

Après le Traité de Paris en 1763, (Le Traité de Paris met fin à la Guerre de Sept Ans entre la France, l'Angleterre, l'Espagne et d'autres pays), la France sort du conflit très affaiblie sur le plan militaire et économique. Elle perd plusieurs colonies à l'Angleterre; c'est-à-dire le Canada, la Louisiane, le Sénégal et quelques autres territoires. C'est un petit peuple de 65 000 personnes qui passe aux mains des Anglais. En effet, les administrateurs, les militaires, les commerçants principaux et les seigneurs fortunés sont repartis pour la France, environ 5 000 personnes. La majorité des gens qui sont restés sont des habitants et une centaine de seigneurs. Si les seigneurs français deviennent pauvre, coupés de tout ce qui touche le commerce des fourrures, ils vendent leur seigneurie aux Anglais ou favorisent les mariages de leurs enfants avec les enfants de ces mêmes Anglais.

C'est à la fin du XVIIIe siècle que se sont précisées les traditions et les coutumes des Québécois d'aujourd'hui. Contrairement au commerce et à l'industrie, l'agriculture offre peu l'occasion d'ouverture sur le monde, l'habitant va donc développer une vie sociale repliée sur elle-même, sans grands contacts avec les Anglais.
On file et on tisse chez soi. C'est au Québec que se développe la technique du fléché (tissage de longs brins de laine que l'on fait avec les doigts). Ces grandes ceintures fléchées de couleurs vives, avec la tuque, font partie du vêtement traditionnel québécois.
Dès la fin du XVIIIe siècle, les Canadiens vont vouloir préserver leur identité en se multipliant a un rythme étonnant; des familles avec douze enfants sont considérées normales. Malgré une forte mortalité infantile, la population double tous les vingt-cinq ans.
Les 65 000 Canadiens de 1763 deviendront les 6 millions de Québécois que l'on peut compter deux siècles plus tard.

À partir de 1830-1840, l'Église joue un rôle plus important dans la société, surtout dans les paroisses rurales. Il faut rester catholiques sous la domination protestante et il faut protéger la langue française sous la domination anglaise; les Canadiens renforçaient la responsabilité de ne pas se faire minoriser dans leur propre pays.
Avec la forte élévation de la population, il faut ouvrir de nouvelles terres à la colonisation et de nouvelles paroisses pour tout ce monde. Vers 1840, plusieurs familles s'installent autour du Lac Saint-Jean. Vers 1870, c'est au nord de Montréal, dans les Laurentides que se formeront " les pays d'en haut ". Vers 1880, c'est le développement du Témiscamingue et la construction des voies ferrées qui ouvrent l'Abitibi à la colonisation vers 1910.
Le XIXe siècle est une période d'immigration anglo-saxonne massive. Les Canadiens qui essayent de fonder des familles nombreuses ne peuvent plus maintenir la proportion de francophones dans leur pays.
Au milieu du XIXe siècle, c'est la naissance du " village " qui se distingue de la zone rurale qui l'entoure appelée " municipalité de paroisse ". Il y avait des différences d'ordre socio-culturel entre habiter les rangs et demeurer au village. Dans les rangs les veillées étaient de coutume; les habitants se rassemblaient pour parler, discuter et raconter des histoires. Dans les villages, les gens étaient plus " chez soi ".

Les Anglais au Québec

Les administrateurs. Ce sont des Anglais experts en administration qui, grâce à leurs postes importants, deviennent riche rapidement. Cette minorité bourgeoise a gardé ses habitudes londoniennes et, à Québec comme à Montréal, c'est l'heure du thé de l'après-midi et des maisons en rangées. Plus tard, ceux qui ont fait fortune s'installeront dans de splendides villas le long du Saint-Laurent. Pour ces Anglais, les Canadiens sont des citoyens de deuxième ordre qui sont majoritaires mais qui veulent rester catholiques et français. On respectera leurs voeux, car leur soumission aux autorités anglaises peuvent, en cas de conflits avec les jeunes États-Unis, en faire de puissants alliés.
Les Loyalistes. Après la Déclaration d'Indépendance des États-Unis, plusieurs Anglais, loyaux à la couronne britannique, préfèrent quitter leurs terres et viennent au Canada. L'administration anglaise donnera à ces Loyalistes de très belles terres et d'importantes récompenses; ce sera la naissance d'une colonie agricole anglaise. Ils s'installeront surtout dans les Cantons de l'Est (Sherbrooke, Granby).
Les Irlandais. Pendant la première moitié du XIXe siècle, on calcule à deux millions le nombre de personnes qui quittent l'Irlande pour venir en Amérique du Nord. À cause des maladies contagieuses, le choléra et le typhus, un tiers meurt pendant le voyage. Le Québec, étant un des ports d'entrée sur le continent américain, reçoit deux épidémies qui sont transmises aux habitants de la ville. Beaucoup de ces Irlandais ne font que passer mais plusieurs survivants sont accueillis par les Canadiens et choisissent de rester au Québec.

L'économie

L'Église encourageait les jeunes de familles nombreuses à rester sur la terre plutôt que d'aller travailler à l'usine aux États-Unis. Pour les garder, elle enseignait la conviction que le travail de la terre était le seul qui prépare l'honnête homme à la vie surnaturelle.
C'était également entendu que un enfant ou deux de chaque famille nombreuse consacre sa vie à l'Église. On ne demandait pas leur avis, ainsi chaque famille avait un ou plusieurs bons pères ou bonnes soeurs ou les deux.
Les terres neuves de la vallée du Saint-Laurent offraient d'ailleurs un excellent rendement et produisaienténormément de céréales qui étaient vendues puis exportées. Les Anglais voyaient ce développement de l'agriculture comme une bonne solution étant donné qu'ils ne voulaient pas d'industries de transformation qui auraient pu concurrencer leurs industries de Manchester, Londres ou Liverpool.

On a décidé alors pour l'exploitation des ressources naturelles de ce grand territoire, consolider l'exploitation des fourrures et mettre en place un système d'exploitation de la forêt. Ainsi donc, pendant l'hiver, quand les travaux à la ferme sont terminés, de nombreux habitants deviennent bûcherons et des forêts entières sont fauchées.

L'attribution des noms

La toponymie - les noms de lieux

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on utilise les noms de lieux déjà donnés par les Amérindiens, comme Tadoussac, Québec, Rimouski, Chicoutimi, etc.
On nomme les rivières et les agglomérations suivant une formation géographique, comme pour Pointe-au-Pic ou Trois-Rivières. Cette dernière est située au confluent de la rivière Saint-Maurice, qui arrive du nord, et du fleuve Saint-Laurent, qui coule vers l'Atlantique. Elle tire son nom des trois " chenaux " que forme le Saint-Maurice à son embouchure.
On se sert d'un fait divers, comme pour Trois-Pistoles. En 1621, un navire s'échoue à l'ouest de l'île aux Basques. Les provisions d'eau douce s'étant épuisées, deux matelots et un second se rendent à la rivière qui se trouve en face pour y remplir des tonneaux. Pendant que les matelots font le remplissage, l'officier sort un gobelet mais en voulant le remplir il l'échappe à la rivière et s'écrie: " Voilà trois pistoles de perdues ! ". Comme cette rivière ne portait pas encore de nom, on l'a désignée comme Rivière Trois-Pistoles.

Au XIXe siècle, lors de la fondation de nouvelles paroisses, c'est le nom du saint patron de l'Église que l'on donne. Tous les saints du calendrier y passent. Il existe des quantités de Saint-Joseph, de Sainte-Marie, de Sainte-Anne; alors pour les diférencier on a ajouté des précisions:
Saint-André-de-l'Épouvante, Sainte-Rose-du-Dégelis, Sainte-Émilie-de-l'Énergie, etc.
Les Loyalistes qui se sont installés dans les Cantons de l'Est donnent aux lieux des noms anglais: New Carlisle, Chandler, Windsor, Sherbrooke.
L'arrivée du chemin de fer déplace parfois certaines agglomérations. Ainsi Portneuf devient Portneuf-ville et à 3 km de là, sur la voie ferrée, se trouve Portneuf-station.
Si un village s'agrandit en une autre agglomération, on distingue l'ancien du nouveau village: Ancienne-Lorette et Jeune-Lorette par exemple.

L'onomastique - l'origine des noms propres français

Les deux tiers des Canadiens français sont issus des 3 380 colons qui se sont installés avant 1680, il n'est donc pas étonnant de trouver le même nom de famille des centaines de fois dans l'annuaire téléphonique de Montréal (Tremblay, Vachon, Gagnon, Bourbon, Roy, etc). Par exemple, l'ancêtre des Tremblay, Pierre, est arrivé en 1647. Aujourd'hui, il a plus de 180 000 descendants (un Québécois sur cinquante s'appelle Tremblay!).
On trouve aussi beaucoup de sobriquets ou de surnoms habituels chez les soldats: Laframboise, Latendresse, Latulippe, Jolicoeur, etc.
Les hommes d'Église ont donné des noms chrétiens aux Amérindiens baptisés; par exemple, le chef du village huron de Jeune-Lorette s'appelait Zacharie Vincent.

Partie C : Le Québec moderne

L'industrialisation

Vers 1840, c'est la naissance de l'industrialisation grâce à la construction ferroviaire. Plus tard, elle se diversifie dans le textile et la chaussure. Au début de ce siècle, l'hydro-électricité et l'aluminium donnent au Québec un nouvel élan.
La société rurale dont rêvait l'Église doit faire place à une société industrielle et urbaine. De 1887 à 1936, ce sont les libéraux qui, sur la scène politique, encouragent le développement industriel.

Honoré Mercier devient Premier ministre libéral du Québec le 29 janvier 1887. Il convoque en octobre 1887 la première conférence interprovinciale depuis 1867 pour discuter de l'autonomie provinciale et des subventions fédérales. Il augmente la colonisation en créant le ministère de l'Agriculture et de la colonisation en 1888. En 1890, il est réélu Premier ministre.

La société s'urbanise

En 1921, cinq Québécois sur six habitent dans une ville. Les Québécois vont prendre conscience qu'ils ne sont plus des ruraux. Plusieurs coutumes vont disparaître ainsi qui représentaient la vie rurale et religieuse, comme la vente des bancs d'église, la bénédiction du Jour de l'An, la bénédiction du lit nuptial etc. C'est avec regret que l'Église voit s'éteindre ces coutumes religieuses qui sont maintenant remplacées par d'autres coutumes laïques (non-clergé), comme les parties de sucre, les épluchettes de blé d'Inde et le plaisir de se réunir pour bien manger.
La ville de Montréal qui était jusqu'à récemment la métropole non seulement du Québec mais du Canada, se manifeste clairement française tout en s'enrichissant de l'arrivée d'immigrants de plusieurs pays, (Italiens, Grecs, Haïtiens, Latino-Américains), et de l'établissement de l'importante communauté juive.

La Révolution tranquille et ses conséquences

Vers les années soixante, il y a une période de rupture qu'on appelle la Révolution tranquille; des changements radicaux et rapides affectent la société québécoise. On remet en question tout ce qui semble jusque là établi; c'est l'éclatement des cadres sociaux institutionnels comme l'Église et la famille nombreuse. Les certitudes s'affaiblissent, une certaine créativité effervescente remplace le manque d'initiative, une imagination parfois déchaînée remplace la soumission et la discipline. L'État devient tout-puissant et se charge des responsabilités si longtemps dévolues à l'Église.
Les syndicats défendent les intérêts des employés contre les employeurs. La société, comme l'individu, n'a plus les mêmes valeurs et l'éducation devient capitale. Après la Deuxième Guerre mondiale, les transformations se font à un rythme accéléré. La prospérité permet l'amélioration du niveau de vie et les désirs pour un modernisme se font plus pressants.

La campagne est abandonnée pour la vie urbaine et le retard dans les secteurs de l'éducation et des services sociaux est évident.
L'ordre de la Révolution tranquille était " le rattrapage "; il fallait à tout prix se mettre au même niveau que le reste du pays.
L'arrivée de la télévision va informer et éclairer les milieux qui jusque là n'étaient pas également préparés à ces changements.
Maintenant l'individu possède un pouvoir d'achat qui va lui permettre des loisirs, des sports et des voyages sans les contraintes des pratiques religieuses et des familles nombreuses.
La Révolution tranquille favorise une activité économique qui ouvre le Québec sur le monde, plus particulièrement le monde francophone, (la France et plusieurs pays d'Afrique).
La réorganisation administrative s'occupe de tous les aspects de la culture. Les problèmes de langue et de communication sont à l'ordre du jour des politiques. La société québécoise sent renaître en elle l'élan indépendantiste; cet élan qui revient régulièrement avec le Parti québécois (provincial) et le Bloc québécois (fédéral).

La situation des femmes

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le rôle de la femme était traditionnellement celui d'épouse porteuse d'enfants et de mère nourricière. Au XIXe siècle, une force matriarcale s'est développée sans libérer la femme de son rôle traditionnel.
Le Québec sera la dernière province à accorder le droit de vote aux femmes, en 1940. On avait beaucoup de mal à voir les femmes dans un autre rôle que celui d'épouses et de mères; la seule profession qu'on leur accordait était celle d'institutrice.
Lors de l'exode vers les villes, les femmes deviennent
infirmières, secrétaires ou travailleuses en usine alors que leurs frères ont des professions plus prestigieuses; ils deviennent médecins, professeurs, cadres ou ingénieurs. Le féminisme, arrivé assez tard, a obtenu en un temps record des privilèges pour le bénéfice des femmes. Les femmes de plus en plus nombreuses entrent sur le marché du travail et des lois sont progressivement votées pour supprimer les principales inégalités entre les hommes et les femmes.

La multiethnicité

Au XXe siècle et surtout après la dernière guerre mondiale, de nombreuses personnes sont arrivées au Québec, soit pour des raisons de facilité économique, soit pour des raisons politiques. Le peuple québécois n'est donc plus un peuple seulement composé de descendants des premiers Français.
Il y a une quantité de Français d'Afrique du Nord, de Chiliens, de Vietnamiens, de Cambodgiens sans compter les Italiens, les Grecs et les Haïtiens qui se sont installés principalement dans la grande ville de Montréal. La province a d'ailleurs besoin d'une assez grande immigration car ce sont les immigrants qui rajeunissent une société vieillissante que les naissances n'arrivent plus à équilibrer, (le taux de naissance a fortement baissé).

Certainement, ces immigrants gardent certaines traditions culturelles, religieuses ou alimentaires mais ils doivent adopter les coutumes d'un Québec qui s'est fait en français et qui veut le rester.
L'évolution originale du Québec a apporté certains comportements particuliers, comme par exemple l'habitude de se tutoyer, même lors d'un premier ou unique contact. C'est peut-être un facteur supplémentaire qui facilite la réception des différents groupes ethniques?

Un nouvel ordre économique

Le sous-sol du Québec offre des ressources naturelles encore insoupçonnées. Il y a déjà du fer, du cuivre, du zinc, de l'or et de l'argent. De plus, il y a de l'amiante. Pendant les années 90, le Québec fournissait 22% de la production mondiale d'amiante, même si plusieurs pays interdisaient l'importation de cette substance pour question de santé.
En 2012, le Parti Québécois gagne l'élection et annule un prêt de $58 000 000 proposé par l'ancien gouvernement libéral pour aider les mines d'amiante. Aujourd'hui, les mines sont toutes fermées et le Québec ne produit plus d'amiante.

Le Québec produit près de 10 % de l'aluminium mondial, grâce à l'aluminerie Rio Tinto Alcan et à son concurrent, Alcoa.

Avec 61 centrales hydroélectriques, Hydro-Québec constitue le principal producteur d'électricité au Canada et le plus grand producteur mondial d'hydroélectricité. La puissance installée de ses installations s'établissait à 35 829 mégawatts (MW) en 2011. L'Hydro-Québec avec ses immenses barrages est un avantage économique important. Cette énergie permet l'installation de plusieurs industries de transformation (l'aluminium, les produits chimiques) et surtout l'exportation vers le restant du Canada et vers les États-Unis.

Les forêts, qui ont été beaucoup trop exploitées au XIXe siècle, se voient détruites aujourd'hui. On reboise donc beaucoup et on espère une meilleure régularisation de la coupe. Ceci n'empêche pas les industries du bois de participer activement à l'économie de la province. En effet, il existe environ 150 scieries pour les ateliers de bois ouvré et il y a plus de 40 usines de pâtes et papiers, avec $18 milliards en expédition (2013).

En agriculture, les fermiers se sont diversifiés et s'orientent vers l'élevage, (vaches laitières et porcs), mais gardent les récoltes, (la luzerne pour nourrir le bétail, le maïs, les pommes de terre, les pommes et les fraises). De plus, ils ont gardé la tradition amérindienne de "saigner" les érables pour obtenir un sirop et un sucre délicieux dont ils tirent un revenu supplémentaire.

Au début du siècle, c'est la naissance d'un mouvement coopératif qui permet aux agriculteurs de mettre leurs forces en commun (Agropur) ainsi qu'un système bancaire (Mouvement Desjardins) qui peut les aider.
Les grandes entreprises comprennent les industries manufacturières, la construction, et certaines industries de transformation, (textile, chaussure, vêtement). Malgré la concurrence avec les produits manufacturés en Orient ou en Extrême-Orient, les industries de transformation les plus énergiques gardent une bonne part du marché.

Les petites et moyennes entreprises, (PME), qui s'occupent de commerce et de service, alimentent l'économie québécoise d'une façon importante (45% des revenus déclarés).

Plusieurs entreprises importantes mettent le Québec sur la carte du monde, mais la plus connue est:
Bombardier, le seul constructeur au monde à fabriquer à la fois des avions et des trains. Après la motoneige, (qui n'est maintenant plus fabriquée par la compagnie), Bombardier fabrique les wagons du métro de New-York et de Mexico, parmi d'autres. De plus, cette entreprise exporte des trains un peu partout dans le monde. La compagnie se concentre plus récemment sur la construction d'avions aussi. Cette compagnie a un revenu total de plus de $18,2 milliards, (2013), et a un marché avec plus de 80 pays à l'échelle
mondiale.

L'industrie aérospatiale québécoise représente 55 % de la production canadienne avec plus de 12 milliards de dollars de ventes en 2013. Elle regroupe plus de 215 entreprises et 43 500 emplois.

Au Québec, on dénombre plus de 5 000 entreprises dans l'industrie des technologies de l'information (TI) et plus de 100 000 personnes y détiennent un emploi. Ce secteur représente des revenus de l'ordre de 31 milliards de dollars dont près de 85% proviennent de l'activité sur les marchés extérieurs. En fait, on note une forte présence internationale de ces technologies québécoises principalement par le biais du secteur manufacturier et, dans une moindre mesure, dans le secteur des services conseils. L'industrie québécoise des technologies de l'information regroupe six grands secteurs d'activités, soit les télécommunications, le multimédia, les services informatiques et les logiciels, le commerce électronique et les médias électroniques, la microélectronique et les composants, de même que l'équipement informatique.

En 1989, le gouvernement canadien a conclu une entente de libre échange avec les États-Unis. En 1994, c'est L'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA- [NAFTA]). Si le Canada doit protéger son économie, le Québec, lui, doit en plus protéger son identité linguistique et culturelle qui risque d'être noyée dans la multitude de langue anglaise et de culture anglo-saxo- nord-américaine. Par exemple, même si la câblodistribution apporte au Québécois les émissions américaines en général, il continue à leur préférer les téléromans (feuilletons télévisés) locaux et les séries sociologiquement typiques.

De nos jours, la préoccupation la plus importante reste le chômage, (taux de 7%), surtout chez les jeunes. La création d'emplois grâce à la technologie pourra peut-être, sinon régler le problème, au moins le diminuer.

 

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