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La Politique au Québec

 

En Nouvelle-France

Avant 1663, le roi de France confiait à des particuliers la tâche de coloniser la Nouvelle-France. Il donnait à des compagnies tous ses pouvoirs sur la colonie, cependant, il pouvait les reprendre si ces compagnies ne remplissaient pas leurs obligations. Pour améliorer leur nouveau territoire, Louis XIII et Richelieu, son ministre, ont donné une grande impulsion à la Nouvelle-France en fondant la "Compagnie de la Nouvelle-France" en 1627, aussi connu sous le nom de "Compagnie des Cent-Associés". Grâce à cela, le commerce du nouveau territoire s'est développé et a augmenté le pouvoir de la Nouvelle-France. En 1661, le roi Louis XIV a décidé de changer le type de gouvernement en monarchie absolue. À partir de ce moment, la France administrait directement la colonie.

Après 1663, le roi détenait la plus haute autorité. Il nommait les dirigeants de la colonie et il pouvait renverser n'importes quelles de leurs décisions. Le roi avait un gouverneur qui avait comme rôle l'organisation militaire (il dirigeait les troupes, élaborait la stratégie militaire, décidait avec l'intendant des fortifications à construire et nommait les capitaines de milice) et les relations extérieures (il s'occupait des rapports de la Nouvelle-France avec les colonies anglaises et les nations amérindiennes). En plus d'un gouverneur il y avait un intendant qui avait comme rôle, dans le domaine de la justice, de présider le Conseil souverain (le plus haut tribunal de la colonie), juger les conflits entre seigneurs et habitants et interpréter la loi.

Dans le domaine de l'administration intérieure, l'intendant veillait au peuplement et à l'occupation du territoire en distribuant les seigneuries avec le gouverneur et s'occupait de plusieurs autres choses. Pour ce qui est des finances, l'intendant était le responsable de la vie économique de la colonie. Il gérait le budget en percevant les impôts et en administrant les dépenses, il surveillait les prix et la circulation de la monnaie, règlementait le commerce intérieur et la traite de fourrures et en plus il devait développer les industries et autres secteurs économiques.

Le gouvernement français transmet à sa colonie le système de références selon lequel il opère. Toutefois en Nouvelle-France, ce système aura une orientation tout à fait particulière du fait que le groupe de colons ne vit précisément pas dans les conditions dans lesquelles il vivrait en France sous cette même monarchie.
C’est une monarchie d’absolutisme, avec droit divin qui a prééminence sur l’Église. Au XVIIe siècle, l’Église de France est relativement soumise aux intérêts de l’État. Ces mêmes intérêts demandent que la colonie rapporte des revenus substantiels. Cependant, le roi est loin de la Nouvelle-France, et son représentant dans la colonie paraît également loin à beaucoup de colons, ce qui développe chez les habitants un certain individualisme.

Dans ce vaste territoire, il est facile de contourner les lois que le gouverneur et l’intendant n’ont ni le temps, ni les effectifs nécessaires pour les faire respecter. De plus, c’est un système social relativement simple avec une bureaucratie presque inexistante, donc les colons ne participent pas vraiment aux décisions politiques qui orientent leurs vies.
Parallèlement à cet esprit d’indépendance des habitants, la classe bourgeoise des marchands va peu à peu s’organiser pour faire des représentations aux autorités dans l’intérêt du commerce.À la fin du régime français, la différence de perception entre le gouvernement français et la colonie crée un malaise chez les Canadiens, qui se sentent de moins en moins compris et aidés. C’est sans doute ce qui explique la décision de Louis XV avec le Traité de Paris, puisque ses conseillers ne voyaient vraiment pas la colonie canadienne avec la même détermination que ceux qui la construisaient sur place.

Après la Conquête

Du point de vue social, la structure de la nouvelle colonie anglaise se transforme. Les Anglais veulent une économie industrielle qui s’appuie sur l’exploitation forestière, ce qui est très différent de l’économie rurale qui existe déjà.
Les élites de la société canadienne anglaise se tournent vers les professions ouvertes par le départ du peuple conquis: l’administration, l’enseignement, la médecine, etc. Il y a également quelques entreprises et commerces - les grands commerçants sont maintenant les conquérants. Cette nouvelle petite bourgeoisie anglaise essaye de rester près du peuple de cultivateurs et va s’occuper de politique parce que c’est le seul moyen d’imposer ses idées.
On appelle toujours les conquérants "les Anglais" et cette appelation, courante jusqu’en 1960, est encore en usage dans certaines paroisses rurales. Pour eux, l’Anglais est celui qui n’est pas d’ici et qui ne peut pas être Canadien comme celui dont les ancêtres ont choisi ce pays.

Louis-Joseph Papineau et la rébellion

Louis-Joseph Papineau est arrivé en politique au moment où un grand vent de changement soufflait sur l'Assemblée. Depuis 1805, les élus avaient commencé à se regrouper en Partis. D'un côté, les nationalistes canadiens, basés à Québec, se portaient défenseurs des institutions et des traditions canadienne-françaises. L'idée d'un gouvernement responsable et d'une "nation canadienne" émergeait (à l'époque, les seuls à se dire fièrement Canadiens étaient en majorité les francophones de la vallée du Saint-Laurent). De l'autre côté de l'Assemblée, s'opposaient à eux les riches marchands anglais, les fonctionnaires du secteur public et les immigrants loyalistes américains. Ce groupe était éminemment monarchiste et ne souhaitait nullement voir ces francophones s'approprier les pouvoirs que tenaient le gouverneur britannique.

À l'Assemblée, les députés francophones sont d'abord du Parti canadien, qui deviendra ensuite le Parti patriote. Ce parti, dirigé par Papineau, compte aussi des Irlandais dans ses rangs, (qui sont, eux aussi, anti-britanniques). Les demandes du parti sont d'ordre politique: par exemple, il s'oppose à l'union du Haut et du Bas Canada, car le peuple est déterminé à garder sa langue et ses valeurs culturelles contre toute manifestation abusive du pouvoir politique en place.

Un homme d’une intelligence remarquable, Papineau voit l’état d’infériorité des Canadiens français et son engagement intellectuel et politique essaye de renverser cette situation: par exemple, il organise un boycottage des produits importés d’Angleterre, (les Canadiens français n’achetaient que des produits canadiens), ce qui mène au développement de nouvelles productions locales. Étant chef du parti, Papineau combat constamment les intentions de l’Empire britannique. Le chef des Patriotes a compris que c’est sur le plan de la politique qu’il faut combattre le colonialisme anglais. À partir de 1825, une partie des Canadiens se ligue derrière lui.

Pendant que les habitants ruraux restent dans un milieu relativement pauvre, l’immigration des Anglais augmente. Le contrôle du lucratif commerce du bois échappe aux Canadiens comme leur échappe le contrôle des dépenses de la colonie.

En 1834, grâce à un appui populaire massif et bien organisé, le Parti patriote présente 92 résolutions à l'Assemblée qui traitent les objectifs nationalistes de la bourgeoisie et des habitants. Dans ce document, les Patriotes résument leurs exigences d'ordre politique, économique et social. Ils dénoncent les abus du gouvernement capitaliste et de leur régime qui favorise les riches et les Anglais. Le parlement de Londres a rejeté catégoriquement les requêtes des Patriotes.

Dès lors, le mouvement Patriote est devenu un mouvement révolutionnaire. L'aile radicale du parti, dominée par Robert Nelson, s'est prononcé en faveur d'une révolution armée. Papineau, de son côté, s'avérait plus prudent et modéré, espérant toujours trouver une solution pacifique à la crise. Il a continué à favoriser les moyens de pression et à encourager la population à boycotter les produits anglais. Après quelques années d'inactivité de la part du gouvernement, l'exaspération des Canadiens mène à une rébellion en 1837.

Le gouvernement arrête cette révolution en un an et c’est un échec pour les Canadiens. Les chefs du Parti patriote, Papineau inclus, se sont réfugiés aux États-Unis, pendant que les meneurs de la rébellion ont été exécutés ou exilés en Australie. Cette affaire laisse le peuple désorienté, mais reste quand même une date d’importance dans l’histoire des idées au Québec.

Après la rébellion

L’économie du Canada se diversifie avec l’industrialisation naissante: exploitation du bois, transformation des produits de consommation, fabrication des matériels de transport. On construit des voies de communication, routes et voies ferrées, et on organise les voies de navigation. L’agriculture aussi va vers un autre système de production avec l’ouverture de l’Ouest à la colonisation, mais le Québec ne participe que marginalement à cette transformation et la société rurale agricole reste sur ses terres qui s’épuisent peu à peu.
Après 1840, la société canadienne-française se tourne vers les clercs qui reprennent leur autorité. L’Église va devenir, selon Lionel Groulx, "l’institution la plus musclée du Canada français." Basée sur la religion, la langue et le respect des institutions en place, l’idéologie de l’Église devient conservatrice, orientée vers un passé de catholicisme, de langue française et d’agriculture. L’Église développe cette idée de la "vocation" agricole du Canadien français; on ouvre de nouvelles paroisses l’une après l’autre, où on prêche une prospérité et un avenir qui se trouvent dans la culture et les pâturages de son riche territoire.
Il reste encore aujourd’hui au plus profond des Québécois une vieille tendresse pour ce côté agriculturiste et le contexte qu’il évoque, voyant le succès de plusieurs séries télévisées qui représentent cette époque.
En fait, la vocation agricole dépend de la religion qui va prendre la première place dans la vie d’une majorité de Canadiens français.
En même temps, l’Église va s’occuper de certaines responsabilités sociales, telles que l’éducation, les services sociaux comme les hôpitaux, les crèches et les orphelinats, etc.

La fin du XIXe siècle voit l’émergence d’une bourgeoisie canadienne-française dont les idées se rapprochent de celles de la bourgeoisie anglophone. Ces élites défendent les idées capitalistes, le progrès industriel, l’individualisme et l’entreprise privée. Peu à peu, l’influence de l’élite bourgeoise et du clergé se limiteront: la bourgeoisie d’affaires laissera un certain nombre de responsabilités à l’Église qui, en retour, abandonnera son rêve de théocratie rurale et urbaine.

Cependant, l’esprit de contestation qui représentait le Parti patriote n’a pas disparu avec l’écrasement de la rébellion. Dans le milieu intellectuel et chez certains politiciens, une pensée radicale se développe qui, sur le plan politique, demande la laïcisation de l’éducation et s’oppose à l’autorité de l’Église. Malgré ces mécontents, le paysage sera, jusqu’au XXe siècle, dominé par les ultramontains et les libéraux.

L'ultramontanisme

L'ultramontanisme est la doctrine religieuse qui reconnaît l'autorité absolue du pape et la supériorité de l'Église catholique. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, l'Église du Québec augmente le prestige des institutions catholiques. Elle étendra son autorité dans plusieurs domaines, y compris la politique. Les libéraux se montrent anti-cléricaux, alors le clergé appuie le Parti conservateur: " Rouge, c'est l'enfer; Bleu, c'est le paradis ".
Cependant, l'opposition du libéralisme et des anglo-protestants empêchera les ultramontains de réaliser une théocratie pour la société québécoise.

Le libéralisme

La pensée libérale existe depuis la fin du XVIIIe siècle; elle est le privilège de la bourgeoisie, qui affirmera ses privilèges avec de plus en plus d'assurance au cours du XVIIIe siècle. Chez les anglophones, le libéralisme est orienté vers des réalisations économiques. Les rouges défendent les principes démocratiques, tels que le suffrage universel, l'abolition de la tenue seigneuriale, etc. Ils sont aussi opposés à l'Union qui ne soutient pas les intérêts des Canadiens français; ils demandent aussi la séparation de l'Église et de l'État. Le Parti rouge est constitué d'éléments très actifs sur plusieurs plans: Papineau, A.A. Dorion, plus tard, Wilfrid Laurier. Intellectuels, ils s'expriment de façon claire dans les journaux L'Avenir et Le Pays. L'anticléricalisme des rouges leur aliène une grande majorité des Canadiens français. Cela mènera à une nouvelle génération de libéraux plus modérés.

Les rouges insistaient sur l'importance de l'éducation et voulaient laïciser le système. Ils fondent l'Institut canadien en 1844 pour donner à la jeunesse un lieu de documentation et d'échanges qui n'a pas d'autorité cléricale. On y trouve des salles de conférences et une bonne bibliothèque. C'est ici que les libéraux vont continuer à défendre un idéal de démocratie et de liberté, suivant l'idéologie des Patriotes.
Mais l'évêque de Montréal, Monseigneur Ignace Bourget, réussit à réduire considérablement l'influence de cette école de pensée en obligeant les catholiques à respecter les règles de l'Index. Le libéralisme subit alors une défaite; c'est la pensée ultramontaine qui gagne cette fois-ci.

Au moment de la Confédération, les libéraux étaient considérablement affaiblis, mais un libéralisme modéré continue d'exprimer l'individualisme.
Au début du XXe siècle, c'est la presse d'affaires qui appuie cette vision libérale, qui s'affirmera en s'appuyant sur le développement économique.

Du nationalisme à l'idée d'indépendance

On peut voir les premières manifestations de l'idée d'indépendance dans la rébellion de 1837-38. Avec la Confédération, la nation canadienne-française reçoit un territoire que les politiciens québécois vont défendre, voyant une certaine autonomie face à l'ensemble fédéral.

Henri Bourassa

L'idée du nationalisme est avancée par un des grands politiciens et journalistes québécois: Henri Bourassa. Député au parlement fédéral, cet anti-impérialiste s'oppose à la Grande-Bretagne, mais pas au Canada: "Nous, Canadiens français, nous n'appartenons qu'à un pays. [...] La patrie, pour nous, c'est le Canada tout entier." Il fonde Le Devoir dans cet esprit. Respectueux de la dualité canadienne, il recommande un développement équilibré des deux cultures. Orateur brillant, il donne un discours célèbre à l'église Notre-Dame de Montréal, défendant la foi catholique et la langue française en même temps. C'était un homme de valeurs à qui l'on doit un journal sérieux qui est encore publié et lu aujourd'hui.

Louis Riel

Le Québec n’est pas la seule province dans laquelle nous retrouvons des sentiments d’indépendance. L’histoire de Louis Riel a inspiré les Québécois et a renforcé leurs sentiments nationalistes contre le gouvernement fédéral. Ils voient une ressemblance entre leur situation et celle des Métis au Manitoba.
Bien qu'il ne soit autochtone qu'à un huitième, Louis Riel est un grand partisan des droits autochtones, et surtout des droits des Métis. En 1884, un petit groupe de Métis demande à Riel de présenter au gouvernement canadien leurs plaintes au sujet de leurs réclamations territoriales. Le gouvernement ignore constamment leurs demandes jusqu'à ce que Riel instaure un gouvernement provisoire. Ceci augmente la tension entre les Métis et les autorités fédérales. En mai 1885, les troupes gouvernementales affrontent les forces métisses pendant quatre jours lors de la bataille de Batoche. Le gouvernement en sort vainqueur, et Riel se rend deux semaines plus tard. Il fait face à des accusations de trahison.
Le 1er août 1885, un jury déclare Riel coupable, mais recommande la clémence. Le juge Hugh Richardson le condamne à mort. Le tribunal refuse l’appel de Riel et il est pendu à Régina le 16 novembre 1885. Sa mise à mort est fortement contestée au Québec, où les sympathisants du Canadien français sont très nombreux. Une assemblée mémorable a eu lieu à Montréal, au Champ de Mars, quelques jours après sa mort.

Le nationalisme économique

À la fin du XIXe siècle, la bourgeoisie francophone d'affaires appuie une ouverture au libéralisme économique qui se rapproche à celui des États-Unis. Au tournant du siècle, Errol Bouchette, journaliste et membre de la Société royale du Canada, est certain que l'économie québécoise doit se faire en français. L’oeuvre de Bouchette, L'indépendance économique du Canada français date de 1906. Soixante ans plus tard, Bernard Landry, candidat du Parti québécois aux élections de 1970, redira que l'indépendance culturelle passe par l'indépendance économique. Dans l'ensemble, il est incontestable que la force économique du Québec d'aujourd'hui est en partie responsable pour la sauvegarde de la culture et de la langue, en plus de cet esprit indépendantiste qui encourage le séparatisme.

Le grand mérite de ce nationalisme économique a été non pas de s'opposer à l'agiculture et à la colonisation des clercs, mais de montrer les avantages de l'industrialisation pour la nation canadienne-française. Le développement économique de la société jouera un grand rôle dans la politique québécoise pour des années à venir.

Lionel Groulx

Le besoin de se regrouper et de se solidifier sur le plan économique et social est démontré par le nombre de revues qui témoignent de la vigeur intellectuelle de la société pendant le deuxième quart du XXe siècle: L'Action française, L'Action nationale, Vivre et La Relève ne sont que quelques exemples qui confirment cette vigeur.
Henri Bourassa avait défendu un type de nationalisme canadien que les anglophones ne faisaient que tolérer, d'ailleurs, les droits des minorités francophones avaient diminués pendant cette période.
Un nouveau nationalisme va se développer après la Première Guerre mondiale qui va se concentrer sur le Québec. La culture, la langue et l'économie deviennent les sujets importants des journaux et revues de cette période.

Pendant les années 20 et 30, un prêtre remarquable va être au centre d'un changement de mentalité. L'abbé Lionel Groulx, historien et directeur de L'Action française, renforce certaines idées qui ne sont pas éteintes. Notre maître le passé, et La naissance d'une race sont des titres qui parlent d'eux-mêmes. Son esprit, son dynamisme et sa conviction qu'il existe une "nation canadienne-française" catholique le font rêver d'un État qui s'appellerait "la Laurentie". L'oeuvre du chanoine Groulx influencera toute une génération de penseurs. La base de sa doctrine est catholique, certainement, mais il voit aussi l'influence de l'élite et lui demande de guider le peuple. De tradition ultramontaine, le chanoine Groulx insiste sur l'autonomie provinciale - pour lui c'est un nationalisme spécifiquement québécois qu'il veut. Il utilise le passé pour imaginer l'avenir. Son rôle a été de hausser la conscience collective de la province de Québec à un statut de grandeur nationale.

Maurice Duplessis

Maurice Le Noblet Duplessis est né à Trois-Rivières, le 20 avril 1890. Il a fait ses études au Collège Notre-Dame de la Côte-des-Neiges, à Montréal, puis au Séminaire de Trois-Rivières. Il s'inscrit ensuite à la Faculté de droit de l'Université Laval de Montréal, devenue par la suite l'Université de Montréal, dont il sortira bachelier en droit (LL.B.). Le 14 septembre 1913, il est admis au Barreau. Très jeune, il prend part aux campagnes politiques. Le 17 août 1936, Maurice Duplessis, à la tête de l'Union nationale, renverse le Parti libéral dirigé par Adélard Godbout. Il est assermenté premier ministre le 26 août 1936.
Le 25 octobre 1939, l'Union nationale est défaite à l'élection générale par le Parti libéral dirigé par Adélard Godbout. Maurice Duplessis devient chef de l'opposition à la Législature.
Le 8 août 1944, il est de nouveau premier ministre, par suite de la victoire de l'Union nationale à l'élection générale. Il restera à la tête de la province jusqu'en 1959.
Il est mort en fonction le 7 septembre 1959, à Schefferville. Il était célibataire.

Le premier ministre Maurice Duplessis continue plus ou moins sur le même plan politique. Il est contre le pouvoir centralisateur fédéral, mais laisse les entreprises privées capitalistes s'occuper du développement de l'industrie du Québec. Il appuie l'agriculture comme élément fondamental de la société québécoise, en oubliant la réalité d'une société devenue industrielle et urbaine. Du point de vue social, il ne veut pas que la classe ouvrière ait une possibilité de dialogue avec les capitalistes qui les emploie. Bref, c'est un conservateur qui pense que le respect de l'ordre est ce qui fait de bons citoyens; il n'a pas vraiment aidé le Québec à progresser sur ce plan, mais évidemment, l'Église supportait ses idées.

Le Refus Global - 1948

Un groupe d’artistes - peintres, poètes et dramaturges - regroupés autour de Paul-Émile Borduas, publie un manifeste d’une quinzaine de pages qui s’oppose à l’ordre établi et aux idées qui ont dominé le Québec depuis un siècle. Pour certains Québécois, cela représente une action de changement au lieu d’un simple désir, ce qui rappelle un peu la rébellion du XIXe siècle. La volonté de liberté et d’expression dans la création de leurs oeuvres montre comment les artistes savent ce qui arrive à la société qui les produit. "Au Refus global, nous opposons la responsabilité entière. Un nouvel espoir collectif naîtra", ce qui représente une indépendance culturelle en opposition à la domination du pouvoir duplessiste et de ses arrangements avec l’Église. Ce mouvement du Refus global ne dure pas très longtemps, il n’y a simplement pas assez de Québécois qui le connaissent, et le gouvernement intervient, alors Paul-Émile Borduas s’exile et le groupe perd de sa cohésion.

Cité Libre - (1950-1966)

L'équipe de la revue Cité libre paraît moins radicale et plus organisée que celle du Refus global. La revue, contrairement au manifeste de Borduas et de ses contemporains, affirme sa soumission à l'Église, mais demande aussi le droit à la liberté individuelle. Elle insiste sur le respect de l'individu et donc sur une politique démocratique fondée sur une idée économique et sociale. Cité libre rejette un cléricalisme ancien et appuie l'idée que la justice et la prospérité peuvent exister dans une société urbanisée et industrialisée.

Sur le plan politique, les "citélibristes" sont fondamentalement des fédéralistes qui veulent que le Québec respecte son rôle dans la Confédération. Trudeau, Gérard Pelletier, (ministre des affaires étrangères), et même René Lévesque contribuent à cette revue à travers les années.

André Laurendeau et le néo-nationalisme

André Laurendeau, éditeur de l'Action nationale, puis du Devoir, voulait faire une société moderne, plus consciente de ses possibilités. Ce courant néo-nationaliste, né autour des économistes et historiens de l'Université de Montréal et de l'École des hautes études commerciales, et duquel se forme le parti du Bloc populaire, affirme l'identité nationale du peuple canadien-français, mais rejette le traditionalisme qui avait marqué le nationalisme précédent. Le Parti libéral reprendra la plupart de ces idées et bénéficiera d'une nouvelle idéologie qui lui donnera une plus grande popularité.

Liberté

Pendant qu'une nouvelle école de pensée naissait au Québec, on a fondé à Montréal la revue Liberté. Des écrivains, essayistes, romanciers et poètes demandent, dix ans après Refus global, une liberté surtout culturelle; ils veulent s'exprimer dans leur langue avec fierté. C'est cette sécurité culturelle qui va permettre à la société québécoise d'accéder à la sécurité économique, puis politique. Ce sont les poètes et les chansonniers qui vont parler, écrire et chanter à propos de cette identité québécoise qui n'est pas encore bien définie:

"Je suis d'un pays qui est comme une tache sous le pôle, comme un fait divers, comme un film sans images. (...) Sache au moins qu'un jour, j'ai voulu donner un nom à mon pays, pour le meilleur ou pour le pire; que j'ai voulu me reconnaître en lui, non pas faux jeux de miroirs, mais par exigeante volonté." Jean-Guy Pilon, 1961

La Révolution tranquille

Le grand changement des années 60 est surtout une extension des idées établies par certains individus et groupes intellectuels. Les idées circulent plus librement dans une société qui se diversifie. On remplace les structures traditionnelles qui se désintègres par un nouveau système de valeurs. Les libéraux sont au pouvoir avec Jean Lesage. Ils prennent ces valeurs et les réalisent en actions politiques, sociales et culturelles.

Comme le néo-nationalisme avant lui, un néo-libéralisme se développe, qui rassemble les éléments nationalistes de la politique québécoise avec une planification économique plus rigoureuse. Pendant quelques années, le Québec suivra cette vision de l'équipe de Jean Lesage. Son successeur au pouvoir, Daniel Johnson, prolongera cette révolution.

1967: "Vive le Québec libre!"

C'est l'année de l'Exposition universelle, (Expo '67), et le général Charles de Gaulle, chef de l'état Français, est en visite officielle. Son célèbre discours du balcon de l'hôtel de ville à Montréal, "Vive le Québec libre!", révèle l'état d'esprit des Québécois en 1967. Dans la société québécoise, cette déclaration provoquera un mélange de surprise et d'enthousiasme. Le général avait mis le Québec sur la carte du monde. Le premier ministre Johnson s'était déjà fait traité de séparatiste, et l'épisode du général de Gaulle a certainement augmenté cette ardeur indépendantiste.

Les mouvenents indépendantistes et le FLQ

À partir de 1957, un certain mouvement indépendantiste commence à se former petit à petit. Ce mouvement s'accélère à partir de 1960; plusieurs partis politiques se forment. Éventuellement, le Parti québécois résultera d'une combinaison de ces partis et mouvements différents.

Le Parti québécois (PQ) préconise la souveraineté du Québec. Un membre du PQ est appelé un(e) péquiste, et il y aurait aujourd'hui plus de 140 000 membres.

Le Parti québécois a été créé par la fusion du Mouvement Souveraineté-Association (MSA) de René Levesque et du Ralliement national (RN) de Gilles Grégoire.
L'objectif premier du Parti québécois était d'obtenir l'indépendance politique, économique et sociale, qui était perçue à la fois comme cadre et comme moyen du développement du Québec. Le Parti québécois a participé pour la première fois aux élections générales le 29 avril 1970, où sept députés sont élus, mais pas son chef, René Lévesque. Le Parti québécois remporte les élections provinciales du 15 novembre 1976 avec 41.4 % des voix et l'élection de 71 députés; René Lévesque est élu dans le comté de Taillon et devient premier ministre. L'engagement est pris de soumettre, par voie référendaire, l'option souverainiste.

Le premier gouvernement de PQ était surnommé la République des professeurs à cause du nombre élevé de ses membres qui étaient professeurs au niveau universitaire. Le PQ est un des premiers gouvernements du Canada à reconnaître le droit à l'autonomie gouvernementale aux Premières Nations.

Entre-temps, pendant que les libéraux, puis l'Union nationale, donnaient une politique qui traitait la culture, l'éducation et l'économie provinciale basée sur les ressources naturelles du Québec, une petite fraction de jeunes gens trouvaient que l'indépendance n'arrivait pas assez vite. Le Front de libération du Québec (FLQ) décide alors de passer aux actes. La violence commence en 1963 et trouve son apogée et son dénouement en 1970.

C'est la technique de la guérilla urbaine qui fait éclater des bombes dans des endroits symboliques de l'oppression du peuple québécois, (boîtes aux lettres de Westmount, une des villes majoritairement anglophones de Montréal, la bourse de Montréal, etc.); on attaque les banques pour trouver de l'argent, on vole des armes dans les dépots de l'armée canadienne, on écrit des manifestes flamboyants pour expliquer ses idées.

Le FLQ fonctionne en petites cellules de dix personnes environ, qui n'ont pas vraiment de communication avec les autres cellules. Les groupes individuels ne se ressemblent pas: il y a des marxistes-léninistes, des maoïstes, etc., mais il y a quand même une position socialiste et anti-cléricale chez tous.- En octobre 1970, le FLQ enlève deux personnalités: un diplomate britannique, James Cross, et le ministre du travail, Pierre Laporte. Le premier ministre Robert Bourassa demande l'aide du gouvernement fédéral, qui déclare "la loi des mesures de guerre". Le corps de Pierre Laporte est trouvé dans le coffre d'une auto, et les Québécois sont stupéfiés par sa mort. James Cross est relâché, les felquistes ayant obtenu un sauf-conduit pour Cuba.

Les commissions d'enquête prouveront plus tard que ce mouvement terroriste était le fait d'un petit groupe, peut-être une trentaine de personnes.

Il y aura une conséquence inattendue pour le Parti québécois: ses critiques le comparent à ces "terroristes assoifés de sang", et il lui faudra six ans d'impopularité avant d'accéder au pouvoir.

Le référendum - 1980

À cause de sa promesse d'examiner la question de la souveraineté, le Parti québécois propose un référendum populaire. Ce référendum sera précédé d'un débat à l'Assemblée nationale qui restera un des grands moments parlementaires de l'histoire du Québec. Le débat dure trois semaines et permet à la population de juger les souverainistes et les fédéralistes. Il semblait que les souverainistes, qui abordaient la question avec calme et logique, avait le momentum. Par contre, les fédéralistes paraissaient plus sur la défensive et leurs discours n'avaient pas l'allure positive et claire des souverainistes.

Mais c'était le mois de mars; le référendum était prévu pour le 20 mai: cet éloignement dans le temps sera un des points faibles de la stratégie du gouvernement québécois. Ces deux mois ont été utilisés par le gouvernement fédéral pour discréditer l'opinion souverainiste. Tous les dangers d'un «oui» étaient au premier plan, ce qui inquiétait la population québécoise. Il y avait une certaine angoisse avec la séparation de la mère-patrie symbolique.

L'autre point faible de la stratégie du Parti québécois était la question même. Elle était longue et un peu compliquée - était-elle assez claire aux citoyens qui ne pouvaient répondre qu'avec un «oui» ou un «non»?

La question référendaire de 1980

«Le gouvernement du Québec a fait connaître sa proposition d'en arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente fondée sur le principe de l'égalité des peuples ; cette entente permettrait au Québec d'acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d'établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté et, en même temps, de maintenir avec le Canada une association économique comportant l'utilisation de la même monnaie ; aucun changement de statut politique résultant de ces négociations ne sera réalisé sans l'accord de la population lors d'un autre référendum ; en conséquence, accordez-vous au gouvernement du Québec le mandat de négocier l'entente proposée entre le Québec et le Canada ?»

La société québécoise a refusé la souveraineté avec une majorité de 59%. Le vote des francophones était partagé, (50%-50%), mais les anglophones de Montréal ont contrebalancé cette égalité avec 79% de «non». Déclaration de René Lévesque : « Si je vous comprends bien, ce que vous êtes en train de me dire, c'est : à la prochaine fois ! »

Le rapatriement de la constitution

Le 2 octobre 1980: Pierre Trudeau annonce son intention de rapatrier la Constitution du Canada avec ou sans le consentement des provinces, d’adopter une formule d’amendement et inclure une Charte canadienne des droits et libertés qui aurait préséance sur toute loi fédérale ou provinciale, ce qui donne lieu à une tempête de protestations. L'un des objectifs avoués de cette charte (aussi appelée la "clause Canada") est de neutraliser certains articles de la loi 101, cette mesure qui vise à protéger le français au Québec. Trudeau obtient l’appui de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick seulement, les autres provinces défient l’initiative de Trudeau devant les tribunaux.

Le 28 septembre 1981: La Cour suprême se prononce en faveur de la procédure engagée par Trudeau. La Cour estime toutefois qu'il est du devoir d'Ottawa d'essayer de rallier les provinces. Trudeau convoque une dernière ronde de négociations pour le 2 novembre.

Le 3 novembre 1981: René Lévesque travaille avec les sept autres provinces anglophones à la rédaction d’un nouveau compromis qui permettrait au gouvernement fédéral d’obtenir seulement une partie de la Charte qu’il réclamait. On surnomme le groupe de premier ministres “la Bande des Huit”.

Nuit du 4 au 5 novembre 1981: La « Nuit des longs couteaux »

Après d’intenses négociations et une rencontre nocturne des représentants-clés, le gouvernement fédéral et les neuf provinces anglophones en viennent à un consensus. Le gouvernement fédéral et les provinces, (sauf le Québec), s’entendent alors pour insérer dans la Constitution des dispositions diminuant les pouvoirs du Québec en matière de langue et d’éducation. En plus, Trudeau refuse de donner au Québec un droit de veto ou une compensation fiscale. Avec le concept de multiculturalisme de la charte, le Québec ne devient qu'une culture canadienne parmi tant d'autres, plus question de statut spécial de peuple fondateur.

Le gouvernement fédéral vote en faveur du rapatriement de la Constitution canadienne, et le 17 avril 1982, sans le consentement du Québec, le Canada, en présence de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni, proclame officiellement la nouvelle Constitution, dont seule la version anglaise a cours légal, (à ce jour, une version française n'a toujours pas été adoptée). Toute loi provinciale est maintenant assujettie à la nouvelle Constitution. Toute loi provinciale contraire à la nouvelle Constitution ou à la Charte des droits et libertés canadienne peut être renversée, ce qui constitue une perte de pouvoirs réels comparativement aux pouvoirs garantis par l'ancienne Constitution de 1867. D'autres demandes du Québec, tels les pouvoirs exclusifs en matière d'immigration, de communication, des programmes sociaux et des fonds fédéraux pour les soutenir, sont entièrement ignorées.

Les vingt-cinq dernières années mouvementées

En 1984, la Cour suprême déclare anticonstitutionnelle l'obligation des parents d'inscrire leurs enfants à l'école française, (loi 101).

En octobre 1985, Pierre-Marc Johnson succède à René Lévesque et devient brièvement premier ministre du Québec. Mais il y a une élection en décembre et les péquistes sont défaits après neuf ans de gouvernement. Les libéraux de Robert Bourassa, (avec leur slogan « la force de l'expérience »), prennent le pouvoir.

En 1986, le gouvernement québécois énonce cinq conditions fondamentales pour que le Québec appose sa signature à la Constitution canadienne :

1.Reconnaissance du Québec comme société distincte;
2.Droit de veto sur tout changement à la Constitution;
3.Garanties concernant la nomination de juges québécois à la Cour suprême du Canada (un tiers des juges doivent être québécois);
4.Garanties aux provinces refusant de participer à des programmes fédéraux de recevoir des compensations financières;
5.Prise en charge complète par le Québec de l'immigration sur son territoire.

À la fin de l'année, la Cour d'appel déclare anticonstitutionnel l'article 58 de la loi 101 qui fait du français la seule langue autorisée dans l'affichage commercial.

L'accord du lac Meech

En 1987, les premiers ministres provinciaux et Brian Mulroney convoqués au lac Meech arrivent à une entente de principe sur les cinq conditions du Québec et à l'adhésion du Québec à la Constitution canadienne, en vue d'« assurer la participation pleine et entière du Québec à l'évolution constitutionnelle du Canada ». Brian Mulroney ainsi que les premiers ministres de toutes les provinces engagent des négociations pour trouver un consensus respectant les cinq conditions du Québec : ces négociations auront pour résultat l'Accord du lac Meech.

Dans un article publié dans La Presse, Pierre Trudeau attaque l'Accord du lac Meech et l'accord est remis en question par plusieurs Canadiens anglais. Aussi, des groupes de femmes, les autochtones et d'autres personnalités protégées par la Constitution expriment leur sentiment de se sentir exclus du nouvel accord. Malgré ces problèmes, l'Accord du lac Meech est retravaillé après un marathon de vingt heures de négociations, et l'entente unanime donne au Québec ses cinq demandes traditionnelles. Le Parlement fédéral et tous les parlements provinciaux doivent, pour qu'il fasse force de loi, adopter cet accord avant le 23 juin 1990.

En mai 1990, Lucien Bouchard, ministre du cabinet fédéral, et d'autres députés québécois à la Chambre des communes, démissionnent. À cause de plusieurs interventions et refus provinciaux, ils déclarent ne pas pouvoir accepter une dilution des cinq conditions posées par le Québec pour réintégrer la Constitution canadienne.

Lucien Bouchard et les autres députés créent le Bloc québécois dont la raison d'être sera de s'installer au parlement fédéral pour y défendre les aspirations traditionnelles du Québec et de paver le chemin menant à la souveraineté. Ils élisent Lucien Bouchard comme chef de parti.

Le 23 juin 1990, c'est l'expiration du délai pour signer l'Accord du lac Meech : La Terre-Neuve et le Manitoba, parce qu'ils n'ont pas adopté cet accord, rendent l'Accord du lac Meech caduc.

L'accord de Charlottetown

En septembre 1990, l'Assemblée nationale adopte la Commission Bélanger-Campeau sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec. Six mois plus tard, cette commission donne son rapport; elle définit comme inacceptable la situation constitutionnelle et en vient à la conclusion que deux voies s'ouvrent au Québec: un fédéralisme fortement décentralisé ou la souveraineté. Puis, elle établit la viabilité économique et la faisabilité de cette souveraineté.

En 1992, après des mois de discussions et la création de plusieurs commissions d'étude fédérales, les gouvernements des neuf provinces anglophones, des deux Territoires canadiens ainsi que les représentants de quatre groupes autochtones, parviennent à concocter un projet d'accord constitutionnel - l'Accord de Charlottetown - dont l'acceptation par le gouvernement du Québec signifierait un important recul par rapport au consensus établi à la Commission Bélanger-Campeau. Le premier ministre du Québec, Robert Bourassa, juge même, à ce moment, que ce projet s'inscrit au registre du « fédéralisme dominateur », mais malgré ses sentiments initiaux, tous les premiers ministres provinciaux et Brian Mulroney acceptent l'Accord de Charlottetown.

Il y a alors un référendum canadien sur l'Accord de Charlottetown: Résultat: 56,68 % :NON; 43,32 % :OUI. Les Québécois rejettent l'accord parce qu'ils n'y voyaient rien qui puisse satisfaire leurs demandes. Les Canadiens disent NON notamment parce qu'ils trouvaient que l'Accord de Charlottetown accordait au Québec des concessions qu'ils jugeaient inacceptables en plus de proposer une vision de leur pays à laquelle ils ne peuvent consentir.

En octobre 1993, c'est l'élection du parti libéral du Canada, (avec Jean Chrétien à sa tête), et de 54 députés bloquistes; le Bloc québécois forme l'Opposition officielle et c'est une défaite presque totale pour le Parti conservateur de Kim Campbell, qui perd même son statut de parti officiel.

En septembre 1994 - élection provinciale du parti Québécois (44,75 %), avec 77 députés sur 125, sous la gouverne de Jacques Parizeau ; le Parti libéral récolte 47 sièges (44,40 %). Jacques Parizeau indique son intention de tenir un nouveau référendum sur la souveraineté dans les mois qui suivent afin de permettre au Québec de prendre en main sa propre destinée.

Le Référendum de 1995

- Le 12 juin 1995, comprenant que la souveraineté sans une association avec le reste du Canada et sans projet de société menait à l'échec, Lucien Bouchard amène Jacques Parizeau à faire signer une entente entre les chefs: Jacques Parizeau du Parti québécois, Lucien Bouchard du Bloc québécois et Mario Dumont de l'Action démocratique. Le contenu de cette « entente du 12 juin » est de proposer aux Québécois par voie d'un référendum la souveraineté du Québec associée à un partenariat politique et économique avec le reste du Canada.

- En octobre 1995, entre 40 000 et 100 000 Anglo-canadiens viennent manifester à Montréal pour inciter les Québécois à voter NON au référendum.

La question référendaire de 1995

«Acceptez-vous que le Québec devienne souverain, après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat économique et politique, dans le cadre du projet de loi sur l'avenir du Québec et de l'entente du 12 juin?»

Résultat : OUI : 49,4 %; NON : 50,6 %. Taux de participation : 93,2 % (plus haut taux de participation de toute l'histoire du Québec). Ces résultats des plus serrés démontrent que le projet souverainiste est plus vivant que jamais et que le problème canadien, lui, reste entier.

Lors de son discours le soir du référendum, Jacques Parizeau pointe du doigt l'argent et certains votes ethniques comme responsables de la défaite du OUI : tollé de protestation autour de ses commentaires: « C'est vrai qu'on a été battu, mais au fond, par quoi? Par l'argent et des votes ethniques! »

Après le référendum, Jacques Parizeau remet sa démission en tant que premier ministre et chef du Parti québécois. Il y a spéculation sur l'éventuelle candidature de Lucien Bouchard à la tête du Parti québécois et du gouvernement du Québec, et, le 29 janvier 1996, Lucien Bouchard est assermenté comme premier ministre du Québec.

Le 15 mars 1997, Gilles Duceppe est élu nouveau chef du Bloc québécois.(fédéral)

Le 2 juin 1997: Réélection des libéraux de Jean Chrétien .
Le Parti réformiste, sous la direction de Preston Manning, forme l’opposition officielle.

Il existe alors une régionalisation des partis:
le Parti libéral en Ontario, le Reform dans l’ouest, le Bloc Québécois dans les circonscriptions francophones du Québec, le Parti conservateur dans les Maritimes et le Nouveau Parti Démocratique s’imposant en partie dans les Maritimes et au Manitoba.

La politique récente

Actuellement, le Parti Québécois (provincial) et le Bloc Québécois (fédéral) gardent toujours la souveraineté à l’esprit.

Un extrait des valeurs et histoire du site du Parti Québécois:

« Le Québec est une nation.
Le Parti Québécois a toujours milité pour sa souveraineté afin qu’il devienne, enfin, un jour, indépendant. »

Et un extrait de l'introduction du site du Bloc Québécois:

« De concert avec l’ensemble du mouvement souverainiste québécois, le Bloc Québécois estime que nous avons tout à gagner en misant sur nous-mêmes et en œuvrant à la pleine liberté du peuple québécois.
Nous avons nos forces et le projet de souveraineté du Québec est un projet réaliste, actuel, concret et ouvert sur le monde. »

Au début de 2001, Lucien Bouchard annonce sa démission et c’est Bernard Landry qui devient premier ministre en mars. Le Parti Québécois continue son héritage et M. Landry affirme ses intentions souverainistes.
Quand il est premier ministre, une de ses ambitions est de tenir un autre référendum car il maintient que le Québec est une nation indépendante.

Le 14 avril, 2003, le Parti Québécois perd l’élection au Parti libéral , qui, avec Jean Charest, gagne 76 des 125 sièges de l’Assemblée nationale. Le PQ de Bernard Landry gagne 45 sièges et l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont ne gagne que 4 sièges. Charest devient le 29ième premier ministre de la province.

En février de 2004, le scandale des commandites éclate. Pendant près de six ans, des entreprises « amies » du Parti libéral du Canada ont encaissé plus de $100 millions d'un fonds servant à commanditer différents événements culturels et sportifs. Ce scandale affaiblit le soutien pour les libéraux fédéraux et rehausse la présence du Bloc québécois.
En ajoutant à cela une nouvelle vague indépendantiste parmi les Québécois, le Bloc, avec son slogan «Un parti propre pour le Québec», remporte le plus grand nombre de votes au Québec lors de l'élection et gagne 54 sièges fédéraux.
Le Parti libéral forme un gouvernement minoritaire avec 135 sièges, le Parti conservateur, 99 sièges et le Nouveau Parti Démocratique, 19 sièges.
Le 23 janvier 2006, c'est Stephen Harper qui remporte l'élection générale face au premier ministre sortant Paul Martin. Les conservateurs forment un gouvernement minoritaire avec 124 sièges, le Parti libéral, 103 sièges, le Bloc québécois avec 51 sièges et le Nouveau Parti Démocratique, 29 sièges, terminant plus de douze ans de gouvernement libéral. L’élection de 2008 réaffirme la direction du Parti conservateur avec 143 sièges.

En juin 2005, Bernard Landry démissionne de son poste après avoir obtenu l'adhésion de seulement 76,2 pour cent des délégués dans un vote de confiance au Congrès national du Parti Québécois. Il démissionne également de son poste de député de Verchères et quitte donc la politique.
Le Parti Québécois a désigné Louise Harel comme chef par intérim. La forte candidature de Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois, était attendue. Toutefois, malgré une importante pression, il y a renoncé pour plutôt disputer les prochaines élections fédérales à la tête du Bloc québécois.

L'élection à la direction du Parti Québécois de 2005 a lieu et c'est André Boisclair qui est élu chef du Parti Québécois le 15 novembre 2005. Il décroche la victoire avec 53,68% des votes devant Pauline Marois, sa plus proche rivale, qui a obtenu pour sa part 30,6% des voix.
Mais Jean Charest est réélu Premier ministre lors de l'élection québécoise de 2007. Toutefois, son gouvernement devient minoritaire. Avec l'élection de 2008, (pour confirmer sa direction lors de la crise économique), c'est une plus grande victoire pour Charest, avec 66 sièges, le PQ avec 51 sièges et c'est le désastre pour Mario Dumont et l'ADQ avec seulement 7 sièges.

Suite à la défaite électorale du Parti Québécois, des rumeurs circulent quant au remplacement d'André Boisclair à la tête du parti. Après la démission d'André Boisclair, la course à la direction du Parti Québécois commence, mais seule Pauline Marois y participe officiellement, puisque Gilles Duceppe, pourtant vu comme son éventuel successeur, se retire, après une journée. Le 26 juin 2007, Marois succède à Boisclair. Le 15 octobre 2007, André Boisclair annonce qu'il quitte la vie politique.

En 2008, c’est l'élection générale québécoise de 2008, gagnée par Jean Charest. Cette élection a permis de confier une majorité de députés au Parti libéral, qui était devenu minoritaire depuis la dernière élection. Après cinq ans et demi au pouvoir, le gouvernement Charest a donc vu son mandat renouvelé, avec 66 députés. Le Parti Québécois forme l'Opposition officielle, avec 51 députés, et l'Action démocratique recule, à 7 députés.

L'élection fédérale canadienne de 2011 a eu lieu le 2 mai. L'élection faisait suite à la dissolution précipitée de la Chambre des communes du Canada par le Gouverneur général après l'adoption d'une motion de défiance à l'encontre du gouvernement minoritaire conservateur dirigé par le premier ministre Stephen Harper, avec l'appui des trois partis d'opposition : le Parti libéral du Canada, le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois.
L'élection a vu le Parti conservateur de Stephen Harper remporter une majorité avec 166 sièges, lui permettant de former un gouvernement majoritaire, et l'importante ascension du Nouveau Parti démocratique de Jack Layton, formant l'Opposition officielle pour la première fois de son histoire avec 103 sièges.

Cependant, moins de quatre mois après cette victoire, Jack Layton meurt le 22 août 2011 des suites d'un cancer, à l'âge de 61 ans. Thomas Mulcair le remplace en mars 2012.
L'élection a également été caractérisée par la défaite du Parti libéral du Canada avec Michael Ignatieff qui ne gagne que 34 sièges et l'effondrement du Bloc québécois, qui gagne seulement 4 sièges. C’est aussi la première élection d'une députée verte, Elizabeth May, avec 1 siège.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, perd dans sa propre circonscription et annonce sa démission le soir même de l'élection. Il est remplacé par Daniel Paillé en décembre 2011.

Une nouvelle direction ?

L'élection générale québécoise de 2012 a eu lieu le 4 septembre. Après trois mandats, le gouvernement libéral est affaibli par un taux d'insatisfaction record de plus de 70 % depuis plusieurs mois. Pour remporter un quatrième mandat consécutif - ce qui égalerait la performance de Maurice Duplessis entre 1944 et 1959, Jean Charest doit regagner la confiance de l'électorat francophone.
Le Québec élit un gouvernement minoritaire du Parti québécois avec 54 sièges et Pauline Marois devient la première femme première ministre du Québec. La soirée électorale est assombrie par un attentat au Métropolis de Montréal, où se réunissent les partisans du Parti québécois pour célébrer la victoire. Un tireur canadien fait feu sur deux personnes. Une victime succombe à ses blessures. Le discours de Pauline Marois est abruptement interrompu.
Le 5 septembre 2012, au lendemain de l'élection, Jean Charest, défait dans sa propre conscription, annonce sa démission comme chef du Parti libéral du Québec. Jean-Marc Fournier devient chef interim du Parti libéral le 19 septembre 2012.
Une élection à la direction du Bloc québécois s'est tenue à la suite de la démission de l'ancien chef Daniel Paillé, le 16 décembre 2013, en raison de sa santé. Le 14 juin 2014, Mario Beaulieu est élu chef du Bloc québécois avec 53,5 % des votes.

Affirmant que 20 ans après le référendum de 1995, le temps est venu « de réfléchir de nouveau à notre avenir », le Parti québécois propose de « réaliser la souveraineté du Québec à la suite d’une consultation de la population par référendum, tenu au moment qu’il jugera approprié ». Le PQ s'engage aussi à défendre le respect des compétences constitutionnelles du Québec et à exiger de nouveaux pouvoirs dans les domaines du développement économique, de l’éducation, de la culture, de la santé et des services sociaux, de la justice, de l’environnement, de l’immigration, de l’identité et du français.
Pauline Marois veut convaincre les électeurs de lui donner une majorité à l'Assemblée nationale 18 mois après avoir obtenu un premier mandat minoritaire de la population, mais pour plusieurs Québécois, l'accident ferroviaire de Lac-Mégantic a marqué un tournant dans la perception de son gouvernement dans l'opinion publique québécoise.

Il y a une élection générale québécoise qui se tient le 7 avril 2014 ; elle mène à la défaite du Parti québécois au profit du Parti libéral du Québec, permettant à Philippe Couillard de devenir Premier Ministre du Québec. Le soir même des élections, Pauline Marois démissionne en tant que chef du Parti québécois.
Philippe Couillard s'oppose fermement au changement du statut politique du Québec, affirmant que l'élection d'un gouvernement majoritaire du Parti québécois « c'était l’assurance d’un référendum sur la séparation du Québec ». Lors de son élection à la direction du PLQ, M. Couillard a proposé que le Québec signe la constitution canadienne de 1982 à temps pour célébrer le 150e anniversaire de la création du Canada, en 2017, soulignant qu'il ne pouvait concevoir « que l'on puisse s'investir en politique québécoise et choisir le Canada sans le désir de voir le Québec réintégrer un jour la famille canadienne ».
L’avenir du Québec est donc toujours incertain. Quoi qu’on en pense, la question de la souveraineté québécoise est toujours importante non seulement pour le Québec, mais pour le reste du pays. C’est aux politiciens de la discuter, et ce sera au peuple québécois de décider leur destin.

Fin du cours

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