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Le Dix-Septième siècle

Le siècle du classicisme et de l'absolutisme

Le Classicisme: une doctrine littéraire et artistique fondée sur le respect de la tradition classique.

L'Absolutisme: un régime politique dans lequel tous les pouvoirs sont sous l'autorité du seul chef de l'État, c'est à dire, le Roi.

Sous le règne de Henri IV, aidé de son ministre Sully, la France retrouve l'ordre et la prospérité. Sully s'occupe de remettre le pays sur ses pieds, il crée des manufactures, il restaure l'agriculture et les finances du pays sont en ordre.
En 1608, Samuel de Champlain fonde la Nouvelle-France à Québec au nom du roi Henri IV.

1610: Henri IV meurt assassiné par Ravaillac (le valet du roi, et la rumeur indique que c'est probablement sous les ordres de sa femme, la reine Marie de Médicis, ce qui reste fort discutable). Son fils Louis XIII a 9 ans; sa mère Marie de Médicis est régente.
Aucun roi de France n'a été autant regretté que le roi Henri IV. Il a probablement été le plus charmant, le plus spirituel et le plus français des anciens rois. Ses nombreuses conquêtes amoureuses lui ont valu le surnom de "Le Vert Galant".
On a souvent parlé de sa gentillesse souriante, sa douceur et sa politesse parfaite. Les gentilshommes appréciaient sa familiarité joviale pleine de bonne humeur et de camaraderie, son enthousiasme et sa gaieté. En même temps il savait jouer le rôle de grand seigneur et il portait la couronne de France avec dignité.

1624: Quand Louis XIII devient majeur à 16 ans, Richelieu est présenté au jeune roi il s'impose à lui et devient cardinal. Le roi nomme le Cardinal Richelieu Chef du Conseil des Affaires. (le Premier ministre)
Richelieu est très intelligent, très énergique, parfois très sévère. Il a une grande ambition: faire de la France une nation unie, prospère et puissante.
Richelieu ouvre la voie vers l'absolutisme, un régime qui va marquer la monarchie française pour les 150 ans à venir.
De plus, Richelieu est un vrai mécène et un grand amateur d'art et de littérature. En 1635, il fonde l'Académie française qui, de nos jours, est encore l'institution littéraire la plus prestigieuse du monde.
Académie française: se compose de 40 membres chargés de préserver la langue française. Ces membres sont des littéraires éminents que l'on appelle aussi "les Immortels". On ne peut être admis à l'Académie qu'après la mort d'un de ses membres. 346 ans après sa fondation, la première femme a été admise: l'écrivain Marguerite Yourcenar, en 1981.

1636: La France participe à la "guerre de Trente Ans" (1618-1648) . C'est un conflit politique et religieux en Allemagne entre les princes allemands protestants et l'autorité de l'empereur catholique.
Richelieu intervient directement en déclarant la guerre à l'Espagne, alliée aux protestants. Après avoir subi une série de défaites, la France rétablit sa situation et cette guerre se termine en 1648 au bénéfice de la France; elle reprend confiance en elle-même.

1642: Mort du Cardinal Richelieu. Sur son lit de mort, il désigne son successeur: le cardinal Mazarin. C'était un ami du cardinal Richelieu; il devient le ministre tout puissant de la France.

À la mort de Richelieu, la France est puissante et prospère.
Richelieu a réorganisé l'armée et la marine et il a favorisé une action diplomatique active. Il a été impitoyable avec les protestants et il a soumis le clergé catholique et la noblesse à sa stricte obéissance.
Il a développé les colonies françaises au Canada, aux Antilles et en Afrique.
Il a appuyé un édit contre les duels; l'interdiction des duels sous peine de mort. Entre 1591 et 1609, 4 000 gentilshommes avaient perdu la vie dans ces rencontres. En effet, on se battait à l'arme blanche, c'est-à-dire, au sabre ou à l'épée sous le prétexte parfois le plus grave ou parfois le plus frivole. Il s'agissait de luttes sauvages, menées sans scrupule, sans merci, sans loyauté, jusqu'à la mort d'un des combattants!
Suivant l'avis de Richelieu, le roi Louis XIII ordonne la destruction des châteaux-forts et des fortifications à l'intérieur du royaume. Seules les forteresses utiles à la défense des frontières sont épargnées. Le roi et Richelieu savaient que s'attaquer aux châteaux forts, c'était s'attaquer, non seulement l'indépendance des nobles, mais leur prestige, leur amour-propre ancestral.
C'était, après l' interdiction des duels, une seconde et plus grave humiliation.
Richelieu a donc réduit l'influence de l'aristocratie au point qu'il était facile pour la couronne de France de changer les nobles les plus fiers du royaume en serviteurs obéissants.

1643: Mort de Louis XIII. Son fils Louis XIV n'a pas encore 5 ans. Sa mère, Anne d'Autriche, s'occupe de la régence, mais c'est Mazarin, le Premier Ministre, qui la maintient.
Louis XIII laisse une France puissante et en pleine prospérité pour son successeur Louis XIV.

1648: Le cardinal Mazarin donnait l'impression d'être un homme faible à plusieurs membres de l'aristocratie. Il était temps de renverser le pouvoir royal. Les "importants", c'est-à-dire les membres des grandes familles du royaume, décident donc d'essayer de reprendre leur influence du passé. Pendant son "règne", Mazarin doit faire face à une révolte ou ce qu'on appelle la Fronde en 2 phases:
1. une fronde des nobles (appelée aussi fronde des princes): les seigneurs avec leur chef, le prince de Condé qui s'opposent à Mazarin et au pouvoir royal.
2. une fronde du Parlement (appelée aussi fronde parlementaire) avec les bourgeois qui s'opposent aux nouvelles taxes: l'impopularité du cardinal et ses exigences financières.
En 1650, Anne d'Autriche, la régente, fait arrêter Condé. La Fronde est finalement un échec. La royauté et Mazarin sortent fortifiés de cette période troublée mais Louis XIV n'oubliera jamais que les nobles l'ont obligé à se réfugier dans un château en dehors de Paris pendant la Fronde.

1654: Couronnement de Louis XIV dans la cathédrale de Reims.
Par ordonnance royale, on installe des boîtes aux lettres à Paris et le courrier est récolté puis trié dans un bureau central; ensuite, il est distribué aux adresses respectives. La Poste "moderne" est née.

1659: Traité de paix des Pyrénées avec l'Espagne. Dans ce traité on accepte le mariage de Louis XIV avec sa cousine, Marie-Thérèse, fille de Philippe IV, roi d'Espagne, mais il y a une clause qui stipule que la future épouse ainsi que son mari doivent renoncer à tout droit sur la couronne d'Espagne.

1661: Mort de Mazarin à 59 ans. Il a été le vrai maître de Louis XIV. Contrairement à Richelieu, il n'abusait pas de son pouvoir; c'était un excellent diplomate.
Il laisse une énorme fortune. Ses biens étaient estimés entre 40 et 50 millions de livres, ce qui représente à l'époque une fortune colossale. Louis XIV, le roi, va prendre une grande partie des objets précieux et des tableaux accumulés par Mazarin, ainsi qu'une somme de plusieurs millions en argent liquide, ce qui va renouveler le trésor royal.

Le règne triomphant de Louis XIV

À la mort de Mazarin, en 1661, Louis XIV veut gouverner lui-même. "Louis le Grand", "le roi Soleil" (il avait le soleil comme emblème), "le Roi très chrétien" a une haute idée de la royauté; il se considère maître absolu. Il hérite une France en paix et jouissant d'un prestige international. Le roi décide de régner sans premier ministre. C'est lui seul qui décide; il n'a employé que 17 ministres en 64 ans de règne!

1667: Lors de son mariage avec Marie-Thérèse, et la renonciation française aux droits de la couronne d'Espagne, Louis XIV avait demandé une fabuleuse dot d'un demi-million de thalers-or (monnaie allemande), en échange avec cette renonciation. Mais, comme l'avait prévu Mazarin, l'Espagne n'était pas en mesure de payer l'énorme somme.
Louis XIV va donc s'attaquer aux territoires espagnols dans les Flandres belges. Cette guerre, appelée "la guerre de Dévolution" est plutôt comme une promenade pour les 50 mille soldats français, en face desquels les Espagnols ne sont pas même 10 mille.
Louis XIV retire de cette victoire un prestige considérable.

1672: Fort de sa victoire en Flandre, Louis XIV déclare la guerre à la Hollande. Ses troupes envahissent le pays mais elles sont arrêtées par l'inondation volontaire du pays par les habitants.

1678: La Paix de Nimègue est signée entre les Flandres, la Hollande et la France. La France possède alors le territoire qui, aujourd'hui, est la Belgique. L'Espagne sort diminuée de la guerre; Louis XIV sera maître de l'Europe pendant 10 ans, il est à l'apogée de son règne.
Le jeune roi mortellement offensé par le luxe qu'il avait vu en 1661, au château de Vaux-le-Vicomte (château qui appartenait à Fouquet, son ancien ministre des finances), ne songe plus qu'à édifier un palais à Versailles pour y planter le décor de la monarchie absolue.

1682: Louis XIV s'installe à Versailles avec la cour qui comprend plus ou moins 4 000 courtisans.
Le château est encore en chantier mais c'est maintenant sa résidence officielle. Il a édifié en 50 ans ce magnifique palais. Il a dirigé personnellement une armée d'artistes et d'architectes qui commandaient 36 000 ouvriers et 6 000 chevaux.
Le transfert de la cour de Paris à Versailles renforce l'absolutisme du monarque, en le séparant du contrôle de l'opinion publique.
À Versailles, il loge, surveille, humilie et ruine la grande noblesse féodale dont la décentralisation avait depuis toujours été la principale menace pour la monarchie. Louis XIV les tient tous à la laisse; c'est maintenant une noblesse domestiquée.

1683: Mort de Colbert, le collaborateur précieux du roi en matière de finances et de commerce
Colbert a essayé par tous les moyens de renflouer le trésor royal qui était régulièrement diminué par les coûts fabuleux du château de Versailles et les guerres continuelles que Louis XIV déclarait contre les autres pays européens.
Le roi voulait acquérir de plus en plus de territoires et surtout des frontières naturelles dont la France profite aujourd'hui.
Colbert a établi des manufactures d'état qui honorent le pays: tapisseries des Gobelins, monnaies et médailles, tabac, imprimerie etc.

1685: Révocation de l'Édit de Nantes par Louis XIV. (cet Édit avait été signé par Henri IV en 1598 ).
Après la révocation, les persécutions contre les protestants augmentent. De nombreux protestants fuient le pays.
Le point de vue moral mis à part, cette obsession du roi contre les protestants est la plus grave erreur politique: elle prive la France, avec tous les victimes et les exilés, d'au moins 200 000 de ses citoyens qui dirigeaient une importante partie de l'économie nationale. De plus, elle provoque la haine de toute l'Europe protestante et les exilés se joignent aux armées adverses contre la France.

1688: Voyant le caractère anti-protestant de Louis XIV, les états protestants d'Europe: l'Angleterre, l'Allemagne, la Hollande et la Suède forment avec l'Espagne la Ligue d'Augsbourg (c'est une alliance entre eux) qui s'oppose à la politique de Louis XIV.
Début de la "Guerre de la Ligue d'Augsbourg" qui va durer 9 ans et qui ruine le commerce et les finances.
Au cours de cette guerre, les troupes françaises démontrent leur supériorité en face d'une multitude d'ennemis.
Cependant l'ennemi véritable de Louis XIV se trouvait à l'intérieur du pays; c'étaient les problèmes financiers.
A cause des difficultés grandissantes d'approvisionnement des armées, le sort de la guerre commence à pencher en faveur de l'ennemi après des batailles sanglantes.

1697: La paix de Ryswick est enfin signée. Louis XIV doit se retirer des territoires conquis et se retirer derrière ses frontières.
Le peuple français profite enfin de la paix mais cette guerre avait terriblement coûté, en argent et en vies humaines.
A la fin du siècle, l'état du royaume est désastreux. Les guerres et l'exode des industriels et des ouvriers protestants désorganisent l'activité économique.

Quelques aspects de la vie quotidienne au XVIIe siècle

Sous Louis XIII:

Louis XIII réside au Louvre et s'occupe de recevoir les visiteurs qui assurent la vie publique et le prestige officiel du roi. Cependant il fait ce métier de représentation sans plaisir, préférant les plaisirs de la chasse au cérémonies.

Il néglige donc la cour et laisse à sa jeune épouse (Anne d'Autriche) la responsabilité des bals et des réceptions.
Peu à peu va se développer une activité mondaine à laquelle le roi ne participe pas. Cette activité va se répartir entre le palais royal et les salons parisiens. Les nobles qui apprécient des rencontres élégantes et des conversations galantes, vont former des cercles ou des "salons". L'Hôtel de Rambouillet est le siège du plus brillant salon au XVIIe siècle. La marquise de Rambouillet reçoit en effet de grands seigneurs et des gens de lettres qui cultivent les belles manières, les distractions littéraires et les conversations spirituelles.

De ces rencontres va naître un phénomène social: la Préciosité.
C'est une réaction contre les grossièretés de la vie de cour qui prévalaient depuis Henri IV, non seulement dans le langage mais aussi dans la conduite quotidienne.
La préciosité s'oppose aux vulgarités avec des paroles affectées, des politesses recherchées.- Le but de ces réunions était de former "l'honnête homme", c.à d. poli, cultivé, distingué, qui pouvait parler de sujets intéressants et se comporter avec naturel en respectant les règles d'étiquette.
L'amour est la principale occupation des précieux et des précieuses, mais il s'agit d'un amour platonique où les sens ne jouent pas de rôle.
Aux yeux des précieuses, l'amour est d'abord celui de l'homme pour la femme et non le contraire. Elles exigent de l'homme amoureux une soumission sans limites; elles renversent donc le modèle masculin dominant, c.à d. l'homme brutal et exigeant ou le mari grossier qui se croit tout permis.
On peut donc en conclure que la préciosité est la première expression du féminisme en France.
Malheureusement, la préoccupation de bien parler dégénère en affectations ridicules dans les manières, le langage et le style littéraire.
Molière en fait la satire dans sa pièce les Précieuses ridicules.

Quelques exemples de langage précieux:
les commodités de la conversation = les chaises (the conveniences of conversation)
l'affronteur des temps = le chapeau (the facing up to the weathers)
les miroirs de l'âme = les yeux (the mirrors of the soul)
la fidèle gardienne = la porte (the faithful guardian)
les chers souffrants = les pieds (the dear sufferers)
les trônes de la pudeur = les joues (the thrones of modesty)

Certaines expressions sont restées aujourd'hui comme:
perdre son sérieux (to laugh)
laisser mourir la conversation (to end a conversation)

Il faut cependant se rappeler qu'il n'y avait qu'un petit nombre de gens qui prenaient part à ces activités. A cette époque seulement 20% de la population est urbaine et la moitié de ces 20% représente la classe intellectuelle. La conversation joue un rôle éminent dans la vie sociale au XVIIe siècle et la distinction aristocratique est évidente dans le langage.

Sous Louis XIV:

Sous Louis XIV, la cour s'est transformée après la mort de Richelieu et de sa discipline.
Les intrigues et les rivalités amoureuses se multiplient. La vie sentimentale du roi lui-même est un scandale public et permanent; deux de ses favorites, ses maîtresses, ont les mêmes honneurs que sa femme, la reine.

La cour devient de plus en plus large: 10 000 hommes dans la maison militaire et 4 000 dans la maison civile, ce qui rassemble toute la haute noblesse.
Les activités de la cour sont une fête perpétuelle: bals, mascarades, opéras, comédies, ballets, feux d'artifice et chasses se succèdent sans interruption. Le roi participe à toutes ces distractions et le luxe est incroyable; les modes changent tout le temps et les dépenses publiques et privées sont effrayantes.

Cependant, la noblesse de cour est ruinée par le luxe, le jeu, le besoin de se montrer. Tous ces nobles ne peuvent pas se passer des pensions (sommes données régulièrement à chacun par le roi) et des faveurs du roi et dépendent entièrement de sa bonne volonté. C'est ce que le Roi-Soleil voulait à tout prix.

Les conditions de vie sont très chères et ceci permet à Louis XIV de maintenir la haute noblesse dans une sorte d'esclavage doré et c'est la passion du jeu qui en est responsable. Le jeu tient une grande place dans les soirées avec le résultat que des fortunes se gagnent et se perdent.

Cependant le fait social le plus important du règne de Louis XIV est certainement l'ascension de la bourgeoisie. Le roi sépare la noblesse du pouvoir réel pour s'entourer de bourgeois intelligents et actifs, et il assure lui-même la richesse et le dévouement de ces bourgeois...

La haute bourgeoisie et la noblesse de robe (noblesse due à une autorisation du roi et non pas au titre de naissance) font construire de magnifiques hôtels (grandes demeures privées) à Paris et mènent un train de vie luxueux.

A l'exception de ces quelques centaines d'immeubles magnifiques de construction plus récente, les parisiens vivent entassés dans 20 000 immeubles peu confortables avec des rues étroites et sales. Les riches commerçants parisiens, les chefs d'industrie, protégés par la politique d'expansion économique de Colbert, constituent une classe privilégiée, essentielle à la vie du pays. Grâce à Colbert, un grand mouvement de construction commence à transformer l'apparence de la capitale. Parmi d'autres projets, il y a la colonnade du Louvre, le dôme des Invalides et la porte Saint-Denis. Cependant, la ville compte encore d'innombrables taudis et il existe 11 "cours des miracles" (endroit où se réunissaient les vagabonds et les mendiants). Le jour, les aveugles, les infirmes et les estropiés allaient mendier dans les rues: le soir, ils se retrouvaient dans ces cours et se débarrassaient de toutes leurs infirmités simulées: un miracle quotidien, d'où ces endroits tiraient leur nom.

Malgré les efforts de Colbert pour améliorer les communications, les grandes routes et les voies navigables restent médiocres. Dans les grandes villes comme Paris, la circulation est difficile car les rues sont étroites et tortueuses; les routes de campagne sont raboteuses, il n'y a pas de signalisation et les auberges sont rares. Les voitures se sont cependant perfectionnées; en ville, les carrosses, réservés aux grands seigneurs, les fiacres à deux places, qu'on loue aux usagers, les chaises à porteurs et les calèches, de grandes voitures découvertes très peu confortables en temps de pluie. Pour les voyages à longues distances, il existe des coches, qui sont des carrosses lourds et solides, mais lents et peu confortables. (Il fallait 14 jours pour aller de Paris à Bordeaux: 557 km!) Tout voyage est donc une aventure avec des rencontres de brigands, des auberges mal famées et des compagnons de voyage indésirables.

Depuis la mort de Colbert (en 1683), la distribution de l'impôt est épouvantable. Ce ne sont que les paysans qui payent, (ce qui est très injuste), et cela paralyse l'esprit d'amélioration.

La production industrielle s'effondre, la misère s'installe et c'est le désordre financier.
De plus, les mauvaises récoltes et les épidémies provoquent de terribles famines en fin du siècle. La population diminue et le nombre de mendiants s'élève à 2 millions sur plus ou moins 20 millions d'habitants. En effet, la France est, à cette époque, le pays le plus peuplé d'Europe. Le mécontentement grandit, les émeutes se répandent et particulièrement les jacqueries (révoltes de paysans) qui sont le plus souvent réprimées avec violence.

L'éducation des nobles et des bourgeois: de nombreux collèges étaient ouverts à Paris et en province, pour leur éducation.
En effet, leur situation de famille leur permettait de dépasser l'école élémentaire, qui était en général assez faible.
Enfin il est utile de noter que l'éducation des femmes n'a pas été tout à fait négligée. Les précieuses donnent la preuve de leur instruction qui était dispensée par des "maîtres" privés.

A partir de 1681, Paris est abandonné pour Versailles. La cour est moins galante mais reste tout aussi brillante. La haute noblesse, détruite par le roi, est obligatoirement présente et se dispute l'honneur d'être admise au lever, à la promenade, au souper et au coucher du roi. Ce culte royale, dont chaque détail a été défini par un règlement précis et compliqué est suivi rigoureusement chaque jour.

Par ailleurs, la noblesse de province, qui ne touche pas de pension et ne bénéficie d'aucun avantage, se ruine et disparaît progressivement.

Les quatre grands ordres de la société au XVIIe siècle

1. Le roi et la cour. La cour comprend 4 000 courtisans. Les repas du roi: le service de "la bouche du roi" comprenait 500 personnes avec lesquelles il mangeait régulièrement. Ils reçoivent tous des pensions du roi et ne paient pas d'impôts.

2. Le clergé. Deux ecclésiastiques, membres du clergé, résident en permanence à Versailles pour veiller aux intérêts de l'Église.
Le clergé ne paie pas d'impôts mais il verse au roi une somme fixe: le "Don gratuit". C'est une très petite somme par rapport aux revenus de l'Église.
Le clergé est le plus grand propriétaire des terres du royaume. Il obtient les revenus de ses terres, plus "la dîme" imposée aux paysans, c.à d. 1/10e de leurs revenus.
Il y a 2 ordres dans le clergé:
a. Haut clergé: archevêques, évêques, abbés. Ils sont choisis par le roi parmi les nobles. La plupart vivent à la cour.
b. Bas clergé: curés, vicaires. Ils se recrutent parmi les paysans et les ouvriers. Ils vivent dans une extrême pauvreté parce qu'ils ne peuvent garder qu'une très petite partie de la dîme.

3. La noblesse. Ce sont , pour la plupart, les descendants des seigneurs du Moyen Âge. Ils ne paient pas d'impôts. Ils obtiennent des "droits seigneuriaux" des paysans de leurs domaines. Ils ont accès à la cour et aux postes militaires, diplomatiques et ecclésiastiques.

4. Le Tiers État: Tous les autres Français que l'on appelle roturiers. Il y a 3 ordres dans le Tiers État:
a. La bourgeoisie: marchands, banquiers, industriels. Administration et justice: surintendants, juges, avocats. A ces derniers, le roi peut donner un titre de noblesse que l'on appelle "noblesse de robe". Ils sont détestés par la noblesse d'épée (héréditaire) mais ils ont du pouvoir puisqu'ils ont des richesses. Ils dirigent les affaires économiques, la justice et le gouvernement.
b. Les ouvriers: ils sont divisés en 2 ordres: les maîtres et les compagnons. Ils se trouvent très au-dessous de la bourgeoisie.
c. Les paysans; ils sont environ 16 millions parmi 20 millions de français!
Il y a 3 ordres:
1. les laboureurs; ils sont propriétaires de leurs terres.
2. les fermiers: ils travaillent la terre pour un seigneur.
3. les ouvriers agricoles: ils vont travailler de ferme en ferme.
Les paysans paient de nombreuses taxes: au roi, au curé et au seigneur quand ils sont fermiers. En général, les paysans vivent misérablement; sans hygiène et sans éducation. La moitié d'entre eux meurent avant l'âge de 20 ans. Quand ils se révoltent, on les tue sans pitié.

La vie religieuse

Quatre faits importants:

1. Le libertinage. En face des esprits religieux: les libertins. Les libertins ou libres-penseurs étaient des gens qui s'écartaient de la religion. Ce courant de libre-pensée prolonge l'humanisme païen de la Renaissance. On distingue:
a) Le libertinage mondain: incrédulité souvent agressive envers la foi et la morale religieuse.
b) Le libertinage philosophique: incrédulité avec plus de modération et de prudence. Dans leurs écrits, ils ne vont pas au bout de leur pensée mais ils sont sceptiques.

2. Le jansénisme. Jansen, l'évêque d'Ypres (Belgique), publie un livre intitulé Augustinus, inspiré de Saint-Augustin. Il écrit que l'homme est incapable de trouver le salut par ses propres moyens et qu'il lui faut la grâce de Dieu. Chacun doit mener une vie d'extrême rigueur et d'austérité en vue d'obtenir cette grâce divine.
Le jansénisme est accueilli et pratiqué à l'abbaye de Port-Royal et parmi la haute bourgeoisie. C'est une réaction contre les moeur(s) relâchées de la cour et de la noblesse.
Les Jésuites avec leur morale mondaine y voient une sorte de protestantisme et une menace dans le jansénisme car eux-mêmes voudraient pénétrer dans les milieux bourgeois. En effet, comme le réformé (protestant), le janséniste a voulu dégager la religion d'un désordre confus.
Les jésuites attaquent donc les jansénistes dans les journaux de l'époque. L'écrivain philosophe Blaise Pascal prend leur défense en écrivant les Provinciales (série de lettres).
Louis XIV et Mazarin persécutent sans cesse les jansénistes parce qu'ils croient avec les jésuites que ce sont des protestants, ils ordonnent la destruction de leur abbaye (à la fin du règne de Louis XIV).
Mazarin fait brûler publiquement les Provinciales et fait disperser les disciples de ce mouvement.
Louis XIV fait du catholicisme la seule religion admise en France.

3. La persécution des protestants continue après la révocation de l'Édit de Nantes. Les infamies les plus atroces sont commises au cours de cette opération de conversion par la force.

4. Le gallicanisme. Louis XIV s'oppose à l'influence du pape sur le clergé français. Gallicanisme = l'indépendance de l'Église de France. Le pape refuse de reconnaître les prélats nommés par le roi. Le roi va essayer de garder l'appui du pape contre les protestants.

Les Académies

Richelieu a créé l'Académie française; il existe maintenant un dictionnaire et une grammaire officielle pour préserver la pureté de la langue.
Mazarin a créé l'Académie de peinture et de sculpture.
Colbert a créé l'Académie des Sciences, l'Académie de musique et l'Académie d'architecture.
Chaque académie contrôle donc les arts et les sciences.

Aujourd'hui, elles existent toujours (il y en a cinq) sous le nom:
1. Académie française: la langue française
2. Académie des beaux-arts: peinture, sculpture, architecture
3. Académie des inscriptions et belles-lettres: histoire, archéologie, philologie
4. Académie des sciences: géométrie,astronomie, géographie, chimie, médecine etc.
5. Académie des sciences morales et politiques: philosophie, sociologie, juridiction

Les sciences au XVIIe siècle

Les mathématiques

Les sciences mathématiques agrandissent et triomphent au XVIIe siècle.
Fermat fonde l'arithmétique moderne, renouvelle l'algèbre et établit la théorie des nombres. On trouve le calcul des probabilités dans la correspondance de Fermat avec Pascal.
Désargues étudie la géométrie pure et l'explique en une langue simple.

La physique

Grâce aux progrès des mathématiques, la physique fait aussi de grands pas en avant.
Descartes, Pascal et autres physiciens enrichissent constamment leurs études par le raisonnement et la recherche expérimentale.

La médecine

L'homme du XVIIe siècle: René Descartes

Descartes avance la théorie qui assimile l'homme à une machine. Il fait beaucoup de dissections dont il conclut que le corps est comme un ensemble mécanique.
Descartes est philosophe (le cartésianisme), mathématicien, physicien et physiologiste. On peut difficilement détacher sa vie et son oeuvre de l'histoire de la science au XVIIe siècle. Il est aussi considéré comme le père de la philosophie française.
Il a simplifié l'écriture mathématique et a fondé la géométrie analytique.
Son apport scientifique est fondé sur l'emploi d'une méthode et sur une métaphysique nouvelle. Sa méthode lui permet de séparer la science des confusions de la scolastique, grâce à une logique de l'idée claire et distincte fondée sur la déduction. Il en déduit l'existence même de celui qui pense: "Cogito ergo sum" (Je pense donc je suis). (Discours de la Méthode (1647).)
Son rationalisme marquera la culture française durant trois siècles. Il a donné une affirmation vers l'ordre et la logique.

Le génie du XVIIe siècle: Blaise Pascal

Pascal était un grand religieux, mais en même temps il était savant, mathématicien et physicien. C'est lui qui a conçu une machine arithmétique, appelée la Pascaline, et, sur un plan encore plus pratique, a créé un service de carrosses à 5 routes pour le transport en commun du peuple de Paris. C'est la naissance du transport urbain.
Comme Descartes, il définit une méthode de recherche générale qui écarte les opinions de l'ancienne physique.
En 1658, il organise les éléments d'une théorie mathématique qui sera le point de départ du calcul intégral moderne.
Il fréquente la société intellectuelle de l'époque et il se rapproche des jansénistes qu'il défendra.

Les arts au XVIIe siècle

Au XVIIe siècle, il y a deux tendances:

Le style baroque, importé d'Italie, style chargé par la profusion d'ornements. Le style baroque a toujours eu un sens défavorable en français; parce qu'il signifie surcharge, exagération et manque de goût. C'est cependant un courant puissant qui se répand en Europe au début du XVIIe siècle. Il a beaucoup moins affecté les arts et les lettres en France que dans ses pays voisins.

Le style classique, un prolongement de la Renaissance et de l'Antiquité, style aux formes simples reflétant le calme et la sérénité. Ces deux styles sont donc à l'opposé l'un de l'autre.

L'Architecture

Du début jusqu'à la moitié du siècle, l'architecture interprète les modèles antiques et italiens. Puis, c'est le style baroque avec des excès d'ornements, des formes contournées. Dans la décoration intérieure, le goût du jour est pour la rocaille (ouvrage ornemental imitant les rochers et les pierres naturelles) et les guirlandes: le palais du Luxembourg à Paris est un exemple ainsi que les somptueux hôtels dans le quartier du Marais. Les architectes français les plus célèbres: François Mansart, Philibert Le Roy, Claude Perrault, Louis le Vau, tomberont dans la tentation baroque. Le Vau combinera le baroque avec la simplicité du classicisme dans son oeuvre: le château de Vaux-le-Vicomte (tellement envié de Louis XIV!) avec des jeux de volume et des effets ornementaux.
Dans l'architecture religieuse, la variété est la même: fronton à la manière antique et coupole de style dit "Jésuite". Chapelle de la Sorbonne, Église de Val-de-Grâce, Église St Paul-St Louis, plus tard aux Invalides, le dôme apparaît, affirmant le triomphe du baroque.
Sous l'influence des Jésuites, le service religieux est austère et solennel; les fidèles prennent place sur des chaises. Le sermon est prononcé avec éloquence et les fidèles assistent à une cérémonie religieuse comme à une représentation théâtrale dramatique. Il n'y a donc plus de vitraux colorés ni de sculptures narratives.
Le plan de l'église est en croix grecque (branches égales) et les hautes fenêtres sont à vitres blanches.
Ce style est appelé "style jésuite", c.à d., à l'extérieur: sévère et solennel. A l'intérieur: influence baroque surtout pour le choeur, l'autel et les orgues. On utilise le plus souvent le bois sculpté.

La sculpture

Parmi les arts plastiques, c'est la sculpture qui connaît le moins de fluctuations. Elle reste dans l'ordre classique en évitant l'influence italienne, sauf pour les bois sculptés qui décorent l'intérieur des églises. Les façades des églises vont se peupler de statues d'anges et d'apôtres.
Un des fondateurs de l'Académie de sculpture, Sarazin est le chef de file des sculpteurs du temps. C'est à lui que l'on doit les célèbres caryatides (statues féminines servant de support) ornant le pavillon de l'Horloge au Louvre.
C'est cependant les deux frères François et Michel Anguier qui sépareront du style de l'époque tout élément baroque: Mausolée de Henri II.
Trois autres grands noms qui sont remarqués grâce aux magnifiques statues du château de Versailles: Pierre Puget, François Girardon, Gilles Guérin.

La peinture

La peinture française a prospéré durant le XVIIe siècle. C'est dans la peinture que l'on retrouve la dualité qui oppose la tendance classique au style baroque. Les peintres les plus représentatifs de cette dualité sont: Jacques Callot, Georges de La Tour, Louis Le Nain et Charles Le Brun.

Jacques Callot (1592-1625): graveur et dessinateur. Il copie les maîtres italiens et les maniéristes anversois. (maniérisme: forme d'art qui se caractérise par des effets recherchés de raffinement ou d'emphase, par l'élongation élégante des corps, parfois par une tendance au fantastique.)

Georges de La Tour (1593-1652): peintre. Avant de devenir le maître du classicisme, on remarque la spiritualité qui éclaire déjà ses tableaux. C'est sans doute d'Italie qu'il a reçu la révélation de la lumière. Cette lumière qui, chez de La Tour, est l'émanation de l'âme même de ses personnages: ils émergent de la nuit à la manière de leurs torches.

Louis Le Nain (1593-1648): peintre. Il subit les deux tendances contradictoires de Callot et de La Tour. Ses scènes de paysans baignent dans une lumière étrangère, elle aussi, à celle des tableaux italiens. Ses derniers tableaux sont déjà de style classique.

Charles Le Brun (1619-1690): peintre. Il s'occupe presque exclusivement de la décoration à Versailles. Il peint Louis XIV en dieu de la mythologie ou en héros grec ou romain. Sur la fin de sa vie, le peintre se consacre à la vie du Christ.

Après le désordre du baroque, c'est le mouvement vers l'unité classique. Les peintres les plus représentatifs de ce mouvement sont: Nicolas Poussin, Philippe de Champaigne, Claude Lorrain et Pierre Mignard.

Nicolas Poussin (1594-1665): peintre. Alors qu'il est en Italie, ses premières oeuvres reflètent l'influence italienne. Mais il évolue vers un classicisme de plus en plus dépouillé. Ses derniers paysages témoignent d'un style large et puissant. Il aura une influence considérable sur la peinture classique du XVIIe et du XVIIIe siècles.

Philippe de Champaigne (1602-1674): peintre belge vivant à Paris. Ses splendides portraits sont d'un réalisme sobre et sévère et sa spiritualité est janséniste. C'est un des grands représentants du classicisme. À la demande de Richelieu, il réalise des commandes officielles; des portraits du roi et de Richelieu lui-même.

Claude Lorrain (1600-1682): peintre, dessinateur. Empruntant aux écoles flamandes comme aux écoles italiennes, il manie la lumière de façon féerique. Il est un des grands maîtres du paysage "historique". La lumière apporte la vie aux toiles de Lorrain; elle nous invite à y entrer. L'âme du peintre semble symbolisée par la forme féminine. Il y a également son désir d'évasion qui est le thème de tant de ses tableaux: embarquements, ports de mer etc.

Pierre Mignard (1612-1695): peintre, décorateur et dessinateur. Il exécute des portraits appréciés de l'aristocratie et de petits tableaux imités de Raphael (italien) que l'on a appelé des "mignardes". Il devient en 1658, peintre de la reine et produit de nombreuses oeuvres religieuses mais remporte surtout un grand succès comme portraitiste (Colbert, Bossuet). Brillant coloriste, il manifeste ses dons dans des compositions décoratives. Comme portraitiste, il n'hésitait pas à flatter ses modèles cherchant à en souligner l'élégance et la grâce.

Le Château de Versailles

Le château de Versailles, c'est la synthèse des arts plastiques sous Louis XIV.
Le château est le fruit d'une immense coopération d'artistes, dont le travail est strictement surveillé par le roi lui-même.
Il y a quelque chose de colossal dans cette oeuvre. Les architectes Le Vau, Mansart et Le Roy, font appel à tout leur art pour en faire quelque chose de majestueux et de "significatif": toutes les lignes de l'architecture et les corps de bâtiment convergent sur la demeure du roi comme une étoile.
Le jardinier paysagiste Le Nôtre dispose tout autour des allées, des parterres et des petits temples, des fontaines, des grottes et des bosquets.
Le peintre Le Brun fait venir des sculpteurs de toute la France: des centaines de statues reproduisent le visage du roi, celui-ci personnifie tour à tour Apollon, Jupiter ou Neptune, de la même manière que les déesses ont les traits de ses maîtresses.
A l'intérieur du palais aussi, il n'y a qu'un unique personnage: Louis XIV, le Roi-Soleil. Les fresques ont toutes pour thème des épisodes de sa gloire.
Ce palais de 500 mètres de long est un chef d'oeuvre d'architecture classique: l'ensemble produit un effet d'équilibre et de grandeur. Il offre l'ensemble le plus parfait de tous les arts plastiques de cette seconde partie du siècle.

La musique

Avant Louis XIII la musique était spécifiquement populaire, mais, sous son règne, elle devient l'affaire d'un petit groupe de gens de cour. Ces "airs de cour" qui sont des poèmes libertins chantés à une voix accompagnée d'un ou plusieurs instruments plaisent à un public frivole et raffiné. Mais ce public apprécie par-dessus tout les mises en scène luxueuses des ballets de cour (genre de revue à grand spectacle qui réclamaient parfois la participation du roi Louis XIV, qui était lui-même un danseur accompli et des grands seigneurs qui prenaient part aux danses).
L'opéra. La musique italienne s'infiltrait de plus en plus en France et bientôt c'est la grande première de l'opéra.

Un Italien va s'imposer à Paris:
Jean-Baptiste Lully. Mais au lieu d'imposer la musique de son pays, il va assimiler la musique française et il va s'en servir pour réaliser la tragédie lyrique.Lully a fait la musique pour plusieurs pièces de Molière mais il a abandonné ce genre, voulant garder le monopole de toutes les productions musicales.Lully dirigeait également les 24 violons du roi qui accompagnaient le grand couvert (le souper) tous les jours à 22 heures.
Encouragé par le roi, l'opéra, genre nouveau, a triomphé en France malgré l'opposition des gens de lettres comme Boileau et Bossuet.

La musique d'église. Trois compositeurs retiennent l'attention: Charpentier, Lalande, Couperin.

Marc-Antoine Charpentier. Il italianise la musique religieuse ancienne. Il compose plusieurs musiques de scène mais il est surtout connu pour sa musique religieuse. Son oeuvre à huit voix offre une très grande variété de ton.

Michel-Richard de Lalande. Il compose aussi bien de la musique profane que de la musique religieuse. Mais, comme Charpentier, il est surtout connu pour sa musique religieuse. Les grands choeurs accompagnés de l'orchestre, les effets dramatiques des voix et des instruments reflètent bien la majesté somptueuse des célébrations religieuses du Grand Siècle.

François Couperin. Il donne la mesure de sa valeur dans ses compositions pour orgue. Il rend à la musique d'église son sérieux et son intégrité religieuse après les influences de style concert ou de style opéra. Il revient aux thèmes grégoriens en y mêlant une sincère émotion et le sentiment religieux.

La Littérature

Le baroque en littérature se développe dans une société marquée par la violence des guerres de religion et les années turbulentes de la régence de Marie de Médicis (mère de Louis XIII). Il est caractérisé par une certaine liberté, de l'excentricité, des profusions de détails et un goût pour le mystérieux, le morbide et le macabre.

Le classicisme, d'un autre côté, est une réaction contre le baroque. Il fait appel à l'intelligence.
Le classicisme, avec sa raison, sa clarté de pensée et d'expression coïncide avec l'arrivée de l'absolutisme en France et atteint son apogée durant le règne du Roi-Soleil.
De 1620 à la moitié du siècle, la politesse et la discipline s'imposent peu à peu dans les moeurs et dans les oeuvres, mais l'intérêt de la gloire personnelle persiste.

Deux grands mouvements dans le classicisme qui vont établir les règles de la langue et de la poésie, du théâtre et de la philosophie:

1. Ordre et gloire
Malherbe, poète et grammairien: guidé par la Raison, la Réflexion.
Corneille, auteur dramatique: il impose la règle des 3 unités: action, lieu, temps. Tragédies sur le thème du devoir et de la vertu.
Pascal et Descartes, littérature religieuse et morale, scientifique et philosophique.

2. Maturité et équilibre
Molière
, auteur de comédies: peintre des moeurs et des caractères.
La Fontaine, morale familière.
Bossuet, homme de religion: moraliste, langue magnifique.
Racine, amour, passion.
Boileau, satiriste: langue précise, esprit fin.

Littérature religieuse et morale

René Descartes. Nous avons déjà parlé de l'homme scientifique et philosophe avant. En littérature religieuse, il démontre l'existence de Dieu par l'idée que nous avons de la perfection ou de l'infini. Cette idée ne peut, suivant Descartes, provenir que d'un Etre infini. De l'existence de Dieu découlent tous les autres principes moraux et métaphysiques. Rappelons son Discours de la méthode.

Blaise Pascal. Voir plus haut pour l'homme de sciences. Un accident dont il est victime, sa santé chancelante et surtout l'influence de sa soeur tournent son esprit vers la religion. Il avait déjà embrassé la doctrine de Jansénius. Il se retire à Port-Royal (abbaye qui devient le foyer du jansénisme), où il vit une vie très austère. Il écrit non seulement différents traités philosophiques mais aussi 18 admirables lettres (les Provinciales) dans lesquelles il prend parti pour les jansénistes contre les jésuites. Écrivain et penseur incomparable, il concentre dans l'unité de son génie les demandes de l'esprit scientifique et celles de la foi la plus ardente. A sa mort on a trouvé une liasse de billets que l'on a appelés les Pensées.

Littérature et théâtre

François de Malherbe. Poète, écrivain. Protégé de Henri IV et plus tard de Louis XIII. Poète, il tend vers une forme d'art vigoureuse, harmonieuse, correcte, mais un peu froide. Réformateur, il a exercé une influence considérable. En rendant l'oeuvre d'art plus simple, plus raisonnable, plus difficile, il a été le maître des grands écrivains classiques.

Pierre Corneille. Poète dramatique. Il est le père de la tragédie française; il se lance dans le théâtre avec la protection de Richelieu, et est le véritable créateur de l'art dramatique en France. Il établit la règle des 3 unités; c.à d. qu'une pièce de théâtre au XVIIe siècle devait respecter le temps, le lieu et l'action. La pièce devait donc se dérouler dans une durée de 24 heures; elle se passait dans un seul lieu et une seule action devait se développer et se résoudre. On interdisait toute violence et toute vulgarité. Il débute par des comédies de moeurs, fines et distinguées mais ses plus belles oeuvres sont des tragédies: Le Cid, Horace, Cinna, Polyeucte.

Jean-Baptiste Poquelin dit Molière. Auteur comique. Il débute fort jeune au théâtre et devient le chef d'une troupe nomade qui parcourt la province. Il rentre à Paris en 1658 et prend la direction du théâtre du Petit-Bourbon. Il est acteur, directeur de troupe, auteur lui-même, et il possède dans son art une souplesse inimitable, depuis la farce la plus bouffonne jusqu'à la comédie la plus élevée. Nul ne peut lui être comparé pour l'originalité, l'entente parfaite de la scène, la inspiration jaillissante, la force comique, la fraîcheur gauloise du style. Il est incontestablement le contemplateur et le peintre de la nature humaine. L'École des Femmes est la 1ère de ses grandes comédies: vérité profondément humaine et gravité des problèmes moraux. Cette pièce a un immense succès et le roi lui accorde 1000 livres de pension. Auteur de: Les Précieuses ridicules, Tartuffe, Le Misanthrope, Les Femmes savantes, Le Malade imaginaire, et beaucoup d'autres pièces.

Jean de La Fontaine. Poète. Nonchalant, il a eu la chance de trouver tout au long de sa vie des protecteurs dévoués. Sa gloire poétique est fondée un peu sur ses Contes mais surtout sur ses Fables. Les Contes ignorent souvent la morale, mais sont pleins de finesse élégante et d'inspiration spirituelle. Les Fables ont un charme irrésistible et sont devenues le livre universel de tous les âges et de toutes les conditions. La Fontaine sait peindre aussi bien les petites gens - artisans et paysans - que les gens de cour et les bourgeois. Dans les Fables, les animaux ainsi que la nature prennent un caractère humain et dialoguent selon leur psychologie.

Jacques-Bénigne Bossuet. Prêtre devenu évêque de Meaux en 1681; orateur sacré, il compose et prononce de célèbres Oraisons funèbres. Dans une langue magnifique et inspirée, il sait tirer de la vie "les grandes et terribles leçons" que Dieu donne aux rois et aux hommes. Ses Sermons (Sermon sur la mort) sont les monuments les plus sublimes de l'éloquence de la chaire. Choisi comme précepteur du Dauphin (fils du roi, héritier du trône), il a écrit pour lui le Discours sur l'histoire universelle. Il est moraliste avant tout et est conscient des responsabilités qui lui appartiennent: il veut la chasteté des moeurs et la charité en considération des pauvres. Malgré son admiration pour le roi, il ne manque pas lors d'un sermon de lui rappeler ses devoirs envers ceux qui ont faim.

François de la Rochefoucauld. Il participe à un complot contre Richelieu. Il prend part à la Fronde; il est grièvement blessé et se retire dans ses terres. Ses Maximes montrent l'homme profondément égoïste dans toutes ses actions. Finesse de l'analyse - qualité de l'expression - choix judicieux des mots.

Jean Racine. Poète dramatique; il écrit en des alexandrins (vers de 12 pieds ou syllabes) qui sont les vers classiques par excellence. Élève à Port-Royal (janséniste), il devient un helléniste (spécialiste des études grecques) consommé. Il échappe pour un temps à l'influence morale des jansénistes et s'oriente vers la vie mondaine et le théâtre. C'est alors la période des grands chefs-d'oeuvre. Les tragédies de Racine représentent l'idéal classique. Phèdre en particulier est un chef d'oeuvre unique et sans précédent pour sa composition et son style. Il est reconnu comme le premier auteur dramatique de son temps. Il entre à l'Académie française et reçoit du roi une pension généreuse; il est anobli et devient un familier de la cour. Son génie incontestable, son succès éclatant et son mauvais caractère lui ont valu de nombreux ennemis. Ils vont monter une cabale (ensemble d'intrigues dirigée contre lui et sa pièce) contre Phèdre. L'échec de la pièce ne dure qu'un mois mais l'hypersensible Racine s'en offusque et renonce au théâtre. Il y reviendra 12 ans plus tard, pour composer deux tragédies sacrées: Esther et Athalie. Avec ses tragédies, on pénètre dans un univers où l'harmonie sereine et la poésie des vers servent de toile de fond à la cruauté, la colère, la jalousie, la folie et le crime. Il était l'ami de Boileau, de La Fontaine et, pour un court temps, de Molière. Parmi ses oeuvres: Andromaque, Britannicus, Bérénice, Iphigénie.

Madame de Sévigné. Écrivain. Veuve à 26 ans, elle se consacre à l'éducation de ses enfants et paraît avec distinction à la cour. Quand sa fille, tendrement aimée, se marie et doit quitter Paris, elle lui écrit les admirables Lettres qui forment le fond de sa Correspondance. Ces lettres sont le plus vivant reportage sur la vie de l'époque; même les faits divers, intimes parfois, sont commentés dans une conversation vive et spontanée.

Madame de la Fayette. Femme de lettres, amie de Madame de Sévigné. C'est un écrivain sobre et délicat. Elle était fille d'honneur de la reine et en relation avec le monde littéraire. Tout en menant une vie active, elle s'occupe de ses fils et même de missions diplomatiques. Auteur de la Princesse de Clèves, chef d'oeuvre du roman d'analyse.

Mademoiselle de Scudéry. Écrivain. Elle a été une des gloires de la société précieuse. En dépit de sa sentimentalité précieuse, c'était une femme auteur distinguée et instruite. Ses oeuvres, où elle peint la société précieuse de son temps, marquent une date dans l'histoire du roman.

Nicolas Boileau. Poète et critique. Il est reçu à l'Académie française en 1684. Il a passé une bonne partie de sa vie dans sa célèbre maison d'Auteuil, qu'il tenait de la libéralité de Louis XIV. Il était l'ami dévoué de Corneille, de Molière, de Racine et de La Fontaine. Poète un peu froid mais précis, spirituel et raffiné. Il emploie le meilleur de son esprit fin à enseigner aux écrivains la nécessité du travail, tout ce qui s'éloigne de la nature et de la raison. Auteur d'Épîtres et de Satires.

Jean de La Bruyère. Écrivain moraliste. Il a passé sa vie auprès du petit-fils du grand Condé, dont il a été le précepteur. Il mène une vie calme et solitaire et observe les hommes de son temps. Il lui paraît nécessaire de faire l'examen critique de la société dans son oeuvre, les Caractères. On y trouve des allusions à l'injuste inégalité des rangs, des plaintes sur l'insolence et le bonheur immérité des grands, des paroles d'indignation éloquentes sur la misère du peuple, mais il n'est nullement un révolutionnaire: c'est un honnête homme un peu mécontent.

Fénelon. Prêtre, archevêque de Cambrai. Il est précepteur du petit-fils de Louis XIV. Il transforme complètement, et peut-être à l'excès, le caractère violent de son élève, sur le règne duquel il formait de grandes espérances. Il avait composé pour lui des Fables, et son célèbre Télémaque, livre rempli d'allusions indirectes au gouvernement de Louis XIV, et dont la publication en 1699, le fait disgracier par le roi; il était opposé à l'absolutisme du Roi-Soleil. Il adopte la doctrine quiétiste (quiétisme: doctrine de certains mystiques, selon laquelle il faut s'effacer soi-même pour s'unir à Dieu et se tenir dans un état de contemplation passive. Elle est condamnée comme hérétique par le pape en 1699) mais à la suite d'une vive polémique avec Bossuet. il est condamné en cour de Rome et se soumet. Auteur du Traité sur l'éducation des filles, Fénelon est un précepteur habile et un éducateur né, plein de douceur et de fermeté.

Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon. Mémorialiste, grand prosateur. Il se consacre à de nombreux écrits, mais ce sont ses Mémoires qui expliquent si bien la société de son temps. Ses écrits évoquent la fin du règne de Louis XIV en une succession de tableaux et de portraits d'un grand relief. C'est ce qui a fait de lui un des plus grands prosateurs français.

La querelle des Anciens et des Modernes

C'est une polémique littéraire et artistique sur les mérites comparés des écrivains et artistes de l'Antiquité et de ceux du siècle de Louis XIV. Boileau, Racine, La Fontaine et La Bruyère prennent la défense des Anciens contre les écrivains Modernes, ce qui annonce le débat entre classiques et romantiques au XVIIIe siècle.

Fin du cours

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